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Maintenant que Mark Carney a succédé à Justin Trudeau comme nouveau chef du Parti libéral du Canada opposé et qu’il est en voie de le remplacer à la tête du pays, les appels se multiplient dans l’opposition pour qu’il dévoile ses avoirs financiers.
Lundi, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a formulé plusieurs suggestions bienveillantes
à l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, dont celle de fournir les détails nécessaires pour écarter tout doute sur de possibles conflits d’intérêts.
Trois jours plus tôt, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, avait promis de modifier la Loi sur les conflits d’intérêts s’il devient premier ministre à l’issue des prochaines élections fédérales.
Il dit vouloir obliger tous les candidats à la chefferie d’un parti à divulguer leurs avoirs financiers au commissaire à l’éthique dans les 30 jours
suivant le dépôt de leur candidature et de les rendre publics dans les 60 jours
.
Une fois n’est pas coutume, M. Blanchet s’est dit lundi d’accord avec les conservateurs
sur ce point.
M. Carney doit divulguer ses intérêts
, a déclaré le chef bloquiste aux journalistes à Ottawa. Je ne vois aucune façon pour quelqu’un qui va occuper de facto le siège de premier ministre du Canada […] de ne pas révéler ses intérêts personnels et possibles conflits d’intérêts.
On connaît la proximité historique de M. Carney avec le milieu de la haute finance internationale; ça serait simplement sain de faire une complète divulgation volontaire et immédiate.
Une fiducie sans droit de regard
Dans une courte déclaration, l’équipe de Mark Carney a affirmé lundi que celui-ci a maintenant cédé tous ses actifs, autres que ses biens immobiliers personnels, à une fiducie sans droit de regard. Le document de fiducie sans droit de regard signé a été envoyé au commissaire à l’éthique lorsque les résultats ont été annoncés hier soir [dimanche].
Selon l’équipe du nouveau chef libéral, cette démarche va bien au-delà de ce que la loi exige
.
La loi donne au nouveau premier ministre quatre mois à compter de sa prestation de serment pour mettre en place une fiducie sans droit de regard
, souligne l’équipe de Mark Carney.
Par ailleurs, il est précisé dans la déclaration que le premier ministre désigné Carney a également cédé à la fiducie sans droit de regard un certain nombre d’actifs que la loi n’exige pas
.
Durant la campagne à la chefferie, M. Carney avait dit qu’il allait se soumettre à toutes les règles relatives aux conflits d’intérêts et aux règles d’éthique […] dès [qu’il serait] élu chef du Parti libéral
.
Je les respecterai avec plaisir
, avait-il ajouté. C’est un processus simple
, selon lui.
Quelques jours plus tard, son équipe a affirmé que le Bureau du commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique avait contacté M. Carney à l’avance pour s’assurer que toutes les mesures appropriées pourraient être prises immédiatement
et que les actifs seraient immédiatement placés dans un fonds fiduciaire sans droit de regard
.
Lors de son point de presse lundi, M. Blanchet a aussi appelé M. Carney à déclencher des élections dès qu’il sera assermenté comme premier ministre, le plus rapidement possible
. Selon lui, c’est la seule façon d’avoir la légitimité […] pour un premier ministre non élu, mais en fonction
.
À la question de savoir si le Bloc québécois est prêt pour les élections, sachant que la formation est en baisse dans les intentions de vote, selon les sondages, M. Blanchet a répondu par l’affirmative.
Si M. Carney déclenche une élection dans la minute qui vient, nous sommes prêts
, a-t-il assuré, rappelant que la situation est très, très, très volatile
.
Carney et l’élite financière
M. Poilievre s’est lui aussi exprimé au lendemain de l’élection de Mark Carney comme nouveau chef libéral, répétant les accusations portées contre son adversaire depuis que ce dernier s’est lancé dans la course à la chefferie du PLC.
Mark Carney met ses intérêts d’abord. Il faut un gouvernement conservateur qui va mettre le Canada d’abord.
Il a également accusé l’économiste d’être issu de l’élite financière qui s’enrichit sur le dos de la classe ouvrière
.
M. Poilievre a aussi réitéré ses critiques envers M. Carney pour des gestes posés lorsque le nouveau chef libéral présidait encore l’entreprise de gestion d’actifs Brookfield Asset Management (BAM).
Les conservateurs accusent M. Carney d’avoir, dans une lettre, encouragé les actionnaires à voter en faveur du déménagement de la compagnie de Toronto vers New York.
La lettre a été signée quelques semaines après la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et quelques jours après que ce dernier eut menacé une première fois d’imposer des tarifs de 25 % sur les produits canadiens. Mais la décision de relocaliser le siège social de BAM était déjà prise, puisque le déménagement avait eu lieu dès la fin d’octobre, soit avant l’élection de M. Trump.
En réponse aux accusations des conservateurs, le bureau de M. Carney a affirmé que Brookfield Asset Management demeure l’un des plus grands investisseurs au Canada
.
L’entreprise est toujours cotée à la Bourse de Toronto et sa société mère, Brookfield Corp., conserve son siège social à Toronto. Les changements rapportés sont de nature technique
, indique encore son équipe, sans préciser si des emplois ont été perdus au Canada à la suite de cette décision.
Dans un communiqué publié en octobre 2024, l’entreprise affirmait que cette décision n’entraînerait aucun changement dans les opérations, les plans stratégiques ou le traitement fiscal des dividendes.
Brookfield Asset Management est une société canadienne de gestion d’actifs spécialisée dans les infrastructures, l’immobilier, les énergies renouvelables et le capital-investissement. Sur son site web, l’entreprise indique disposer de plus de 1000 milliards de dollars d’actifs sous gestion
.
Source: Radio Canada