Assahafa.com
Les appuis au Nouveau Parti démocratique (NPD) sont à leur plus bas depuis juin 2020, une tendance qui calque l’opinion publique à l’égard de son chef, Jagmeet Singh. Tandis que des élections fédérales sont pressenties dès le couronnement d’un chef libéral en mars, le NPD se trouve à un point critique.
C’est du moins ce qu’indique l’agrégateur de sondages de CBC, qui place le NPD à un creux presque historique, tout juste sous la barre des 16 % des intentions de vote.
Depuis la démission de Justin Trudeau, en janvier, les appuis au NPD ont dégringolé, alors que ceux au libéraux ont quant à eux rebondi.
Le fondateur de la firme de sondages Abacus, David Coletto, croit que les électeurs néodémocrates ont retourné leur veste au profit des conservateurs.
Je pense que Pierre Poilievre et les conservateurs se sont efforcés de les accueillir au sein du parti, et je pense que cela a fonctionné jusqu’à présent
, a dit M. Coletto, en entrevue à CBC.
L’analyste croit par ailleurs que le lancement de Mark Carney dans la course à la chefferie du parti Libéral pourrait avoir entrainé quelques électeurs néodémocrates dans son sillage, sans oublier l’incidence des menaces tarifaires telle une épée de Damoclès que fait peser le président des États-Unis.
Les Canadiens ont tendance à se rallier aux partis traditionnels – les libéraux et les conservateurs – en temps de crise, indique M. Coletto.
Le NPD s’y serait donc retrouvé perdant, enlisé à la fin de janvier, par la prorogation du Parlement. Jagmeet Singh a demandé à plusieurs reprises au gouvernement Trudeau de rappeler le Parlement pour adopter rapidement des mesures d’aide aux travailleurs qui subiraient les contrecoups d’une guerre commerciale avec les États-Unis. En vain.
Il ne faut pas sous-estimer les campagnes, croit Singh
Malgré les sondages défavorables, Jagmeet Singh a bon espoir que les élections anticipées qui pourraient être déclenchées dès le 10 mars constitueront un moment charnière pour galvaniser les appuis au parti.
Nous avons vu cela avant toute course à la direction. Il y a un choc pour le parti, en particulier lorsque la course à la direction implique de déterminer qui sera le premier ministre. […] Mais il s’agira d’une élection importante, et les campagnes sont importantes
, a affirmé M. Singh mardi.
Or, la popularité du chef néodémocrate s’effrite. L’institut de sondages Angus Reed la classe au plus bas – surtout chez les hommes de plus de 35 ans – comparativement à Pierre Poilievre, Mark Carney et Chrystia Freeland, selon un sondage réalisé en ligne la semaine dernière auprès de 2000 Canadiens.
Un financement à la traîne
Les comptes du NPD ne se remplissent pas au même rythme que celle de ses compétiteurs libéraux et conservateurs. Le parti a amassé plus de 6,2 millions $ de financement en 2024, soit moins de la moitié que ce que les libéraux ont récolté. La somme totale amassée par ces deux partis est toutefois minime, en comparaison des fonds amassés par les conservateurs, évalués à 41,7 millions $.
C’est là un nouveau niveau de campagne politique que le NPD doit atteindre
, croit l’ancien conseiller de campagne du parti, Brad Lavigne. Le NPD ne peut se contenter de diffuser son message par le biais d’une poignée de listes d’adresses électroniques ou de médias traditionnels
, a-t-il laissé entendre.
Jeudi, le NPD a lancé sa première publicité de précampagne en anglais seulement : une trentaine de secondes présentant Jagmeet Singh portant des gants de boxe. On y indique que les Canadiens ont besoin de quelqu’un dans leur coin du ring, surtout lorsque les temps sont durs
.
Il y a de quoi rappeler la campagne publicitaire lancée par le parti en septembre 2019, où Jagmeet Singh faisait des arts martiaux mixtes.
Tout compte fait, certains syndicats aux quatre coins du pays estiment que le NPD doit revenir à ses racines et cibler la classe ouvrière canadienne. Rob Ashton, un dirigeant syndical de la Colombie-Britannique, estime d’ailleurs que le NPD s’est éloigné de ses racines au profit de messages ayant un large attrait politique.
Source: Radio Canada
