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La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a confirmé vendredi que la dernière session d’admissibilité au programme de bourses Perspective Québec sera avancée à l’hiver 2025 au lieu de l’automne 2025.
En entrevue à Midi info, vendredi, Mme Déry a notamment justifié sa décision par les effets inégaux
observés dans certains domaines d’études. C’est la raison pour laquelle je me dis : « Est-ce que je vais maintenir un programme qui ne nous donne pas les résultats escomptés? » Eh bien, la réponse est non
, a-t-elle déclaré.
Le programme a fonctionné
à plusieurs égards
, a ajouté la ministre. En TI [technologies de l’information] et en génie
, par exemple, les cohortes ont augmenté substantiellement
, mais en santé, en éducation et en services sociaux
, ça a été plus difficile
, a-t-elle expliqué.
Radio-Canada avait déjà, le printemps dernier, rapporté que les bourses ne produisaient pas l’effet espéré dans les cégeps et les universités. Mais avant de mettre fin au programme, la ministre souhaitait regarder les résultats de l’automne 2024
, a expliqué la principale intéressée, vendredi.
On ne laissera pas tomber les étudiants déjà inscrits dans un programme admissible aux bourses Perspective Québec : ils continueront à recevoir celles-ci jusqu’à la fin de leur parcours d’études, a assuré la ministre, qui a évoqué une clause grand-père
, vendredi.
Afin de soutenir les stages obligatoires dans certaines disciplines, le gouvernement prévoit par ailleurs réintégrer des programmes d’études en santé, en services sociaux, en éducation et en éducation à l’enfance dans le Programme de bourses de soutien à la persévérance et à la réussite des stagiaires, a-t-elle ajouté.
Lancées en 2021 et mises en place à l’automne 2022, les bourses Perspective Québec avaient pour objectif de favoriser l’attraction, la persévérance et la diplomation dans des professions aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre.
Les étudiants admissibles pouvaient recevoir 1500 $ par session au cégep et 2500 $ à l’université, en sus du programme d’Aide financière aux études (AFE).
Depuis sa création, le programme Perspective Québec a permis l’octroi de 257 976 bourses, pour un total de 538,2 millions de dollars, a fait savoir le cabinet de la ministre Déry par voie de communiqué, vendredi matin.
Ce dernier explique entre autres que le gouvernement souhaite maintenant miser sur d’autres solutions pour valoriser les professions dans les services publics
, en améliorant
, par exemple, les conditions de travail et les salaires
, comme cela a été le cas lors des négociations de l’hiver dernier avec les syndicats.
Une erreur monumentale
, selon QS
La CAQ commet une erreur monumentale en mettant fin sans nuances aux bourses Perspective
, a estimé vendredi le porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière d’Enseignement supérieur, Sol Zanetti.
En ce moment, les étudiants et les étudiantes du Québec font face à la plus grosse hausse de loyer de leur vie et doivent parfois cumuler deux emplois pour payer leurs factures
, a-t-il soutenu dans une déclaration transmise aux médias.
Toute mesure qui augmente l’endettement étudiant en pleine crise du coût de la vie est totalement déconnectée de la réalité. On n’a pas besoin de l’austérité caquiste pour empirer la situation.
Aux prises avec un déficit prévu de 11 milliards de dollars pour 2024-2025, le gouvernement – qui tient serrées les rênes du budget et qui déposera sous peu un plan pour renouer avec le déficit zéro en 2029-2030 – n’a pas précisé combien d’argent il entendait économiser en devançant la fin du programme de bourses Perspective Québec.
Par voie de communiqué, l’Union étudiante du Québec (UEQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ont toutefois évoqué une coupure de 250 millions de dollars annuels en aide financière, qui touchera près du quart de toute la population étudiante de l’enseignement supérieur, dont un grand nombre de stagiaires
.
La Fédération des cégeps, de son côté, dit avoir calculé que la suppression immédiate du programme de bourses Perspective Québec ne permettrait pas au gouvernement d’économiser plus que 100 millions de dollars sur cinq ans
.
La Presse canadienne, enfin, évalue qu’il reste toujours un peu plus d’un milliard de dollars dans l’enveloppe qui avait été prévue lors de l’annonce de ce programme, en novembre 2021.
Québec réduit ses cibles de rénovation des cégeps
La ministre Déry a par ailleurs profité de son entrevue à Midi info pour justifier son intention de revoir à la baisse sa cible de remise en état des cégeps, révélée par Le Devoir dans son édition de vendredi matin.
Fixée en 2020, ladite cible prévoyait que 80 % des 48 cégeps du Québec seraient dans un état satisfaisant au 1er avril 2025 – avant d’être ramenée, l’année suivante, à 70 % pour le 1er avril 2026.
Or, ce taux, qui était de 49 % en 2022, est tombé à 35 % l’an dernier. Certains cégeps sont même menacés de fermeture, affirmait la vérificatrice générale Ghylaine Leclerc en mai dernier.
Je vous mentirais si je vous disais […] que je suis capable de maintenir une cible alors que cette cible a été fixée en 2021
, a reconnu la ministre Déry, vendredi. Car depuis, le contexte a beaucoup changé
, a-t-elle plaidé.
Le coût des infrastructures a augmenté substantiellement
, a expliqué la ministre, selon qui les coûts de certains projets ont doublé
, voire triplé
. À un moment donné
, a-t-elle fait valoir, j’ai une capacité de payer, aussi
.
Cette révision, qui n’a pas encore été chiffrée, est préoccupante
, a dit la Fédération des cégeps, vendredi, par courriel.
Les cégeps devront accueillir 24 000 étudiants additionnels d’ici cinq ans, a-t-elle rappelé, se désolant que la mission
de ses membres se heurte à des infrastructures vieillissantes, à un déficit d’entretien préoccupant, à un manque d’espace criant et à des budgets insuffisants pour répondre adéquatement à ces défis
.
Source: Radio Canada