Ottawa met la riposte sur pause

5 février 2025
Ottawa met la riposte sur pause

Assahafa.com

Le gouvernement Trudeau met sur pause ses préparatifs visant à imposer des tarifs sur 125 milliards de dollars de produits américains. Et cela même si le président Donald Trump maintient une épée de Damoclès sur l’économie canadienne en suspendant pendant 30 jours sa menace d’imposer des tarifs de 25 % sur les produits canadiens.

La Presse a appris que la période de consultation publique de 21 jours obligatoire avant d’imposer des tarifs de 25 % sur la liste de produits américains totalisant 125 milliards ne sera pas mise en branle par le gouvernement fédéral durant la période de sursis.

Les partis de l’opposition à la Chambre des communes dénoncent l’attentisme d’Ottawa, soulignant que le président est hautement imprévisible et qu’il demeure prudent de se préparer au pire scénario.

La tranche de tarifs de 125 milliards constitue la deuxième riposte dans l’arsenal canadien que prévoyait utiliser le gouvernement fédéral advenant que Donald Trump mette à exécution sa menace. Une première tranche de tarifs de 30 milliards de dollars de produits américains, qui devait être imposée immédiatement parce qu’elle ne déstabiliserait pas les chaînes d’approvisionnement entre les deux pays, va demeurer le levier qu’utilisera Ottawa en premier lieu.

Une source gouvernementale a indiqué que la stratégie du gouvernement Trudeau continue de s’appuyer sur l’étapisme afin d’éviter d’envenimer les relations déjà tendues entre Ottawa et Washington.

« Notre stratégie a toujours été celle de l’étapisme », a indiqué cette source gouvernementale qui a requis l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement de ce dossier. Elle a précisé aussi que la consigne, à l’échelle du gouvernement, est de ne pas faire de commentaires qui pourraient avoir pour effet de froisser le président Donald Trump.

Une erreur, juge l’opposition

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, estime qu’il s’agit d’une erreur.

« M. Trump menace de revoir les tarifs, avec toute l’imprévisibilité qu’on lui connaît, dans 30 jours. Si lui se prépare à aller de l’avant, on serait très mal avisés de ne pas faire la même chose. Après tout, des consultations sur les tarifs ou les différents moyens à notre disposition pour répondre à de possibles tarifs, on n’est pas obligés de les appliquer après les consultations », a relevé M. Blanchet dans une entrevue avec La Presse.

Le Parti conservateur a pour sa part réitéré sa demande de rappeler le Parlement pour débattre des options qui s’offrent au Canada.

Le président Trump a accordé une pause de 28 jours à ses tarifs douaniers, mais rien ne peut être tenu pour acquis. Il n’y a pas de temps à perdre.

 Pierre Paul-Hus, député conservateur qui est le lieutenant politique de Pierre Poilievre au Québec

« Le Canada fait face à une crise, mais le Parti libéral a fermé le Parlement, retardant sa reprise jusqu’après la date limite du 4 mars fixée par le président Trump. Même le plan frontalier des libéraux, annoncé le 17 décembre, reconnaît que des changements législatifs sont nécessaires, ce qui ne peut se faire sans l’approbation du Parlement », a ajouté M. Paul-Hus.

Robert Asselin, ancien proche collaborateur du ministre des Finances Bill Morneau et aujourd’hui premier vice-président au Conseil canadien des affaires, croit que le gouvernement Trudeau commet une erreur stratégique en retardant le début de la consultation publique.

« Il faudrait lancer ces consultations maintenant. Il faut être prêt à mettre en œuvre ces tarifs dès que l’on peut, même si je doute que nos tarifs puissent le faire reculer. En même temps, si on veut les mettre en œuvre, aussi bien être prêts. Il n’y a pas vraiment de logique à ne pas entreprendre les consultations », a exposé M. Asselin.

Il a souligné que « la menace de Donald Trump est encore très présente » et que le Canada ne peut, à long terme, soutenir une guerre commerciale avec les États-Unis. « Mais dans la mesure où, à court terme, le gouvernement est sérieux, il doit lui aussi garder cette menace-là présente de la même façon que Trump la maintient au-dessus de notre tête ».

Frapper à tout moment

D’ailleurs, dans le nouveau décret signé par le président lundi soir, après avoir accordé un sursis d’un mois au Canada et au Mexique, il se donne la possibilité de frapper le Canada à tout moment si son administration juge qu’Ottawa échoue à la tâche de s’attaquer de manière satisfaisante « à la crise de la migration illégale et des drogues illicites grâce à des actions coopératives ».

Dans le décret, il est écrit que « le président prendra les mesures nécessaires pour remédier à la situation, y compris par la mise en œuvre immédiate des tarifs décrits dans le décret du 1er février 2025 ».

Dimanche, le ministère des Finances a donné les détails de la liste de la première vague de produits américains totalisant environ 30 milliards qui devaient être frappés d’un tarif de 25 % à compter de mardi. On y retrouvait des produits tels que le jus d’orange, le beurre d’arachide, les spiritueux, le vin, la bière, le café, les appareils électroménagers, les vêtements, les chaussures, les motocyclettes, les cosmétiques et les pâtes et papiers.

Le ministère avait également indiqué avoir l’intention d’imposer des tarifs sur une liste supplémentaire d’importations américaines d’une valeur de 125 milliards de dollars. Mais cette liste doit faire l’objet d’une consultation publique de 21 jours.

Cette deuxième liste devait comprendre des produits comme les véhicules à passagers et les camions, y compris les véhicules électriques, les produits d’acier et d’aluminium, certains fruits et légumes, les produits aérospatiaux, le bœuf, le porc, les produits laitiers, les camions et les autobus, les véhicules récréatifs et les bateaux de plaisance.

Source: la presse

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