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Le président américain Donald Trump a affirmé lundi soir qu’il pensait à imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits provenant du Canada et du Mexique à compter du 1er février prochain.
M. Trump, qui avait indiqué qu’il mettrait à exécution ses menaces le jour de son investiture, lundi, a finalement indiqué que les tarifs douaniers seraient imposés dans une dizaine de jours, accusant les deux pays voisins des États-Unis de ne pas en faire assez contre le trafic de drogue et la migration clandestine.
En point de presse en marge d’une réunion du cabinet libéral à Montebello, en Outaouais, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, ont soutenu que le gouvernement de Justin Trudeau était prêt à toute éventualité
.
Nous avons passé les dernières semaines à travailler sur un plan […] Nous sommes prêts à riposter à tout scénario.
M. LeBlanc et Mme Joly ont tous deux tenu à préciser que les efforts étaient toujours en cours en vue de convaincre l’administration Trump de renoncer à ses menaces tarifaires.
C’est un moment important pour le Canada, a insisté Mme Joly. On doit continuer de défendre les intérêts des Canadiens, de défendre nos emplois, et on demande à tous les leaders politiques du pays de se tenir debout et d’être unis parce que, plus que jamais, on doit mettre en avant et prioriser notre pays.
Les deux responsables ont également tenu à rappeler qu’il était dans l’intérêt des Canadiens de protéger les frontières avec les États-Unis, comme le réclame M. Trump, rappelant que le gouvernement a présenté un plan d’une valeur de 1,3 milliard de dollars pour renforcer la sécurité des frontières.
Ottawa attendra
Le premier ministre doit, de son côté, tenir un point de presse mardi matin et devrait réagir aux propos de M. Trump.
Plus tôt dans la journée, M. Trudeau s’est fait discret, évitant les questions des journalistes. Sur X, il a toutefois félicité M. Trump pour son investiture officielle, tout en soulignant que le Canada et les États-Unis ont le partenariat économique le plus fructueux au monde
. On a la chance de travailler de nouveau ensemble – pour créer plus d’emplois et de prospérité dans nos deux pays
, a-t-il encore écrit.
Une source bien informée des plans du gouvernement fédéral a indiqué à Radio-Canada qu’Ottawa n’a pas l’intention d’appliquer le plan de contre-tarifs douaniers avant que l’administration américaine mette à exécution ses menaces. Le gouvernement Trudeau espère encore que M. Trump change d’avis d’ici le 1er février, d’autant plus que plusieurs ministres fédéraux ont multiplié les visites à Washington ces derniers jours.
La ministre Joly a l’intention de contacter le nouveau secrétaire d’État américain, Marco Rubio, dans le but de planifier une visite dans la capitale américaine dans les prochains jours. Le ministre LeBlanc, qui a déjà annoncé son intention de se rendre à Washington la semaine prochaine, est en contact avec le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, toujours selon notre source.
Plus tôt lundi, deux sources haut placées ont affirmé à Radio-Canada que l’administration Trump était en train de se positionner en prévision de la révision de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), prévue pour 2026.
L’un des points de friction qui ont été soulevés avant l’adoption de cet accord, qui a remplacé en 2020 l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), était la question de la gestion de l’offre. Washington dénonce cette pratique, principalement en ce qui concerne les produits laitiers.
Parmi les mesures de représailles envisagées par le gouvernement Trudeau figure une liste de 10 produits américains qui feraient l’objet de contre-tarifs immédiats, toujours selon nos sources. Cette liste comprendrait notamment le jus d’orange de la Floride, le bourbon du Kentucky ainsi que des produits électroménagers comme des machines à laver.
Vendredi, le gouvernement avait affirmé qu’une première phase de contre-tarifs douaniers s’élèverait à 37 milliards de dollars. Une deuxième phase prévue s’élèverait quant à elle à 110 milliards de dollars.
Des mesures de représailles touchant le secteur énergétique sont sur la table
, mais il s’agirait de mesures de dernier recours, toujours selon nos sources.
Trump fait l’éloge des tarifs
Lors de son discours d’investiture, le président américain a affirmé que l’une de ses priorités serait la refonte du système commercial des États-Unis
.
Plutôt que de taxer les citoyens pour enrichir d’autres pays, nous allons imposer des tarifs et des taxes sur les pays étrangers pour qu’on puisse enrichir nos propres citoyens.
Il a également affirmé que son administration allait mettre en place un organe appelé Service des revenus extérieurs
(External Revenue Service, en anglais) qui aura pour objectif d’accumuler tout cet argent qui va se retrouver dans notre trésor public avec les sources étrangères
.
Plus tard dans la journée, avant de signer d’autres décrets exécutifs, le président Trump a dit que le mot tarif est le plus beau dans le dictionnaire [après] les mots Dieu, religion et amour
.
Les tarifs douaniers vont rendre notre pays riche comme jamais.
Mercredi dernier, M. Trudeau a rencontré les 13 premiers ministres des provinces et des territoires pour discuter d’éventuelles mesures de rétorsion. À l’issue de cette réunion, 12 premiers ministres provinciaux et territoriaux et le premier ministre ont publié une déclaration commune s’engageant à présenter un front uni face aux menaces tarifaires.
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a toutefois refusé de signer la déclaration, se disant opposée à l’idée d’interrompre l’approvisionnement énergétique des États-Unis et d’imposer des tarifs douaniers sur l’énergie et d’autres produits de l’Alberta destinés aux États-Unis
.
Les provinces réagissent
Lundi, sur X, Mme Smith a appelé le gouvernement fédéral à miser sur la diplomatie
plutôt que de parler de contre-tarifs, incluant l’énergie.
Une position à laquelle ne se rallie pas du tout le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, qui, quant à lui, évoque depuis plusieurs semaines l’idée de couper les exportations d’électricité vers les États-Unis si M. Trump décide d’aller de l’avant avec des tarifs douaniers sur les importations canadiennes. Selon M. Ford, près de 500 000 emplois seraient en péril en Ontario si les États-Unis mettaient à exécution leurs menaces.
Le cas échéant, il a affirmé lundi avoir demandé à la Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) de retirer tous les produits américains de ses tablettes.
Au Québec, le premier ministre François Legault affirme de son côté étudier les mesures de représailles possibles secteur par secteur, produit par produit
.
Il y a des secteurs dans lesquels nos produits sont difficilement remplaçables.
Il a également comparé la crise des tarifs douaniers américains à celle de la pandémie. Quand les citoyens et les entreprises se font frapper, c’est le rôle du gouvernement de les aider. C’est comme ça qu’on va regarder la situation.
Source: Radio Canada