Tarifs douaniers : une délégation ontarienne en mission à Washington

20 janvier 2025
Tarifs douaniers : une délégation ontarienne en mission à Washington

Assahafa.com

Des politiciens, des chefs d’entreprise et des dirigeants syndicaux de l’Ontario se rendront à Washington pour l’assermentation du président désigné Donald Trump. Cette mission a pour but de contrer la menace d’une guerre commerciale avec la nouvelle administration américaine.

Le premier ministre ontarien Doug Ford a publiquement pris position pour exhorter M. Trump à revoir son approche et pour presser Ottawa de préparer sa riposte. L’importante présence ontarienne devrait appuyer cette démarche.

Des acteurs majeurs des secteurs de l’automobile, des mines, de l’énergie, des grandes banques et de la politique ontarienne se réuniront à l’ambassade du Canada pour assister aux festivités.

M. Trump menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens dès son premier jour au pouvoir, ce qui aurait des répercussions économiques considérables, selon David Paterson, représentant du gouvernement ontarien à Washington.

M. Ford a déclaré que l’Ontario pourrait perdre jusqu’à 500 000 emplois si ces tarifs étaient appliqués.

M. Paterson, qui occupe ce poste depuis un an, dit avoir tissé des liens avec des républicains. Il s’est concentré sur les élus des deux partis avant l’élection présidentielle, estimant que plusieurs conserveraient leur siège. Il croit que ce travail en coulisse portera ses fruits.

Je dors paisiblement la nuit, sachant que nous pourrons nous en sortir, affirme-t-il. Les relations seront importantes pour y parvenir et je suis ravi que nous ayons déjà consacré un an à établir ces liens avec les républicains clés.

Des politiciens américains appuient le Canada, selon le représentant ontarien

M. Paterson, un ancien libéral et un cadre de longue date chez General Motors (GM) qui a participé aux dernières négociations de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique, affirme que plusieurs sénateurs, gouverneurs et membres du Congrès soutiennent le Canada.

Je n’échangerais notre position avec aucun autre pays, car il est dans l’intérêt même de l’économie, des entreprises et du gouvernement américains de collaborer avec nous, souligne-t-il.

De nombreux leaders de l’industrie, des banquiers et des politiciens ontariens se joindront à M. Paterson à l’ambassade canadienne.

Le temps de la gentillesse est révolu, selon Lana Payne, présidente d’Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au pays. Environ le tiers de ses 300 000 membres travaillent dans des industries susceptibles d’être touchées par les tarifs, notamment les secteurs ontariens de l’automobile et des mines, ainsi que ceux de l’énergie et de la foresterie.

En tant que pays, nous devons faire front commun et riposter fermement, dit-elle.

Les premiers ministres [des provinces] doivent tous s’aligner sur la même position que le premier ministre du Canada pour défendre les travailleurs canadiens.

Plus tôt cette semaine, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a refusé d’appuyer le plan du gouvernement fédéral si les tarifs sur les exportations d’énergie en faisaient partie. De leur côté, le premier ministre Justin Trudeau et les autres premiers ministres provinciaux ont convenu que toutes les mesures de représailles demeurent envisageables.

Mme Payne indique que le rassemblement massif à l’ambassade permettra aux dirigeants d’analyser les décrets présidentiels au moment de leur signature. Elle-même et d’autres participants croient que plus d’une centaine de décrets pourraient être signés ce jour-là, notamment sur les tarifs qui toucheront les produits canadiens.

Elle estime que cette mobilisation permettra d’unifier les divers intérêts de l’Ontario.

Cette rencontre préparera les gens aux défis à venir, car ce sera une année très difficile, prévient-elle.

Le ministre du Développement économique se rend à Washington

Le ministre ontarien du Développement économique, Vic Fedeli, sera lui aussi présent. Il indique que de nombreux représentants des grands groupes d’affaires de l’Ontario des secteurs des télécommunications, du transport, des services financiers et des minéraux critiques y participeront également.

Ce sera une excellente occasion pour tous de se rencontrer et d’échanger avec les représentants fédéraux américains qui devraient visiter l’ambassade au cours de la journée, précise-t-il.

Nous voulons nous assurer de parler aux bonnes personnes et de savoir qui a des contacts avec qui, explique M. Fedeli.

Nous devons identifier les membres du Comité des voies et moyens de la Chambre et du Comité des finances du Sénat qui ont l’oreille du président désigné Trump.

M. Fedeli, qui a visité plusieurs États américains ces dernières semaines, affirme qu’aucune des 60 organisations rencontrées n’est favorable aux tarifs.

Au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, la Consumer Technology Association américaine distribuait d’ailleurs des autocollants contre les tarifs, ajoute-t-il.

L’Ontario a également diffusé son message contre les tarifs douaniers par le truchement d’une campagne publicitaire de plusieurs millions de dollars aux États-Unis. Le premier ministre ontarien a récemment indiqué que ces publicités ont généré 450 millions de vues uniques, tout en suggérant qu’elles visaient un spectateur en particulier, qui se trouve en Floride, près de Mar-a-Lago. Il y est impossible d’allumer la télévision sans voir cette publicité : nous avons intensifié la diffusion sur Fox, car nous pensons qu’il écoute cette chaîne.

MM. Trudeau et Ford ont tous deux déclaré au début de la semaine que M. Trump cible une industrie en particulier : le secteur automobile ontarien.

Le président américain désigné vise spécifiquement et explicitement une seule industrie au Canada, un seul secteur de l’économie, et ce n’est pas l’industrie pétrolière albertaine, a déclaré M. Trudeau après sa rencontre avec les premiers ministres concernant le plan de représailles du pays.

C’est le secteur automobile ontarien. C’est un pacte automobile qui a connu un immense succès depuis 50 ans dans la construction de voitures des deux côtés de la frontière, au bénéfice des Canadiens et des Américains. C’est la cible.

Les constructeurs automobiles ontariens seront également présents

Les constructeurs automobiles de l’Ontario, notamment les représentants provinciaux des trois grands de Détroit – GM, Ford et Stellantis –, seront présents en force le jour de l’assermentation à l’ambassade canadienne. Les matériaux, les pièces et les véhicules traversent la frontière à plusieurs reprises en vertu d’un pacte récemment mis à jour et piloté par M. Trump lui-même lors de son premier mandat à l’occasion de la renégociation de l’accord de libre-échange entre les deux pays et le Mexique.

Un élément crucial de cette négociation consistait à augmenter la proportion de pièces et de composants nord-américains dans les véhicules, explique Brian Kingston, président de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules, qui représente Ford, GM et Stellantis au Canada.

Les tarifs américains entraîneraient de fortes hausses du prix des voitures des deux côtés de la frontière, précise-t-il.

En réalité, il n’existe pas de voiture uniquement américaine ni uniquement canadienne : ce sont des véhicules construits en Amérique du Nord, souligne M. Kingston.

C’est un bon accord qui fonctionne comme prévu. La solution logique serait donc que tout véhicule qui respecterait ces exigences très strictes en vertu de cet accord commercial, qu’il soit comstruit au Mexique, au Canada ou aux États-Unis, puisse continuer à être exporté sans droits de douane.

Le rassemblement à Washington sera extrêmement bénéfique tant pour l’Ontario que pour le Canada, estime M. Kingston.

Il n’y a pas de meilleure façon de comprendre les intentions de Trump qu’en étant à l’épicentre de tout cela. De plus, c’est une excellente occasion pour tous les leaders de l’Ontario et du Canada de se concerter dans cette lutte.

L’énergie a également été au cœur des messages de l’Ontario avant l’imposition potentielle de tarifs. Le ministre ontarien de l’Énergie, Stephen Lecce, sera lui aussi présent à Washington le jour de l’assermentation. Il indique que la présence provinciale et les rencontres prévues visent à exercer une pression maximale sur les décideurs américains, avec un message de collaboration énergétique.

Sans les ressources canadiennes, les Américains devront faire face à un choix difficile : acheter des matières premières, des ressources et des technologies auprès de régimes autoritaires, affirme-t-il.

Il s’agit donc fondamentalement d’une question de sécurité nationale et de sécurité économique.

Source: Radio Canada

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