Assahafa.com
L’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney, qui est pressenti pour se lancer dans la course à la direction du Parti libéral du Canada, a été reçu en entrevue à la télévision américaine de fin de soirée, lundi. S’il n’a pas officialisé sa candidature, il n’a pas rejeté les tentatives de l’animateur de lui faire cracher le morceau.
M. Carney, qui a dirigé la Banque du Canada de 2008 à 2013 et la Banque d’Angleterre de 2013 à 2020, a accordé une entrevue d’une vingtaine de minutes à l’animateur Jon Stewart, du Daily Show. Les deux hommes ont discuté de Donald Trump, de la menace de tarifs douaniers et – bien sûr – de la course à la chefferie libérale.
Après un tour d’horizon de la situation politique au Canada, au bénéfice des téléspectateurs américains, M. Stewart a avancé qu’il serait difficile pour un candidat qui faisait partie du gouvernement de Justin Trudeau ces dernières années d’affronter le chef conservateur Pierre Poilievre aux prochaines élections, puisqu’il devrait défendre le bilan des libéraux.
M. Carney a alors soumis une « hypothèse ».
« Qu’arriverait-il si le candidat ne faisait pas partie du gouvernement ? Disons que le candidat avait beaucoup d’expérience en économie, disons que le candidat avait déjà affronté des crises, disons que le candidat avait un plan pour faire face aux défis qui se présentent devant nous », a affirmé M. Carney alors que la foule se mettait à applaudir.
M. Stewart a alors mentionné : « Vous vous lancez en tant que candidat de l’externe (“outsider” en anglais) ! »
Ce à quoi M. Carney a répondu : « Je suis un outsider », sans aller jusqu’à dire qu’il se lançait.
L’animateur a tenté à plusieurs reprises de faire dire à M. Carney qu’il allait se lancer dans la course qui visera à trouver la personne qui succédera à Justin Trudeau. Chaque fois, M. Carney n’a pas confirmé, mais il n’a jamais nié non plus.
La semaine dernière, La Presse Canadienne rapportait que M. Carney pourrait confirmer cette semaine qu’il présentera sa candidature. Il aurait déjà fait part de ses intentions à son équipe de campagne.
Le Parti libéral du Canada choisira son prochain chef le 9 mars. Le député ontarien Chandra Arya et l’ancien député montréalais Frank Baylis sont les deux seuls qui ont confirmé qu’ils seraient de la course jusqu’à présent.
Une source a confié lundi à La Presse Canadienne que l’ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland annoncerait sa candidature dans les prochains jours.
Tarifs, 51e État et taxe carbone
Au sujet de l’idée de M. Trump de faire du Canada le 51e État américain, MM. Carney et Stewart ont plaisanté en disant que les deux pays étaient comme un couple qui traverse une période difficile.
M. Carney a tranché que le Canada ne deviendrait jamais un État américain, mais que les deux pays pouvaient être « amis avec avantages », ce qui a provoqué un éclat de rire dans la foule.
Concernant les tarifs douaniers que M. Trump menace d’imposer, M. Carney a fait valoir que le Canada devait se préparer à un conflit commercial comme il l’avait fait la dernière fois que M. Trump était au pouvoir.
Interrogé sur la tarification du carbone, M. Carney a noté qu’une grande partie des émissions du Canada proviennent de l’industrie pétrolière. Il estime qu’il faut remédier à cette situation plutôt que d’essayer de changer rapidement le quotidien des Canadiens ordinaires.
M. Poilievre tente déjà de dépeindre M. Carney comme l’un des principaux architectes de la politique des libéraux concernant le carbone.
« Pour le Canada, ce que nous devons faire, c’est nous assurer que nous nous attaquons à ces problèmes et que nous faisons notre part », a mentionné M. Carney.
« Mais nous devons le faire de manière à ce que les Canadiens n’en paient pas le prix aujourd’hui. »
Entrevue scénarisée, selon les conservateurs
Dans une déclaration, la cheffe adjointe du Parti conservateur, Melissa Lantsman, a écrit qu’à la lumière de l’« apparition scénarisée » de M. Carney à la télévision américaine, il est clair qu’il « essaye de réécrire l’histoire pour convaincre les Canadiens qu’il n’est pas responsable des politiques que Justin Trudeau et lui ont imposées aux Canadiens et qui leur ont causé tant de malheurs au cours des neuf dernières années ».
« M. Carney est un hypocrite, a martelé Mme Lantsman. Il ne peut pas se cacher de la vérité. Il est exactement comme Justin. »
En tant qu’initié libéral de longue date, conseiller et président du groupe de travail sur la croissance économique, M. Carney « ne pourrait pas être plus loin d’un outsider », selon Mme Lantsman.
« Il a soutenu les déficits inflationnistes massifs de Trudeau, qui ont entraîné un taux d’inflation record en 40 ans. Il a fait l’éloge de la taxe carbone punitive de Trudeau, la qualifiant même de modèle pour le monde dans son livre. Il a soutenu toutes les politiques de Trudeau qui ont doublé la dette, doublé les coûts du logement, doublé les crimes commis avec des armes à feu et doublé le recours aux banques alimentaires », a-t-elle souligné.
Source: la presse