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Le premier ministre Justin Trudeau rencontrera ses homologues des provinces et des territoires pour discuter de l’intention de Donald Trump de frapper de tarifs douaniers de 25 % toutes les importations du Canada.
Son bureau a confirmé mardi que la réunion se tiendrait mercredi, en fin d’après-midi, de façon virtuelle.
Le premier ministre canadien a eu un échange téléphonique lundi soir avec le président désigné, après que celui-ci a brandi la menace d’imposer des taxes de 25 % sur tous les produits en provenance du Canada et du Mexique.
« J’ai eu un bon appel avec Donald Trump […] pour rappeler certains faits et parler des relations positives entre nos deux pays et tout ce qu’on peut accomplir en travaillant ensemble. Ça va être un processus évidemment itératif à un certain niveau », a-t-il relaté à son arrivée au parlement, mardi matin.
Le premier ministre a également confirmé qu’il s’était entretenu avec les premiers ministres du Québec et de l’Ontario, François Legault et Doug Ford. « On doit travailler ensemble pour […] défendre les intérêts des Canadiens. On a déjà fait ça. On peut faire ça, et on va le faire de façon responsable », a-t-il dit.
L’avertissement est « à prendre au sérieux », estime pour sa part le ministre François-Philippe Champagne, qui a visité plusieurs États américains à titre de membre de l’« Équipe Canada » mise sur pied en amont de l’élection du 5 novembre dernier, qui a été remportée par le républicain.
Ce dernier s’est tourné vers son réseau, Truth Social, pour annoncer que l’un de ses premiers gestes, le jour de son inauguration, le 20 janvier prochain, serait de signer un décret présidentiel pour mettre ces mesures en œuvre.
« Cette taxe restera en vigueur jusqu’à ce que les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays ! Le Canada comme le Mexique ont le droit et le pouvoir absolu de régler facilement ce problème de longue date », a-t-il écrit.
Éviter les amalgames
Invités à commenter la sortie de Donald Trump, les ministres croisés au parlement à l’entrée de la rencontre du cabinet ont usé de prudence. Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, les a tout de même remis en question les arguments brandis par le président désigné.
« Il faut éviter de faire des amalgames entre les frontières du Mexique et du Canada, a-t-il argué en mêlée de presse. La frontière canadienne, elle fonctionne depuis des décennies, voire plus qu’un siècle. On est très conscients qu’on doit protéger cette frontière-là. »
De l’Italie, où elle participait au Sommet du G7 des ministres des Affaires étrangères, Mélanie Joly a assuré que le gouvernement allait défendre les intérêts canadiens. Elle qui a récemment rencontré de nombreux sénateurs, dont l’influent républicain Lindsey Graham, n’a pas voulu dire si Ottawa avait été pris de court.
« La question de la frontière et des tarifs avait déjà été identifiée par le comité du Cabinet sur les relations canado-américaines, donc en ce sens-là, on savait que c’était une priorité pour l’administration Trump », a-t-elle affirmé par visioconférence.
« C’est sûr qu’on va travailler sur cette question-là […] et on va continuer de protéger les intérêts du Canada, et ultimement, avoir une approche qui est positive pour les deux pays, tant le Canada que les États-Unis », a poursuivi la cheffe de la diplomatie canadienne.
Le comité du Cabinet auquel la ministre fait référence se réunissait lundi soir pour une quatrième fois depuis sa résurrection, le 7 novembre dernier.
À l’issue de la rencontre, on a souligné que l’an dernier, l’agence frontalière américaine avait procédé à 2 475 669 arrestations à la frontière sud avec le Mexique, comparativement à 10 171 à la frontière canado-américaine.
Le Canada devrait imposer des tarifs « si nécessaire », dit Poilievre
Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a accusé le gouvernement Trudeau d’avoir mal fait ses devoirs et d’être mal outillé pour transiger avec le président désigné Donald Trump. Et il a évoqué l’idée que le Canada doive imposer des tarifs contre les exportations américaines à son tour « si nécessaire ».
« L’annonce des tarifs injuste et non provoqué que propose le président Trump et si décevant et problématique. Mais ce n’est pas une surprise. Il en a parlé pendant des années et pendant sa campagne électorale », a lancé le chef conservateur durant une longue déclaration.
« Soudainement M. Trudeau et Mme Freeland sont choqués. C’est bizarre parce qu’l y a 20 jours, Mme Freeland a dit que tout allait bien aller pour le Canada, et qu’il n’y avait pas de menace pour les Canadiens. Évidemment ils n’étaient pas prêts et il nous faut un plan pour mettre le Canada en premier », a-t-il ajouté.
M. Poilievre a par la suite exhorté M. Trudeau à annuler les augmentations des taxes et des impôts qui sont dans les cartons, notamment la taxe sur le carbone, d’augmenter considérablement les dépenses militaires, d’approuver rapidement les projets de développement des ressources naturelles et de sécuriser la frontière canado-américaine.
« Ce que je propose, c’est que Justin Trudeau mette de côté la partisanerie et dans l’esprit d’une équipe canadienne, il accepte de renverser toutes ces augmentations de taxes et d’impôts. Il propose maintenant des augmentations de taxes massives sur l’investissement et sur l’énergie. C’était une mauvaise décision avant. C’est impossible maintenant avec des tarifs de Trump », a-t-il dit, soutenant que la combinaison de ces deux mesures va « détruire notre économie ».
Source: la presse