Tarifs et inflation, un duo inséparable

23 novembre 2024
Tarifs et inflation, un duo inséparable

Assahafa.com

Chaque samedi, un de nos journalistes répond, en compagnie d’experts, à l’une de vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc.

L’un des points chauds soulevés lors des élections américaines était le taux d’inflation et la hausse du coût de la vie. Quel est l’impact des taxes à l’importation sur l’inflation ? N’est-il pas logique de penser que ces taxes auront un effet direct sur le prix des biens, donc également sur le taux d’inflation et le pouvoir d’achat ?

Oui, vous avez raison, il y a un lien direct entre les tarifs imposés sur les importations, le taux d’inflation et le pouvoir d’achat. Si le gouvernement américain impose des tarifs sur tous les produits importés aux États-Unis, ces produits coûteront plus cher et contribueront à alimenter l’inflation, explique Jean-François Perreault, économiste en chef de la Banque Scotia. Et pas seulement aux États-Unis.

Le président désigné a réussi à faire croire que ce sont les exportateurs qui paieront les tarifs imposés sur les produits, mais ce n’est pas vrai, dit-il.

Un producteur d’un bien frappé par un tarif peut choisir de réduire ses prix pour garder sa part du marché, l’importateur peut réduire sa marge de profit pour absorber une partie des tarifs, mais ces possibilités sont rares et limitées. Au bout du compte, le consommateur paiera plus cher qu’avant pour les produits frappés d’un tarif. Son pouvoir d’achat diminuera.

Même si les États-Unis étaient le seul pays à imposer des tarifs, les consommateurs canadiens seraient quand même touchés indirectement.

Ils paieraient plus cher, par exemple, pour acheter des produits importés des États-Unis dont les composants ou les intrants importés sont frappés de tarifs, précise Jean-François Perreault.

Le plus probable est que l’attaque tarifaire des États-Unis sur les produits du Canada et d’ailleurs soit suivie par une réplique des pays touchés par les tarifs. Aucun pays ne se laissera faire sans rien dire. « D’un point de vue politique, il est extrêmement difficile de ne pas répliquer à des tarifs par des tarifs », avance l’économiste en chef de la Banque Scotia.

La guerre tarifaire généralisée qui risque de s’ensuivre multiplierait le nombre de produits de consommation dont le prix serait ajusté à la hausse pour tenir compte des tarifs. Pensons aux fruits et légumes, qu’on importe en grande quantité l’hiver, mais aussi à tous les biens de consommation qui ne sont pas produits au Canada.

Des scénarios

Les tarifs ont donc pour effet d’alimenter l’inflation. De combien ? Difficile à dire parce qu’on ne sait pas encore si la prochaine administration Trump concrétisera en tout ou en partie sa menace d’imposer des tarifs de 10 % sur tous les produits importés aux États-Unis et de 60 % sur ceux en provenance de la Chine.

C’est impossible à évaluer avec précision, dit Jean-François Perreault, mais on peut faire des scénarios.

Le taux d’inflation au pays pourrait grimper de 1,7 %, selon un scénario dans lequel le Canada ne serait pas exempté des tarifs américains, a calculé l’économiste. Cette résurgence de l’inflation forcerait la Banque du Canada à augmenter ses taux d’intérêt pour la combattre, ce qui aurait pour effet de freiner l’économie canadienne.

Une récession pourrait être la conclusion de cet enchaînement provoqué par les tarifs et l’inflation, un duo inséparable.

Source: la presse

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