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Dans son plan pour réduire l’immigration qu’il présentera lundi, le Parti québécois (PQ) propose de ramener le nombre de travailleurs étrangers temporaires établis au Québec à 40 000, alors qu’on en compte présentement environ 270 000. Pour y arriver, certains secteurs de l’économie devront se « sevrer » du recours à cette main-d’œuvre, explique Paul St-Pierre Plamondon.
On s’attend à une réaction
, admet le chef péquiste en entrevue avec Radio-Canada. Cependant, compte tenu de la crise du logement, entre autres, il fait valoir qu’il faut ramener les chiffres à quelque chose de plus raisonnable
.
Selon les plus récentes données de Statistique Canada, 270 478 travailleurs étrangers temporaires sont installés au Québec. La plupart d’entre eux, soit une proportion d’environ 70 %, ont obtenu un permis en vertu d’un programme fédéral, le Programme de mobilité internationale (PMI), dont le PQ souhaite l’abolition.
C’est un programme qui ne répond pas spécifiquement à des besoins de l’économie québécoise et dont le fédéral s’est servi pour augmenter l’immigration, mais de manière détournée
, fait observer Paul St-Pierre Plamondon.
En fait, les employeurs qui y ont recours n’ont pas l’obligation d’obtenir une étude d’impact sur le marché du travail (EIMT), un problème de taille
, estime le PQ dans le document qui sera présenté lundi. Le parti souverainiste veut donc forcer la main
à Ottawa en utilisant tous les leviers juridiques, politiques et fiscaux à sa disposition
.
Dans l’éventualité où notre demande d’abolir le PMI [serait] refusée par le gouvernement fédéral, l’indépendance du Québec permettra d’y mettre fin
, peut-on lire dans Un Québec libre de ses choix – Pour un modèle viable en immigration.
Les travailleurs étrangers temporaires qui en ont profité – dont le nombre s’établirait à tout près de 190 000 dans la province, calcule le PQ – ne seraient pas nécessairement obligés de quitter le Québec puisque certains d’entre eux auraient accès en priorité à un statut d’immigrant permanent, précise-t-on.
Des secteurs économiques seront favorisés
Si cette partie du plan repose sur une négociation éventuelle avec le gouvernement fédéral, il en va autrement de la suite.
Le PQ propose également de réduire le nombre de personnes accueillies en vertu du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), contrôlé par le Québec, qui est passé de 17 660 en 2018 à 58 885 en 2023, selon des données du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
À partir de la dernière mise à jour de Statistique Canada, Paul St-Pierre Plamondon estime qu’ils sont aujourd’hui environ 80 000 au Québec. On propose de ramener ça à 40 000 durant le mandat.
Pour ce faire, le PQ établirait une nouvelle liste des métiers en tension
, c’est-à-dire pour lesquels les immigrants seraient sélectionnés en priorité.
Même si cette liste ne serait publiée qu’en 2026, la formation politique a déjà ciblé des secteurs prioritaires, où les besoins sont grands et où on trouve des emplois à valeur ajoutée
pour lesquels les salaires sont généralement plus élevés : l’agriculture, les pêcheries (y compris la transformation), l’éducation, la santé, la construction, les hautes technologies et le tourisme régional.
D’autres secteurs, comme le commerce de détail, devraient donc se passer de cette main-d’œuvre ou, du moins, seraient les derniers à pouvoir en bénéficier. Les restaurants et les hôtels seraient également exclus, à l’exception des établissements en région qui sont liés au secteur touristique.
Il y a des secteurs qui vont devoir se sevrer graduellement de la dépendance à une main-d’œuvre issue de l’immigration temporaire. Ça, c’est clair.
On veut que certains secteurs économiques […] qui se sont prévalus d’une main-d’œuvre à bon marché en grand nombre, on veut que ces secteurs économiques-là investissent dans l’innovation et la transformation de leurs procédés
, précise Paul St-Pierre Plamondon.
Il promet d’ailleurs une aide financière aux entreprises touchées.
Quand on pense qu’il y avait 17 000 […] travailleurs temporaires dans le programme québécois à l’arrivée de la CAQ, en 2018! Stabiliser le nombre à 40 000, à mon avis, c’est parfaitement faisable
, dit-il.
Est-ce que ça veut dire que ça va se faire sans discours alarmiste de certains groupes de pression? Évidemment qu’on s’attend à toutes sortes de réactions, mais quand on n’est plus capable de loger les Québécois puis qu’on a des [problèmes] importants sur le plan des services et de la langue, on pense que de revenir à un juste milieu, c’est raisonnable.
Une réduction des seuils insuffisante
Le plan du PQ est présenté comme une réplique
à l’Initiative du siècle, une idée défendue par un groupe de pression à Ottawa qui souhaite porter la population du Canada à 100 millions d’habitants d’ici 2100.
Le gouvernement Trudeau, qui avait d’abord annoncé vouloir accueillir 500 000 immigrants par année à partir de 2025, a revu ses cibles à la baisse jeudi. Le nouvel objectif consiste à ouvrir la porte à 395 000 nouveaux arrivants au pays l’an prochain.
Même avec cette baisse-là, même si elle advenait, on est toujours dans des niveaux beaucoup plus élevés que notre capacité d’accueil, qui correspondent toujours aux objectifs de l’Initiative du siècle
, croit Paul St-Pierre Plamondon. Je ne pense pas que Justin Trudeau et [le ministre fédéral de l’Immigration] Marc Miller pensent un seul mot de ce qu’ils disent sur la réduction des seuils d’immigration.
Dans l’éventualité où il prendrait le pouvoir en 2026, Le Parti québécois veut réduire à 35 000 le nombre d’immigrants accueillis de façon permanente chaque année.
Pour ce qui est des immigrants temporaires, qui sont un peu moins de 600 000 actuellement au Québec, y compris les travailleurs étrangers temporaires, les étudiants étrangers et les demandeurs d’asile, le PQ souhaiterait en accueillir moitié moins à la fin d’un premier mandat, soit entre 250 000 et 300 000.
Source: Radio Canada