Le gouvernement de Québec planifie le redéploiement de la province à l’étranger

13 octobre 2020
Le gouvernement de Québec planifie le redéploiement de la province à l’étranger

Assahafa.com

Le gouvernement Legault est en train de planifier un grand redéploiement de l’action du Québec à l’étranger.

À travers le monde, des bureaux et délégations du Québec pourraient fermer, d’autres représentations seront déplacées, tandis que de nouvelles vitrines apparaîtront, tantôt réelles, tantôt virtuelles, selon ce qu’a appris La Presse canadienne de plusieurs sources gouvernementales.

Le dénominateur commun à ce grand jeu de chaises musicales : la rentabilité économique et l’intérêt strictement commercial d’une présence québécoise dans tel pays ou telle région spécifique du globe.

L’opération ferait quelques victimes, dont, selon toute vraisemblance, le bureau du Québec à Cuba. Le pays de Fidel Castro, célèbre pour ses plages où bronzent tant de touristes québécois, ne serait pas considéré comme un marché intéressant à développer.

La nouvelle carte de la représentation du Québec à travers le monde est actuellement élaborée conjointement par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) et Investissement Québec.

Un groupe de réflexion se réunit depuis des mois, et des annonces pourraient être faites dès cet automne.

Séduction américaine

Tous les continents seront revisités, mais, dans un premier temps, l’accent sera mis sur les États-Unis. Même si le Québec y écoule déjà 71 % de ses exportations, le gouvernement Legault estime que le potentiel américain est loin d’être totalement exploité.

Aux États-Unis, le Québec a déjà neuf représentations de tailles diverses, la principale étant située à New York. Traditionnellement, les marchés prioritaires sont situés au nord-est du pays. Désormais, on mettra le cap vers l’ouest et surtout le sud : en Floride et au Texas, notamment, censés regrouper 50 millions de consommateurs et 20 % de l’économie américaine.

La Californie, plus importante économie des États-Unis, où le premier ministre François Legault a effectué une mission économique en décembre, ne sera pas en reste. Le Québec y a déjà une délégation, mais on voudrait lui consacrer encore plus d’efforts et plus de moyens.

Apparemment, le réflexe protectionniste des Américains, accentué par la pandémie de COVID-19, ne freinera pas le projet du Québec de brasser des affaires avec les voisins du sud.

Il y a beaucoup, beaucoup de travail à faire aux États-Unis, résume en entrevue la ministre des Relations internationales, Nadine Girault, confirmant les informations obtenues.

Une présence dématérialisée

La pandémie de COVID-19 change aussi les façons de faire : la présence québécoise pourra être tantôt réelle, avec du personnel sur place, tantôt virtuelle, donc à distance. On veut revoir le modèle d’intervention.

En raison de cette pandémie, chose certaine, l’économie américaine sera affectée; des entreprises vont fermer, observe la ministre Girault, soucieuse d’y voir autant d’opportunités d’affaires à saisir pour les PME québécoises exportatrices et celles qui rêvent de le devenir sans trop savoir comment s’y prendre.

Son objectif : bien identifier où sont les potentiels de développement de marchés, insiste la ministre, qui dit avoir une bonne pensée pour les petites entreprises disposant de peu de moyens.

À ce propos, elle raconte l’histoire d’une petite boulangerie québécoise qui a réussi, récemment, à développer un marché dans le Midwest américain pour ses croissants surgelés, grâce à l’intervention de la délégation de Chicago.

Ailleurs dans le monde

En Amérique du Sud, on regarde ce qui se passe du côté de la Colombie, qui pourrait fournir de la main-d’œuvre saisonnière.

En Europe, la même logique s’appliquera : s’installer là où se trouvent des marchés potentiels. Dans tous les cas de figure, il faut que ce soit rentable pour le Québec, dit une source proche du dossier qui a requis l’anonymat.

Un scénario envisagé en Italie : déménager la délégation de Rome pour l’installer à Milan, plus au nord, pôle économique du pays.

On veut développer les marchés de l’Europe de l’Est et du Nord, de vastes territoires où le Québec est carrément absent. La Roumanie, à l’est, et le Danemark, au nord, sont des points de chute qu’on regarde de près.

En Afrique, on songe à développer le marché de l’Afrique du Sud, où le Québec est absent. Sur tout le continent, le Québec a pignon sur rue au Sénégal, en Côte-d’Ivoire et au Maroc, des choix géographiques qui pourraient être remis en question.

Mais au-delà des intérêts commerciaux, le Québec doit aussi tenir compte de son appartenance à la Francophonie quand il est question de l’Afrique.

Selon les informations obtenues, les décisions sur le redéploiement du réseau, avec de possibles fermetures et ouvertures, ne sont pas encore prises.

Officiellement, la ministre indique qu’elle n’a pas l’intention pour l’instant de fermer des représentations du Québec à l’étranger, mais elle refuse de s’engager à maintenir le réseau tel quel d’ici la fin du mandat.

D’autres sources indiquent que tout se met en place pour la création d’une nouvelle carte du Québec à l’étranger.

La Presse canadienne

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