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La reprise des travaux parlementaires, jeudi à Ottawa, a permis à l’opposition de relayer les critiques des provinces et territoires qui estiment que le discours du Trône présenté la veille empiète sur leur juridiction.
Questionné sur le sujet par le leader parlementaire du Parti conservateur Gérard Deltell, qui l’a accusé de mépriser les Québécois et les Canadiens parce qu’il ne respecte pas les champs de compétence, le premier ministre Trudeau s’est levé en Chambre pour défendre lui-même les grandes orientations de son gouvernement.
Il a aussi rappelé que ce sont les provinces elles-mêmes qui avaient appelé Ottawa au secours pour obtenir son aide au printemps dernier.
Je regrette, Monsieur le Président, d’entendre le député de Louis Saint-Laurent dire que le fédéral n’a pas sa place pour protéger nos aînés, a déclaré Justin Trudeau. Ce n’était pas l’opinion du premier ministre du Québec quand il nous a demandé d’envoyer les forces armées pour aider, justement, les aînés dans nos CHSLD.
Par ailleurs, le premier ministre n’a montré aucun signe d’ouverture envers la demande des provinces et territoires de hausser les transferts en santé de 28 milliards de dollars dès l’an prochain, et ce, même si le Bloc québécois, qui dispose de 32 sièges au Parlement, en a fait une condition sine qua non pour voter en faveur du discours du Trône.
Certaines personnes [souhaiteraient] qu’on envoie tout simplement des transferts en argent au Québec, et des chèques en blanc, des chèques pour les provinces, pour leur système de santé… Ça n’aurait pas aidé!, a insisté M. Trudeau. Ce que ça prenait, c’est des gens, c’est des soldats, c’est des gens de la Croix-Rouge.
Le premier ministre a également rappelé que son gouvernement s’était déjà entendu avec les provinces et territoires pour leur verser près de 20 milliards de dollars afin de permettre une relance économique sécuritaire.
Un front commun des provinces
Dans un communiqué transmis jeudi par la voie du Conseil de la fédération, les premiers ministres des provinces et des territoires ont fait part de leur déception concernant l’absence d’engagement, dans le discours du Trône, à l’égard de leur priorité numéro un, soit la hausse des transferts en santé.
Plutôt que de s’engager fermement à assurer la viabilité à long terme des systèmes de santé publics au Canada, le gouvernement fédéral a fait part de son intention d’investir dans de nouvelles initiatives à durée limitée, dont plusieurs concernent des domaines qui relèvent des champs de compétence des provinces et des territoires, ont-ils déploré.
En entrevue jeudi à Radio-Canada, le premier ministre du Québec, François Legault, qui préside ces jours-ci le Conseil de la fédération, s’est dit déçu et choqué par le discours du Trône.
Il a rappelé qu’Ottawa, qui finançait autrefois 50 % des dépenses en santé, ne rembourse plus que 22 % de celles-ci aux provinces. Ce taux, réclame-t-il, devrait être ramené à 35 % sans tarder.
On demande une rencontre à M. Trudeau; on veut une date pour aller régler ce problème, qui est le plus urgent et qui est empiré par la pandémie actuellement, a expliqué François Legault à Patrice Roy, jeudi.
Cette hausse devrait par ailleurs n’être accompagnée d’aucune condition, selon lui. Je ne pense pas qu’on a besoin de M. Trudeau pour nous dire ce qu’il y a à faire dans les CHSLD, a fait valoir le premier ministre du Québec, en référence aux normes nationales que souhaite instaurer Ottawa dans les centres de soins de longue durée.
D’autres premiers ministres ont également exprimé leur déception publiquement, au lendemain de la lecture du discours du Trône, quant au refus du gouvernement Trudeau d’augmenter les transferts en santé.
Tous les premiers ministres du pays, d’un océan à l’autre, avaient identifié [la hausse des transferts] comme la priorité numéro un, a rappelé le Manitobain Brian Pallister. Et hier [mercredi], [cette priorité] a été ignorée, a-t-il regretté.
Nous avons tous des besoins différents, et nous sommes déçus de ne voir aucune augmentation des transferts de santé dont nous avons désespérément besoin
, a renchéri son homologue ontarien, Doug Ford, pour qui personne ne comprend mieux les soins de santé que les provinces
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Source: Radio-Canada