« Quebec, Canada! We’ll make a deal! », lance Donald Trump

6 mai 2025
« Quebec, Canada! We’ll make a deal! », lance Donald Trump

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Aux funérailles du pape François, célébrées le 26 avril dernier, il y avait des rois, des reines, des princes et des princesses. Il y avait aussi des premiers ministres. Celui du Canada n’était pas présent, veille d’élections fédérales oblige.

Il y avait aussi plusieurs présidents. Celui des États-Unis s’est fait remarquer pour s’être habillé de bleu dans une foule de robes et de vestons noirs, couleur traditionnelle du deuil pour les catholiques.

Les images du président en bleu ont fait le tour du monde. Sur l’une d’elles apparaît Martine Biron, ministre des Relations internationales du Québec, juste à côté de lui.

Après la cérémonie, Martine Biron raconte avoir pu serrer la main du président français Emmanuel Macron. Puis, le chef du protocole lui a présenté un autre président à qui la ministre des Relations internationales du Québec voulait parler : Donald Trump.

Le chef du protocole m’a présentée. Donald Trump s’est retourné. Il m’a serré la main de façon très cordiale. Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit : « Quebec, Canada! We will make a deal with you. » [Québec, Canada! Nous conclurons une entente avec vous.]

« Un deal? Vraiment? » a répondu Mme Biron, surprise. Yes, lui a répondu Donald Trump.

Martine Biron n’est pas naïve : Je prends ça pour ce que c’est : un bref échange. On verra bien comment cela se matérialise dans les faits.

Ce que retient la ministre, surtout, c’est l’élan avec lequel le président des États-Unis a prononcé le mot QuébecIl savait exactement qui nous étions, assure-t-elle.

Depuis des mois, le réseau des délégations du Québec aux États-Unis travaille en ce sens : inscrire discrètement mais sûrement le nom Québec sur la liste des partenaires commerciaux des États-Unis auxquels il faut faire attention.

C’est ce que nous a expliqué Martine Biron lorsque nous l’avons rencontrée à son bureau, rue de l’Amérique-Française, à Québec. Nous avons des échanges de 250 milliards de dollars par année à l’étranger. La moitié de ces échanges sont faits avec les États-Unis, a résumé la ministre.

Les États-Unis ont deux consulats au Québec : ça démontre l’importance du lien. Ça a donc été un choc brutal quand l’administration Trump a annoncé une guerre tarifaire, affirme-t-elle avant d’expliquer que le réseau bien établi des représentations du Québec aux États-Unis et à l’étranger s’est relevé les manches et s’est mis à l’ouvrage.

Faut-il s’en étonner, la ministre Martine Biron, journaliste de métier, a donné l’instruction aux représentants du Québec à l’étranger – et particulièrement à ceux qui se trouvent aux États-Unis – de faire du terrain, du terrain et du terrain, un mot magique en journalisme.

Moi-même et nos équipes sur le terrain avons multiplié les rencontres avec des contacts dans le milieu des affaires et avec des élus.

Une citation deMartine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec

Multiplier les rencontres

Ce mot d’ordre, le délégué du Québec à New York, David Brulotte, l’a bien compris.

Lorsque nous l’avions rencontré lors d’un passage dans la métropole américaine, fin mars, M. Brulotte, tout juste 42 ans, revenait de l’État de la Pennsylvanie.

Ce qu’on a fait, c’est trouver des histoires à raconter à nos interlocuteurs. C’est un travail de recherche fastidieux mais nécessaire, qui nous permet d’illustrer de façon pratico-pratique et très ciblée les dangers potentiels d’une guerre tarifaire, avait expliqué le jeune diplomate qui, pourtant, a déjà une longue expérience.

Un exemple type : on va voir un élu d’une ville où il y a une entreprise qui fait affaire avec le Québec. Et on lui explique que s’il y a imposition de tarifs, potentiellement cela peut vouloir dire des pertes d’emplois pour x nombre de personnes dans son comté et on espère que cela percole, ajoute-t-il.

David Brulotte a travaillé notamment au développement des affaires à la Délégation générale du Québec à Paris avant d’être nommé délégué du Québec à Tokyo, puis à Los Angeles. Il est en poste à New York depuis 2024.

La représentation du Québec à New York, en fait, est la plus vieille antenne diplomatique du Québec. On est ici depuis 1940. On fête nos 85 ans cette année, raconte David Brulotte. Et dès la fin du 19e siècle, le Québec était présent ici. Le gouvernement québécois émettait alors des obligations à Wall Street et ça prenait quelqu’un ici pour nous représenter.

Le mot clé : la défense

Alors que le premier ministre canadien Mark Carney doit rencontrer le président américain mardi à Washington, on verra bien si la déclaration qu’a faite Donald Trump à Martine Biron aux funérailles du pape tiendra la route.

De toute façon, depuis des mois, la ministre des Relations internationales du Québec cherche à intensifier les contacts à l’extérieur des États-Unis pour développer de nouveaux marchés.

On est super bien positionnés en Europe. On vient d’affecter un employé en Suisse, souligne Martine Biron. Le Québec a déjà plusieurs bureaux et délégations générales en Europe, par exemple à Londres, à Munich, à Bruxelles et à Paris.

On doit l’importante présence du Québec à l’étranger à Paul Gérin-Lajoie, figure marquante de la Révolution tranquille au Québec. En 1965, il élabore la doctrine en matière de politique internationale du Québec, qui porte d’ailleurs son nom, la doctrine PGL, selon laquelle le Québec doit s’imposer comme interlocuteur autonome sur la scène internationale.

En Ontario ou en Alberta et dans le reste du Canada, je peux vous dire qu’ils sont jaloux de notre réseau à l’international! On a neuf bureaux aux États-Unis, qu’on a réorganisés dans les derniers mois. En tout, le Québec a 34 représentations à l’étranger, ce qui est tout à fait singulier pour un État infranational, dit Mme Biron.

Martine Biron nous a raconté être allée cet hiver en Belgique, où elle a rencontré le représentant de la Wallonie. J’ai appris que la Belgique avait l’intention d’investir des sommes importantes pour se réarmer. C’est le cas de beaucoup de pays européens, dit-elle.

Qu’est-ce qu’on a à offrir dans ce contexte-là? Le Québec ne va pas se lancer dans l’armement, bien sûr, mais on peut offrir plusieurs produits à l’industrie de l’armement, comme des moteurs, de l’aluminium, du nickel, parce que le buzz word [le mot clé] en ce moment, partout dans le monde, c’est la défense, enchaîne-t-elle.

Aux funérailles du pape François, Martine Biron en a aussi profité pour serrer la pince à la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen.

« L’an dernier, nous avons déposé une demande pour que le Québec devienne un partenaire du Comité européen des régions et ça avance bien », estime la ministre.

Source: Radio Canada

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