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Les relations avec les États-Unis et leur imprévisible président Donald Trump ne seront pas le seul défi en matière de politique étrangère que le premier ministre Mark Carney devra relever au cours de son mandat.
Dans seulement six semaines, M. Carney sera l’hôte de ses homologues du G7 à Kananaskis, en Alberta. Il aura alors la chance de faire le point sur les principaux problèmes internationaux et de donner le ton aux débats entre les démocraties industrialisées.
Le gouvernement fédéral souhaite que son voisin continue de s’impliquer au sein du G7, notamment en raison des intérêts mutuels des deux pays en matière de sécurité maritime du continent.
Les dirigeants du G7 pourraient s’entretenir au sujet des flottes fantômes
, ces navires qui transportent des produits faisant l’objet d’un embargo, des sabotages de câbles sous-marins, de la pêche illégale et de la perte de biodiversité.
Le Canada doit décider quels pays il compte inviter au sommet. L’Afrique du Sud, qui accueillera en novembre le sommet du G20, pourrait être conviée. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déjà reçu une invitation.
Une semaine plus tard, le premier ministre Carney devrait se rendre aux Pays-Bas pour participer au sommet annuel de l’OTAN.
Les Européens ont accusé M. Trump de vouloir saper la coalition en laissant entendre que les États-Unis ne viendraient pas à la rescousse des pays qui n’ont pas atteint leurs objectifs en matière de dépenses militaires.
Le Canada n’a jamais atteint la cible de dépenses militaires établie à 2 % de son PIB par l’OTAN en 2006.
Des observateurs s’inquiètent des intentions prêtées à la Russie d’obtenir plus de territoires en Ukraine et d’envahir d’autres pays, par exemple la Lettonie. Le Canada y a envoyé des troupes pour dissuader Moscou d’agresser ce pays balte.
L’Union européenne veut accroître ses dépenses militaires et renforcer son industrie militaire afin d’être moins dépendante des États-Unis. M. Carney a fait savoir qu’il aimerait que le Canada participe au projet nommé ReArm Europe. Il a aussi dit que le Canada est le plus européen des pays non européens
.
L’Asie
La Chine veut aussi profiter des méthodes d’intimidation de Donald Trump pour tenter de se rapprocher du Canada, même si M. Carney a déjà décrit Pékin comme étant la plus grande menace à la sécurité du Canada
.
Le Canada reproche aux autorités chinoises leur appui tacite à l’invasion russe de l’Ukraine.
Le gouvernement chinois a imposé des droits douaniers en représailles à la décision du gouvernement canadien d’imiter l’administration Trump en limitant l’entrée au pays de véhicules électriques et d’acier en provenance de la Chine. Ces nouveaux droits nuisent aux fermiers de l’Ouest canadien. Les premiers ministres veulent inciter Ottawa à en faire davantage pour faire lever les restrictions sur le canola et sur le porc.
Cependant, tout le commerce entre les deux pays n’est pas interrompu. La Chine achète davantage de pétrole brut au Canada. Pékin est le deuxième partenaire commercial du pays et souhaite accroître la collaboration entre les deux États dans des secteurs comme l’énergie propre.
M. Carney préfère jouer la carte de la prudence.
Nous voulons diversifier notre clientèle en commerçant avec des partenaires qui pensent comme nous. La liste des pays qui partagent nos valeurs en Asie ne comprend pas la Chine.
Le premier ministre Carney a déclaré au cours de la campagne électorale qu’il souhaitait accroître le commerce avec l’Inde, un pays actuellement en froid avec le Canada.
Il existe des tensions que nous n’avons pas provoquées, pour être franc. Il existe toutefois une voie pour régler ce problème en tout respect mutuel
, a-t-il dit le 26 avril.
Son prédécesseur Justin Trudeau avait accusé l’Inde d’être impliquée dans le meurtre, en juin 2023, de Hardeep Singh Nijjar, un militant de la cause sikh installé en Colombie-Britannique. La GRC avait dit qu’elle détenait des preuves de l’implication des autorités indiennes dans de nombreux crimes contre des sikhs canadiens.
Il y a un an, le ministre des Affaires étrangères de l’Inde avait indiqué que le Canada représentait le plus gros problème
de son pays. En 2023, il avait prétendu que le gouvernement canadien avait donné son appui au mouvement indépendantiste sikh.
Le gouvernement de Narendra Modi a longtemps penché pour les conservateurs, même si le premier ministre indien a rapidement félicité M. Carney pour sa victoire.
Aide au développement
Contrairement à de nombreux pays occidentaux, M. Carney a promis de ne pas réduire l’aide internationale.
Le moment est venu pour le Canada d’ouvrir la voie. Le Canada est un pays généreux pour les pays les plus vulnérables. Cela a toujours été notre rôle.
Toutefois, on ignore quelle sera la stratégie canadienne en la matière. Le gouvernement Trudeau avait fait l’objet de reproches en dévoilant une nouvelle approche d’aide aux pays africains qui ne comprenait pas de nouveaux programmes de financement destinés à accroître les investissements et le commerce avec ce continent.
Les dirigeants de l’Asie du Sud-Est, eux, se demandent si M. Carney suivra les traces de son prédécesseur, qui a participé aux sommets annuels de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. Cette région considère le Canada comme un partenaire stratégique depuis 2023. Elle a démontré un vif intérêt pour les ressources naturelles et pour l’industrie nucléaire canadienne.
Mark Carney ne devrait pas se démarquer de la position de Justin Trudeau à propos de la guerre au Moyen-Orient. Cette politique a été critiquée par des groupes juifs et musulmans, qui lui reprochent son caractère flou. La guerre entre Israël et le Hamas a donné lieu à de nombreuses manifestations au pays et a provoqué une augmentation du nombre de crimes à caractère haineux.
À l’instar de nombreux autres dirigeants mondiaux, M. Carney a récemment critiqué Israël pour avoir bloqué l’aide aux Palestiniens de la bande de Gaza.
Au cours de la campagne électorale, M. Carney a aussi pointé du doigt le rôle joué par l’Iran dans la déstabilisation du Moyen-Orient en appuyant des groupes comme le Hamas.
Source: Radio Canada