Moins de femmes élues au Québec

30 avril 2025
Moins de femmes élues au Québec

Assahafa.com

Moins de femmes sur les bulletins de vote, moins de femmes élues : la Chambre des communes devrait accueillir 26 députées québécoises, un léger recul par rapport au dernier mandat.

Mardi en fin de journée, 26 femmes étaient en voie d’être élues au Québec, soit le tiers des 78 sièges. Avant le scrutin, la Chambre des communes en comptait 28.

De ces élues, 19 sont issues du Parti libéral, 6 du Bloc québécois et 1 du Parti conservateur. À l’échelle du pays, 102 femmes ont fait leur entrée à la Chambre des communes selon les résultats préliminaires compilés par La Presse, ce qui représente près de 30 % des 343 sièges.

La professeure émérite de l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa Manon Tremblay s’attendait à une baisse du nombre de femmes élues. « Ça reflète bien l’époque conservatrice dans laquelle on vit à l’heure actuelle », dit celle qui a publié une quarantaine d’ouvrages sur la représentation politique des femmes et des personnes LGBTQ+ au Canada.

« On a probablement jugé que c’était moins important d’avoir des femmes, parce que la problématique à l’heure actuelle, c’est la guerre commerciale », dit Mme Tremblay. L’électorat a tendance à faire confiance aux femmes pour les questions sociales, comme l’éducation et la santé, explique la spécialiste.

Mais lorsqu’il est question de guerre, c’est vraiment une chasse gardée masculine.

Manon Tremblay, de l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa

Plusieurs ministres sortantes ont été facilement réélues. C’est le cas de Mélanie Joly, dans la circonscription d’Ahuntsic-Cartierville, de Rachel Bendayan, dans Outremont, et d’Élisabeth Brière, à Sherbrooke. Marjorie Michel, la candidate libérale dans Papineau qui a succédé à Justin Trudeau, a aussi aisément remporté la course.

Leur collègue Diane Lebouthillier, ancienne ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne et ancienne ministre du Revenu, a toutefois perdu sa circonscription au profit d’Alexis Deschênes, du Bloc québécois.

Dans Bellechasse–Les Etchemins–Lévis, Dominique Vien a emporté la victoire lundi sous la bannière conservatrice pour un deuxième mandat. À Trois-Rivières, la candidate libérale Caroline Desrochers a battu le député sortant René Villemure. Pour sa part, Nathalie Provost, une survivante de la tuerie de Polytechnique qui lutte contre les armes d’assaut au pays, a été élue pour les libéraux dans Châteauguay–Les Jardins-de-Napierville.

Moins de candidates

Les partis ont présenté moins de femmes candidates à ces élections qu’à celles de 2021. Cette baisse s’est reflétée dans presque tous les partis. « C’est vraiment désolant », estime la directrice générale du groupe Femmes, politique et démocratie, Esther Lapointe.

Autant au Québec qu’au Canada, 36 % des circonscriptions libérales étaient défendues par des femmes, selon la recension du groupe Femmes, politique et démocratie. Le parti de Mark Carney était donc loin de la zone paritaire, définie entre 45 % et 55 %.

Le Bloc québécois a vu son taux de candidatures féminines chuter à 41 %, en baisse de 6,4 points de pourcentage par rapport à 2021. Le Parti conservateur a aussi connu une baisse marquée, passant de 32 % à 28 % de candidatures féminines au Québec. Au Canada, le parti de Pierre Poilièvre n’a enregistré que 23 % de candidatures féminines.

Seul le Nouveau Parti démocratique (NPD) a atteint la zone paritaire avec 46 % de femmes candidates au Québec et 51 % à l’échelle du Canada. « Ils ont dans leur statut l’obligation de parité des candidatures. Élections après élections, ils sont toujours aux alentours de 50 % », explique Esther Lapointe.

« Ce n’est pas très glorieux »

« Le Canada est un pays extrêmement conservateur au regard de la représentation politique des femmes », dit Manon Tremblay. Le Canada se trouve au 70e rang du classement de l’Union interparlementaire basé sur le pourcentage de femmes dans les parlements nationaux.

Pour un pays aussi développé, ce n’est pas très glorieux. On pourrait faire mieux », dit-elle. À titre de comparaison, le Mexique est 4e au classement, avec plus de 50 % de femmes. Les États-Unis se trouvent en 78position, avec moins de 29 % de femmes.

Manon Tremblay estime qu’il faudrait obliger les partis politiques à inclure davantage de candidates, et ne pas les mettre dans des circonscriptions « perdues d’avance ».

Si on veut mettre un terme au déficit de représentation des femmes, il faut prendre des moyens sérieux et carrément privilégier des circonscriptions compétitives pour plusieurs femmes.

Manon Tremblay, de l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa

Le groupe Femmes, politique et démocratie réclame depuis plusieurs années une loi sur la parité, pour obliger tous les partis à présenter entre 45 et 55 % de candidatures féminines. « Avec cette loi, ça enverrait le message aux femmes qu’on a besoin de leurs talents et de leurs compétences », dit Esther Lapointe.

La baisse du nombre d’élues n’est pourtant pas attribuable à un désintérêt de l’électorat. À chaque scrutin depuis 2008, les femmes ont voté en plus grand nombre que les hommes, selon Élections Canada.

Source: la presse

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