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Des allusions à La petite vie, à Kevin Parent, à Cœur de Pirate et à Rock et Belles Oreilles… Mark Carney et Pierre Poilievre ont tous les deux grandi en Alberta, mais dimanche, les chefs libéral et conservateur étaient en mission pour séduire l’électorat québécois.
De passage à tour de rôle sur le plateau de Tout le monde en parle, les deux chefs ont livré leur plaidoyer, avant les affrontements officiels lors des débats des chefs, qui auront lieu mercredi, en français, et jeudi, en anglais.
Retour sur le passage des deux hommes au populaire rendez-vous du dimanche soir.
Poilievre a une histoire complètement différente
de celle de Trump
Pierre Poilievre a été le premier des deux chefs à se présenter sur le plateau de Guy A. Lepage et, comme c’est le cas depuis le début de cette campagne, la figure de Donald Trump a monopolisé une grande partie de la discussion.
D’entrée de jeu, M. Poilievre a plaidé sa cause : il est, selon lui, le meilleur chef pour affronter Donald Trump. Personne ne peut contrôler Donald Trump
, a-t-il dit. On doit contrôler ce qu’on peut contrôler.
Il a ainsi insisté sur la nécessité, selon lui, de rebâtir l’économie canadienne
. Il a répété sa promesse d’approuver rapidement des projets pour exploiter les ressources naturelles au pays, entre autres des projets de pipelines.
Des médias, dont Radio-Canada, ont fait état ces dernières semaines de tensions dans l’équipe de campagne conservatrice, entre autres sur la question du ton à adopter face au président américain. M. Poilievre a-t-il voulu ménager certains électeurs de sa base, plus réceptifs au discours de M. Trump?
Le chef conservateur juge qu’au contraire, il a attaqué férocement
Donald Trump, qui s’en est pris au meilleur ami des États-Unis
.
La pugnacité et le ton abrasif de M. Poilievre ont parfois invité les comparaisons entre son style et celui du président américain, un rapprochement que le chef conservateur a voulu faire éclater.
J’ai une histoire complètement différente [de Donald Trump]
, a-t-il affirmé. Lui vient d’une famille millionnaire. Moi je suis né d’une mère monoparentale, avec deux enseignants comme parents qui m’ont donné une origine modeste. Cette origine me donne la capacité de comprendre l’être humain.
Pierre Poilievre fait campagne sur la promesse brisée du Canada
, promettant une belle maison dans une rue sécuritaire, protégée par nos soldats courageux, sous notre fier drapeau
. Est-ce là seulement une version du rêve américain? lui a demandé l’animateur.
Non
, a répondu le chef conservateur. Aux États-Unis, c’est difficile de commencer en bas, et d’aller en haut.
Si vous travaillez fort, vous pourrez avoir n’importe quoi dans ce pays. C’était la promesse. Mais ce n’est plus le cas.
Au Canada, on dit « travaillez fort, vous allez avoir une belle vie. Vous allez avoir une école publique pour vos jeunes, vous allez avoir un [système de] santé publique pour vous protéger en cas de blessure ».
, a-t-il ajouté.
Carney dit partager les mêmes valeurs
que Trudeau, mais avoir des priorités différentes
L’entrevue avec M. Poilievre terminée, ce fut au tour de Mark Carney de répondre se prêter à l’exercice. Le chef libéral a dû répondre à de nombreuses questions sur son passé dans le secteur privé – sur le recours aux paradis fiscaux pour des fonds d’investissements, entre autres – mais aussi sur l’héritage de son prédécesseur, Justin Trudeau.
M. Carney n’a pas renié le legs de l’ex-premier ministre libéral, tout impopulaire eût-il été à la fin de son règne. M. Trudeau et lui partagent les mêmes valeurs
, a-t-il dit, citant entre autres la solidarité
, l’égalité
et la réconciliation [avec les peuples autochtones]
.
La différence, selon lui, réside dans les priorités. Moi, je mets l’accent sur l’économie
, a-t-il dit. M. Trudeau, il était, il faut le dire, moins intéressé à ça.
Reste que l’environnement, cause chère au gouvernement Trudeau, est relégué au second plan dans la présente campagne électorale, éclipsé par la question des relations canado-américaines.
Dans le contexte actuel, le chef libéral promet même de faire du Canada une superpuissance énergétique
et d’autoriser de grands projets pour exploiter les ressources naturelles, notamment le pétrole. Il ne ferme d’ailleurs pas la porte à la construction d’un grand oléoduc pour acheminer le pétrole d’ouest en est, qui passerait nécessairement par les terres québécoises. Il faut une acceptabilité sociale
, a-t-il nuancé.
Et les changements climatiques dans tout ça? Ils sont de plus en plus préoccupants
, a insisté Mark Carney. Y a-t-il là une contradiction entre ces deux discours? On doit faire les deux
, a-t-il plaidé.
Il a répété que c’est la crise actuelle qui l’amène à briguer le poste de premier ministre.
La vie est plus simple au secteur privé. Plus simple, plus payant, plus doux. Mais c’est trop important maintenant pour notre pays.
Il est plus facile
pour lui, a-t-il avoué d’emblée, d’être premier ministre que de faire campagne. Ses adversaires lui ont reproché à de nombreuses reprises ces derniers temps de s’éloigner du terrain pour gérer la crise avec les États-Unis.
Dans une crise, il faut prendre des décisions. Il faut avoir de l’audace. Être candidat, c’est différent. On fait des discours, on serre des mains. On regarde des vaches
, a-t-il décrit.
Il a toutefois ajouté du même souffle : C’est absolument nécessaire d’être candidat. Il faut avoir la confiance des gens
.
Après le chef du Nouveau Parti démocratique Jagmeet Singh la semaine dernière, Tout le monde en parle recevra finalement le chef bloquiste Yves-François Blanchet la semaine prochaine. Le Parti vert et son cochef Jonathan Pedneault seront des débats, mais n’ont pas reçu d’invitation pour la messe du dimanche soir.
Source: Radio Canada