Assahafa.com
Le chef libéral prévoit d’accélérer la cadence durant cette troisième semaine de campagne, avec sa première visite dans l’Ouest canadien depuis le déclenchement des élections. Ses positions sur les ressources naturelles, la loi et l’ordre et l’unité canadienne risquent d’être mises à l’épreuve.
Mark Carney part à la chasse au vote néo-démocrate en Colombie-Britannique.
Et Myriam semble prête à lui donner le sien, même si elle a voté NPD toute sa vie
. Cette fois, c’est différent. C’est la première fois que je vote autrement.
Selon elle, Mark Carney est l’homme de la situation. C’est de lui dont on a besoin
.
Il faut se défendre, Elbows Up! Ça prend une vision pour l’avenir, et il en a une.
Son amie Linda et elle attendent sous la pluie, à Victoria, en compagnie d’une centaine d’autres personnes, à l’extérieur d’une salle où le chef libéral doit prendre la parole dimanche soir.
Je suis membre du Parti vert. Mais je vais voter libéral aussi, à cause de Mark Carney.
Le chef libéral entame sa première visite de la campagne dans l’Ouest canadien dans cette province, là où la bataille s’annonce féroce entre les conservateurs et les libéraux, alors que le NPD semble en perte de vitesse.
L’île de Vancouver, qui n’a élu aucun député libéral en 20 ans, est totalement prenable
dit l’ex-ministre de l’Environnement Catherine McKenna, qui fait campagne ici pour les libéraux cette semaine. Elle reconnaît que les habitants de l’île se préoccupent de l’environnement et sont parfois contre l’établissement de corridor énergétique, comme l’a promis Mark Carney à l’aube de la campagne électorale.
Je ne supporterais pas Mark Carney s’il n’avait pas à cœur les changements climatiques.
Catherine McKenna tente de convaincre les résidents. Je leur dit : « Je sais que vous voulez de l’action sur les changements climatiques, alors vous devez voter pour Mark Carney, pas pour Pierre Poilievre qui nie les changements climatiques. »
Mark Carney doit rencontrer le premier ministre britanno-colombien David Eby lundi, pour aborder notamment la question des tarifs américains et la réponse canadienne.
Le néo-démocrate appuie officiellement Jagmeet Singh dans cette élection, mais n’hésite pas à se montrer en public avec le chef libéral, ce que les libéraux considèrent comme une demi-victoire.
Surtout dans une province où le NPD compte la moitié de son caucus actuel, et où les troupes de Jagmeet Singh doivent composer avec de forts vents de face dans cette élection.
Normalement, plusieurs circonscriptions de la C.-B. sont des luttes à trois, entre le PLC, le PCC et le NPD. Mais cette année, des luttes à deux se dessinent, car la menace économique provenant des États-Unis contribue à une polarisation du vote entre conservateurs et libéraux.
Lors du scrutin de 2021, les libéraux ont remporté 15 sièges, les conservateurs et les néo-démocrates 13 chacun, en plus d’Elizabeth May qui a gagné sa circonscription pour les verts. Les projections actuelles pour le scrutin du 28 avril laissent entrevoir des gains conservateurs et libéraux, et des pertes pour le NPD.
Crime et coût de la vie
Du côté conservateur, on déplore que Mark Carney ait attendu au 15e jour de la campagne avant de visiter l’Ouest canadien, alors que Pierre Poilievre y est déjà allé à deux reprises. Le chef néo-démocrate a visité la C.-B. la semaine dernière.
L’équipe de Pierre Poilievre fait valoir que les gens sur la côte ouest sont parmi les plus concernés par la crise du fentanyl et par la hausse du coût de la vie.
La question de la loi et l’ordre risque également de rattraper Mark Carney durant cette partie de la campagne. Les conservateurs ont attaqué à plusieurs reprises le candidat libéral et ex-maire de Vancouver Greg Robertson, qui était favorable aux sites d’injection supervisée et était au pouvoir lors de l’explosion des coûts du logement dans sa ville.
Pierre Poilievre était d’ailleurs en Colombie-Britannique dimanche pour faire la promotion de son intention de se débarrasser des sites d’injection supervisée. Il souhaite plutôt mettre l’accent sur les centres de désintoxication et de traitement.
Les conservateurs veulent également imposer des peines minimales obligatoires aux personnes reconnues coupables de nombreux crimes graves.
Le chef libéral se moque d’enfermer les trafiquants de fentanyl, d’armes à feu et de personnes
, lance le chef conservateur Pierre Poilievre.
L’aliénation de l’Ouest
Les positions de Mark Carney sur le développement des ressources énergétiques et sur l’aliénation de l’Ouest canadien seront également mises à l’épreuve au cours des prochains jours pendant des arrêts en Alberta et en Saskatchewan.
En début de campagne, le chef libéral a confirmé que son gouvernement maintiendrait le plafonnement des émissions de la production pétrolière et gazière s’il était élu, mais qu’il accélérerait les investissements dans la captation du carbone pour atteindre ces objectifs de réduction des émissions dans le secteur pétrolier et gazier.
Mark Carney a ajouté qu’il travaillerait avec l’industrie et les provinces sur des moyens concrets d’obtenir ces réductions.
Les conservateurs font remarquer que le chef libéral a un discours parfois divergent sur la question des ressources naturelles. En février, durant la course à la direction libérale, Mark Carney promettait au Québec d’avoir un droit de veto sur tout projet d’oléoduc devant traverser son territoire.
Alors que dans un discours à Kelowna autour de la même période, il promettait d’utiliser tous les pouvoirs du gouvernement fédéral, y compris les pouvoirs d’urgence, pour accélérer les grands projets dont nous avons besoin
.
À l’aube de la campagne électorale, à la suite d’une rencontre avec les premiers ministres, Mark Carney a promis de travailler avec les provinces afin d’établir un corridor énergétique est-ouest et d’accélérer le processus d’évaluation environnementale.
Séparatisme albertain?
À cela s’ajoute la question du séparatisme albertain, soulevée la semaine dernière par l’ex-chef du Parti réformiste, Preston Manning.
Dans une lettre ouverte au quotidien The Globe and Mail, Preston Manning avertit les électeurs de l’Atlantique, du Québec et de l’Ontario que, selon lui, un vote pour les libéraux de Carney équivaut à un vote pour la sécession de l’Ouest
.
Si Mark Carney demeure premier ministre, il sera désigné dans les livres d’histoire, de manière tragique et inutile, comme le dernier premier ministre d’un Canada uni
, croit l’ex-chef réformiste.
Selon lui, les libéraux exploitent la peur du président Trump pour obtenir le soutien d’électeurs facilement effrayés
et que s’ils sont portés au pouvoir, le soutien populaire en faveur de la sécession de l’Ouest […] actuellement centré en Alberta et en Saskatchewan […] pourrait s’étendre à une grande partie de la Colombie-Britannique et du Manitoba
.
La première ministre de l’Alberta Danielle Smith a laissé la porte ouverte à un référendum d’initiative citoyenne, qui pourrait demander la séparation de l’Alberta, si jamais les libéraux remportent l’élection en cours.
De son côté, le premier ministre de la Saskatchewan Scott Moe a déclaré qu’il ne pousserait pas jusqu’à parler d’une crise de sécession de l’Ouest pour le moment
.
Le chef libéral Mark Carney a répondu à M. Manning cette semaine en affirmant que de tels commentaires dramatiques ne sont pas utiles à un moment où les Canadiens se rassemblent
.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a aussi dénoncé les propos de M. Manning. Nous devons unir le pays. Nous devons rassembler tous les Canadiens dans un esprit de terrain d’entente commun
, a-t-il déclaré.
Source: Radio Canada