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C’est le statu quo : les changements que le directeur général des élections du Québec (DGEQ) projetait d’apporter dans les bureaux de vote en 2026 ne seront pas mis en œuvre.
Le DGEQ renonce à utiliser des urnes électroniques et à étendre l’usage de ses listes électorales informatisées, des solutions technologiques déjà mises en œuvre dans plusieurs autres provinces canadiennes et qu’il souhaitait déployer l’an prochain.
Un appel d’intérêt avait été lancé en février 2024 et des fournisseurs capables d’offrir de telles solutions s’étaient manifestés, a assuré la porte-parole d’Élections Québec, Julie St-Arnaud Drolet, en entrevue à Radio-Canada. C’est plutôt pour des raisons politiques que le projet a dû être abandonné, a-t-elle expliqué.
Au moins un parti s’est opposé à ces changements, a indiqué la porte-parole, qui n’a pas souhaité donner plus de détails.
Or, l’article 489 de la Loi électorale stipule que toute nouvelle modalité d’exercice du droit de vote doit recevoir l’appui de tous les chefs de parti élus à l’Assemblée nationale, a-t-elle expliqué.
Selon nos informations, c’est le Parti québécois (PQ) qui s’est opposé aux changements proposés par Élections Québec, tandis que la Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec solidaire (QS) les avaient tous avalisés.
Interrogés par Radio-Canada sur les raisons qui ont poussé le PQ à agir de la sorte, ses représentants se sont limités à dire que les délibérations entre les partis et les raisons invoquées
ne faisaient pas partie du domaine public
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Un projet pilote pour… 2030?
Selon les modalités proposées par le DGEQ, les urnes électroniques n’auraient pas été utilisées par les électeurs, qui auraient continué à voter sur des bulletins imprimés, mais par les travailleurs d’élections, qui y auraient glissé les bulletins de vote afin d’accélérer le dépouillement une fois les bureaux de scrutin fermés.
Les listes électorales informatisées, quant à elles, sont déjà utilisées pour le vote sur les campus et au bureau du directeur de scrutin, mais pas le jour du vote ni lors du vote par anticipation, qui est de plus en plus populaire.
Le recours à un tel procédé, une fois élargi, aurait permis d’accélérer le parcours des électeurs, qui auraient pu se rendre à n’importe quelle table pour s’identifier avant de voter, explique Élections Québec.
L’introduction de ces deux solutions, qui aurait notamment permis d’atténuer certaines difficultés en matière de recrutement du personnel électoral, était présentée comme un projet pilote destiné à moderniser
les bureaux de scrutin. L’expérience devait s’étendre à une cinquantaine de lieux de vote répartis dans une douzaine de circonscriptions.
Ce ne sera pas le cas, du moins lors des élections générales de 2026, qui auront lieu au plus tard le 5 octobre de cette année-là.
Un tel abandon, cela dit, ne signifie pas que ce projet ne verra jamais le jour. C’est sûr qu’à la suite des élections de 2026, on va relancer le projet pilote, a déclaré Julie St-Arnaud Drolet en entrevue. Ça fait partie des recommandations qu’on formule à l’Assemblée nationale, donc c’est certain qu’on va revenir à la charge.
Deuxième repli en un an
Ce recul s’ajoute à l’abandon d’un autre projet pilote, qui devait permettre à certains électeurs de voter par Internet aux municipales de novembre.
En janvier 2024, le DGEQ avait accepté de mener l’exercice dans les 21 villes qui s’étaient montrées intéressées à y participer.
Il a toutefois décidé de faire marche arrière trois mois plus tard, en avril, voyant que les entreprises qui avaient manifesté leur intérêt pour fournir la technologie nécessaire n’étaient finalement pas en mesure de répondre à ses besoins.
Des experts en sécurité avaient entre-temps exprimé des craintes quant aux risques associés à ce projet.
2005, un mauvais souvenir
Ce n’est pas la première fois que le Québec flirte avec l’idée d’introduire des solutions technologiques pour moderniser l’exercice du droit de vote et faciliter le dépouillement des urnes.
Aux élections municipales de 2005, pas moins de 140 localités, dont les villes de Montréal, de Québec, de Sherbrooke et de Lévis, avaient fait l’essai de terminaux de vote ou d’urnes électroniques pour remplacer le vote traditionnel.
Plusieurs d’entre elles avaient toutefois connu des problèmes, notamment des pannes de système, des difficultés dans la transmission des résultats, des problèmes avec les listes électorales et des rejets anormaux de bulletins de vote.
Le DGEQ avait alors décrété un moratoire sur toute nouvelle demande d’utilisation du vote électronique.
Depuis, toutefois, 20 années se sont écoulées et, selon Julie St-Arnaud Drolet, Élections Québec a tiré de ces ratés
des enseignements
qui, encore aujourd’hui, guident [ses] travaux sur la modernisation du processus de vote
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Source: Radio Canada