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Le secrétaire d’État américain Marco Rubio estime que le souhait du président Donald Trump d’absorber son voisin du nord est un simple « désaccord » avec le gouvernement du Canada, le décrivant comme un argument de vente qui peine à cheminer.
« Le gouvernement canadien a clairement fait savoir sa position à ce sujet », a lâché le chef de la diplomatie des États-Unis lors d’un point de presse de clôture de la rencontre ministérielle du G7, vendredi, ne cachant pas son agacement d’avoir à répondre à des questions à ce sujet.
« Le président a expliqué pourquoi il pense que le Canada aurait avantage à se joindre aux États-Unis pour des raisons économiques, a-t-il poursuivi. Il y a un désaccord entre la position du président et la position du gouvernement canadien. »
Mais le président Trump est-il sérieux ? Au lieu de répondre à la question de façon directe, Marco Rubio a préféré faire la genèse de la rhétorique de la Maison-Blanche sur le 51e État – une remarque dont le réseau Fox News a été le premier à rapporter.
« Il rencontre Trudeau, et Trudeau lui dit essentiellement que si les États-Unis imposent des tarifs au Canada, le Canada ne pourrait survivre comme État-nation, ce à quoi le président a répondu que le Canada devrait devenir un État », a exposé Marco Rubio d’un air exaspéré.
Et l’enjeu n’a pas été soulevé une fois pendant les pourparlers à Charlevoix, a-t-il insisté auprès des médias américains à qui il s’est adressé. « Évidemment, il en a été question avec la ministre des Affaires étrangères du Canada, mais ce n’était pas à l’ordre du jour », a indiqué l’envoyé de Washington.
« On ne plaisante pas avec la souveraineté »
Son homologue canadienne en a en effet entendu parler – et les délégations européennes qui étaient invitées à La Malbaie aussi. La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a cependant nié que ses vis-à-vis aient voulu jouer de prudence dans leur démonstration de solidarité à l’endroit du Canada.
« Mes collègues sont ici au pays, et ils reconnaissent la souveraineté de l’État canadien, un point, c’est tout, a-t-elle argué en conférence de presse de clôture. Et j’ai eu beaucoup de soutien de mes collègues européens et européennes. Pour moi, ce n’est même pas une question qui devrait être discutée. »
Sans vouloir révéler les détails de ses discussions avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio, avec qui elle a eu une longue conversation, elle a insisté sur le fait qu’elle ne lui laissait « pas un centimètre pour contester la souveraineté canadienne ».
« On ne plaisante pas avec la souveraineté d’un pays », a lancé la ministre en anglais.
Son homologue de l’Allemagne, Annalena Baerbock, a fini par voler à son secours, vendredi. « Les frontières sont inviolables. En Ukraine, au Groenland, au Panama, au Canada. Où que ce soit dans le monde, elles sont inviolables », a-t-elle tranché lors de sa conférence de presse de clôture.
« C’est, en quelque sorte, notre assurance-vie à tous », a ajouté la représentante de Berlin.
Leur confrère italien Antonio Tajani a quant à lui refusé de s’en mêler. « Je considère que ce n’est pas mon travail. Le Canada restera le Canada », a-t-il laissé tomber en mêlée de presse, préférant vanter « l’unité » qui règne au sein du G7.
La réunion ministérielle s’est conclue vendredi avant-midi, alors qu’à Ottawa, Mark Carney était assermenté 24e premier ministre du Canada. À ce titre, il a choisi d’effectuer sa première visite officielle sur le continent européen.
Une déclaration « forte » sur l’Ukraine
Un consensus sur le langage à employer est intervenu concernant la proposition de cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, que le Canada et l’Union européenne (UE) soutiennent. Le communiqué publié vendredi avant-midi réaffirme le « soutien indéfectible à l’Ukraine dans la défense de son intégrité territoriale ».
« Nous avons salué l’engagement de l’Ukraine en faveur d’un cessez-le-feu immédiat [et] nous avons appelé la Russie à accepter un cessez-le-feu » et à le mettre « pleinement en œuvre », lit-on dans le document de six pages.
Avant son arrivée à La Malbaie, le secrétaire d’État Rubio avait prévenu que la Maison-Blanche s’opposerait à tout langage « hostile » envers Moscou. « Nous ne pouvons approuver un communiqué qui ne corresponde pas à notre position, celle d’amener les deux parties à la table » des négociations, disait-il.
Pas de solution à deux États noir sur blanc
Nulle part n’est-il écrit noir sur blanc dans ce communiqué que le G7 appuie une solution à deux États.
Peu avant la publication du communiqué, la ministre Joly a insisté sur le fait que la position canadienne était claire. « Nous croyons en la solution à deux États, point […] Et je crois qu’il y a un appui fort pour cette approche », a-t-elle indiqué.
Pour ce conflit comme pour l’invasion illégale du territoire ukrainien par la Russie, l’administration Trump a brusquement changé de cap, le président des États-Unis proposant de vider la bande de Gaza de ses habitants pour en faire une sorte de station balnéaire.
Source: la presse