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En dépit de la volonté exprimée par le nouveau chef libéral Mark Carney d’abolir la taxation carbone pour les citoyens, le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, continue de penser que c’est « une bonne politique publique ».
Rappelons que, très tôt dans sa campagne, M. Carney a déclaré qu’il abolirait la taxation carbone pour les consommateurs s’il prenait les rênes du gouvernement, jugeant la mesure inefficace.
Or, dans une entrevue accordée à ICI RDI au lendemain de l’écrasante victoire de Mark Carney dans la course à la direction du PLC, Steven Guilbeault, qui a longtemps travaillé à la mise en place de la tarification du carbone, a estimé que cette politique est toujours utile.
Il y a deux éléments dans notre tarification : un pour les grandes entreprises et un pour les consommateurs
, a-t-il distingué d’entrée de jeu.
Celui que M. Carney veut abolir, c’est l’élément pour les consommateurs
, a poursuivi le ministre, car celui pour les grandes entreprises nous donne trois fois plus de réduction des émissions
.
Le volet taxation du carbone pour les consommateurs consiste à leur imposer une taxe à la pompe sur les combustibles comme l’essence ou le gaz naturel. En avril 2024, cette taxe s’établissait à environ 3 cents le litre d’essence.
Tout l’argent récolté par la tarification est ensuite retourné aux particuliers, aux agriculteurs, aux PME et aux gouvernements autochtones provinciaux. Le but étant de sensibiliser les consommateurs davantage à leur consommation de carburants fossiles.
Les gens ne comprennent pas ce mécanisme-là. Moi je continue de penser que c’est une bonne politique publique, mais hélas qui a fait son temps au niveau de l’acceptabilité sociale.
La raison pour laquelle M. Carney veut l’abolir [la taxe aux consommateurs] – et c’était la même chose pour Mme Freeland, le NPD et même des groupes écologistes – c’est parce que c’est devenu hélas très impopulaire
, est forcé de constater M. Guilbeault.
Une impopularité qu’il attribue essentiellement à la campagne très active qu’ont menée les conservateurs contre cette politique, en faisait même leur principal slogan Axe the tax
ou Supprimer la taxe
en français.
Mais cette volte-face de son nouveau chef ne semble pas ébrécher la confiance de M. Guilbeault, qui estime que Mark Carney est probablement l’une des personnes qui connaissent le mieux les changements climatiques et le rôle des outils financiers dans la lutte contre les changements climatiques
.
Il a conseillé le secrétaire général des Nations unies là-dessus au cours des dernières années. Il a codirigé un regroupement d’investisseurs, de banques et de compagnies d’assurance qui gèrent des actifs de 1700 milliards de dollars et ils veulent travailler ensemble dans la lutte aux changements climatiques
, a souligné M. Guilbeault.
J’ai eu plusieurs conversations avec M. Carney et je pense que, sur la question du climat, sur la question de la biodiversité, on va continuer de faire des progrès sous son leadership.
En ce qui a trait au rôle qu’il jouera dans le prochain cabinet de Mark Carney, Steven Guilbeault s’est montré prudent.
On verra qui en fera partie. On le saura probablement dans les prochains jours
, a-t-il lancé, avant d’ajouter : Mais je pense que ce que les Canadiens et Canadiennes recherchent présentement, c’est quelqu’un qui va être capable de faire face à Donald Trump.
Et à ce chapitre, il n’a aucun doute sur les compétences de son nouveau patron. Un homme qui, selon lui, a déjà démontré qu’il est capable de gérer des crises
.
Pierre Poilievre n’a jamais eu un emploi dans sa vie autre que de travailler en politique. […] M. Carney a dirigé la banque centrale du Canada, il a été chez Goldman Sachs, il a été haut fonctionnaire fédéral. Il est le premier gouverneur de la banque centrale de Grande-Bretagne à ne pas être Britannique. Il a une feuille de route impressionnante
, a-t-il rappelé.
Source: Radio Canada