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Dans le plan qu’il propose pour assurer la défense de l’Arctique face aux visées expansionnistes de la Russie et de la Chine, le chef conservateur Pierre Poilievre promet, s’il est élu, de faire construire deux nouveaux brise-glaces, de doubler les effectifs des Rangers et d’établir une base militaire permanente à Iqaluit.
Le tout serait réalisé très rapidement, promet-il, et financé à partir des milliards que le Canada verse chaque année en aide étrangère. De l’argent qui ne bénéficie, selon lui, qu’aux dictatures et aux bureaucrates.
Toutes ces améliorations vont être financées par une réduction importante de l’aide étrangère dont une grande partie va aux dictateurs, aux terroristes et aux bureaucraties mondiales.
Rappelons que la semaine dernière, Donald Trump a de son côté mis sous tutelle l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et veut réévaluer toute l’aide de son pays à l’étranger. Selon lui, l’aide internationale sert à déstabiliser la paix mondiale
.
Selon les calculs de Pierre Poilievre, son plan de défense de l’Arctique sera entièrement financé par les coupes qu’il compte faire dans l’aide étrangère. Dans la mesure où son plan coûtera moins cher que les sommes qu’il compte y amputer, M. Poilievre espère du même coup réduire le déficit financier du gouvernement fédéral avec les sommes résiduelles.
On doit ramener notre argent ici, au Canada, pour notre monde, pour notre défense. C’est fini de donner notre argent au reste du monde
, a-t-il martelé.
Selon les données budgétaires fédérales, le Canada a consacré 6,88 milliards de dollars à l’aide internationale en 2023-2024 contre 8,1 milliards en 2022-2023.
Dans une vidéo mise en ligne sur X, Pierre Poilievre déclare qu’il est grand temps que le gouvernement canadien s’occupe de la défense de l’Arctique à l’heure où les grandes puissances mondiales convoitent les ressources et les futures routes maritimes de cette région stratégique que libèrera la fonte des glaces.
Soulignant que les forces canadiennes ont découvert la présence de bouées de surveillance chinoises ainsi que de soi-disant navires de recherche chinois dans les eaux de l’Arctique ces dernières années, il ajoute que la Russie, elle, est carrément passée à la vitesse supérieure.
Le Pentagone a aussi mis en garde contre d’éventuelles actions russes dans l’Arctique comme le brouillage des satellites GPS
, a affirmé le chef conservateur en rappelant que les Russes possèdent la plus grande flotte de brise-glaces arctiques en activité, sans compter les sous-marins et les navires de surface. Il a ajouté que Moscou multiplie par ailleurs ses bases dans l’Arctique alors que le Canada n’y possède aucune base militaire permanente depuis la fin de la guerre froide.
Des forces hostiles veulent nos ressources, nos routes maritimes et être à distance de frappe de notre continent
, a-t-il ajouté.
Après neuf ans d’incompétence et de mépris des libéraux, notre armée est affaiblie et nos alliés ne nous respectent plus. Notre sécurité, notre territoire et nos échanges commerciaux avec les États-Unis exigent qu’on reprenne le contrôle du Nord canadien.
Une base permanente au Nunavut
Pour renforcer la souveraineté canadienne dans ces vastes territoires qui comptent pour 75 % de notre littoral et pour 40 % de notre superficie continentale, Pierre Poilievre promet dans un premier temps d’ouvrir une base militaire permanente à Iqaluit, au Nunavut.
Une base sera installée et en fonction dans les deux années qui suivront son élection, promet-il.
Dotée d’un port en eaux profondes et de pistes d’atterrissage capables d’accueillir des vols militaires, Iqaluit serait l’emplacement idéal pour y établir cette base, croit le chef conservateur.
M. Poilievre y déploierait une escadre complète des nouveaux chasseurs F-35 dont doit prendre livraison le Canada ainsi que des appareils de surveillance Poseidon P8 pour renforcer la lutte anti-sous-marine, la surveillance et le renseignement ainsi que la recherche et le sauvetage.
Le fait qu’Iqaluit soit déjà une ville permettrait de briser l’isolement des militaires en plus de contribuer au développement et à la prospérité de la région, estime-t-il.
Outre une base permanente en Arctique, Pierre Poilievre promet, s’il est élu, de commander deux brise-glaces lourds supplémentaires pour la marine royale canadienne. Des bâtiments qui s’ajouteraient aux deux bateaux déjà en construction pour la garde côtière.
En éliminant les problèmes et la bureaucratie, Pierre Poilievre estime qu’il sera capable de livrer les quatre bâtiments d’ici 2029.
En ce qui a trait aux troupes au sol, le chef conservateur promet de doubler les effectifs du 1er groupe de Rangers canadiens déployés au Yukon, dans les Territoires-du-Nord-Ouest et au Nunavut. Leurs effectifs, actuellement à 2000, passeraient à 4000.
Ces trois mesures ne sont que le début de mon plan « Le Canada d’abord pour le Nord ». Elles vont s’ajouter au plan de mise à jour de la défense et de modernisation du NORAD qui inclut déjà des missiles air-air avancés, des avions de ravitaillement ainsi que l’amélioration des quatre sites d’opération d’Inuvik, de Yellowknife, de Goose Bay et de la nouvelle base d’Iqaluit.
Où en est la défense de l’Arctique?
En avril 2024, le gouvernement Trudeau a annoncé une série d’investissements pour augmenter la présence des Forces armées canadiennes (FAC) dans l’Arctique ainsi qu’une modernisation de ses équipements militaires pour faire face aux nouvelles menaces
dans la région.
La mise à jour de la politique de défense nommée Notre Nord, fort et libre : une vision renouvelée pour la défense du Canada
, prévoit près de 73 milliards $ d’investissement pour les 20 prochaines années.
Ottawa souhaite, par exemple, obtenir de nouveaux capteurs maritimes spécialisés, au coût de 1,4 milliard $.
Des contrats ont aussi été attribués en septembre 2024 pour la construction de deux brise-glaces polaires qui figureront parmi les bâtiments du genre les plus puissants au monde, selon la Garde côtière canadienne.
En 2022, Ottawa annonçait également vouloir investir 4,9 milliards de dollars sur six ans pour moderniser et améliorer les installations de détection radar du NORAD.
Le 6 décembre dernier, le gouvernement Trudeau a aussi dévoilé sa stratégie de politique étrangère pour l’Arctique, qui consiste à renforcer les efforts diplomatiques d’Ottawa dans la région pour faire face à la menace grandissante que posent la Chine et la Russie dans le Grand Nord.
Dans un document de 40 pages dévoilé à Ottawa, on apprenait l’ouverture prochaine de consulats en Alaska et au Groenland ainsi que la nomination d’un ambassadeur pour l’Arctique.
Le poste d’ambassadeur doit renforcer la coopération avec les autres pays de la région, notamment sur le plan militaire et scientifique.
Source: Radio Canada