Trump veut réellement absorber le Canada

8 février 2025
Trump veut réellement absorber le Canada

Assahafa.com

Jamais les Américains ne voudraient absorber le Canada, assure le Canadian American Business Council. C’est pourtant ce qu’a compris le premier ministre Justin Trudeau lors de ses récentes conversations avec le président des États-Unis, Donald Trump. La nouvelle administration américaine convoite nos minéraux critiques, cruciaux pour la sécurité énergétique du pays.

« M. Trump pense que le moyen le plus simple d’y parvenir est d’absorber notre pays, et c’est une réalité », a affirmé M. Trudeau devant quelque 200 dirigeants des secteurs du commerce, des affaires, des politiques publiques et du mouvement syndical réunis pour le Sommet économique Canada–États-Unis. L’évènement a été organisé à la dernière minute par son gouvernement.

Ses propos tenus à huis clos ont été diffusés par la CBC et rapportés également par le Toronto Star et le Globe and Mail. Il les a prononcés peu de temps après que les médias eurent quitté la salle, mais une caméra du diffuseur public enregistrait toujours. Le son a été coupé abruptement lorsque l’équipe du premier ministre s’est rendu compte qu’il était enregistré.

« Sommes-nous en sécurité maintenant ? », avait dit M. Trudeau quelques minutes auparavant, en faisant référence au fait que les médias ne pourraient pas capter ce qui se dirait. La Presse a pu entendre une partie de ses propos d’une mezzanine.

Il a par la suite parlé du lien entre l’intérêt des Américains pour les minéraux critiques canadiens et de l’idée avancée régulièrement par le président Trump de faire du Canada le 51État des États-Unis. M. Trump l’avait évoquée pour la première fois à la fin du mois de novembre lorsqu’il avait invité M. Trudeau à souper dans son domaine de Mar-a-Lago, en Floride.

Le ministre Dominic LeBlanc avait d’abord considéré les propos de M. Trump comme une plaisanterie avant de se raviser il y a un mois lorsque le président américain a déclaré en conférence de presse qu’il n’avait pas l’intention d’utiliser la force militaire pour annexer le Canada, mais plutôt la « force économique ».

« On doit avoir peur de cet homme-là. On doit s’en préoccuper. On doit s’en défendre parce qu’il se prend au sérieux », a réagi la présidente de la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ), Magali Picard, qui participait au rassemblement.

Une source confidentielle nous a indiqué que M. Trudeau avait également abordé ses discussions avec M. Trump et le fait que ce dernier avait quatre pages de motifs contre le Canada. Tous les participants s’étaient engagés à respecter la confidentialité des échanges.

Cette idée d’annexer le Canada aux États-Unis a fait son chemin jusque sur le site d’Amazon qui regorge de marchandises à l’effigie du 51État. « Sirop d’érable et liberté », lit-on sur une tasse à café avec des images d’une bouteille de sirop, un orignal et un aigle superposées sur fond de drapeau américain. Une affiche montre une image de Donald Trump sur une carte du Canada et des États-Unis.

« Les Américains ne voudraient jamais envahir, prendre le contrôle ou absorber le Canada », a assuré la directrice du Canadian American Business Council, Beth Burke, qui a participé au Sommet. L’organisme, créé en 1987 lors des premières négociations de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, fait la promotion du commerce transfrontalier.

Nous considérons le Canada comme notre plus proche allié, ami et partenaire. Et donc je pense que si vous posiez la question à n’importe quel Américain ordinaire, il ne supposerait jamais que ce serait réel.

 Beth Burke, directrice du Canadian American Business Council

Elle estime plutôt que Donald Trump tente de créer un rapport de forces en vue de la renégociation de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique.

« Il est clair que la sécurité énergétique est une priorité de l’administration Trump. Je crois que les minéraux critiques en sont une grande partie. Le Canada est plus avancé dans le développement de ses ressources et en a plus que les États-Unis », a-t-elle fait valoir.

Bien que certains Américains pourraient être tentés de s’acheter une casquette à l’effigie du 51e État, l’idée ne plaît pas à la majorité, selon un sondage effectué en janvier par la firme Angus Reid de part et d’autre de la frontière. Près de la moitié des Américains (49 %) s’opposeraient à l’annexion du Canada à leur pays. C’est deux fois plus que ceux qui y seraient favorables (25 %)1.

Le Sommet économique Canada–États-Unis a été organisé rapidement par le gouvernement fédéral après l’obtention d’un sursis d’au moins 30 jours avant que l’administration Trump n’impose des tarifs douaniers de 25 % sur les importations canadiennes. Il est piloté par le Conseil sur les relations canado-américaines mis sur pied par M. Trudeau à la mi-janvier et dont fait partie l’ex-premier ministre Jean Charest. Celui-ci était toutefois absent vendredi.

L’objectif de la rencontre visait à trouver des moyens de « garantir la résilience de notre économie » alors que le Canada pourrait faire face à « une situation politique à long terme plus difficile avec les États-Unis », a expliqué M. Trudeau lors de son discours d’ouverture.

C’est l’équipe Canada à son meilleur.

 Justin Trudeau, premier ministre du Canada

La perception des participants a changé au fil de la rencontre, selon Mme Picard. « Au début, on entendait oui, il va falloir avoir une riposte, nous aussi mettre des taxes, mais on entendait aussi, mais pas dans notre secteur. C’est bon pour les autres, mais pas chez nous », a-t-elle raconté.

« Là, je pense que tout le monde réalise qu’on ne peut pas avoir ce discours-là, a-t-elle continué. Il va falloir que ça soit une position unie et que tout le monde se tienne debout pour dire à cet homme-là, le Canada c’est un pays fier, c’est un pays qui a des ressources naturelles et elles ne sont pas à donner ou à vendre. On le fait, mais on le fait d’une façon responsable. »

Le plan du gouvernement fédéral repose sur trois piliers : l’amélioration du libre-échange à l’intérieur du Canada, la consolidation des relations commerciales avec les États-Unis et la diversification des marchés d’exportation à l’international.

Source: la presse

Derniers articles
Les cookies nous permettent de personnaliser le contenu et les annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Nous partageons également des informations sur l'utilisation de notre site avec nos partenaires de médias sociaux, de publicité et d'analyse.
j'accepte!