Les provinces et territoires préparent leurs ripostes aux tarifs douaniers américains

3 février 2025
Les provinces et territoires préparent leurs ripostes aux tarifs douaniers américains

Assahafa.com

Pénalités aux fournisseurs américains dans les appels d’offres, retrait des alcools américains des tablettes, augmentation du péage pour les véhicules commerciaux américains : les provinces préparent leurs ripostes à l’imposition de droits de douanes américains sur les produits canadiens.

Après plusieurs semaines d’incertitude, le président américain a finalement officialisé l’imposition des droits de douane de 25 % sur tous les produits en provenance du Canada. Le pétrole et le gaz seront taxés, eux, à hauteur de 10 %. Au total, le Canada expédie 594 milliards de dollars de marchandises aux États-Unis chaque année, ce qui correspond à 77 % de toutes ses exportations.

Tour d’horizon des réactions d’un océan à l’autre.

Le premier ministre néo-démocrate David Eby a qualifié l’annonce du président américain de trahison totale du lien historique entre nos pays et de déclaration de guerre économique contre un allié de confiance.

Une évaluation préliminaire réalisée par le gouvernement de la Colombie-Britannique en janvier 2025 révèle que la province pourrait subir une perte cumulée de 69 milliards de dollars d’activité économique entre 2025 et 2028 ainsi que la perte de plus de 120 000 emplois.

La Régie des alcools de la Colombie-Britannique n’achètera plus d’alcool d’États républicains. Dimanche, des bouteilles commençaient déjà à être retirées des tablettes. Par ailleurs, le gouvernement provincial et les sociétés d’État arrêteront d’acheter des produits d’entreprises américaines et de solliciter leurs services.

En Alberta

La première ministre albertaine, Danielle Smith, s’est dite déçue que Donald Trump impose finalement des tarifs douaniers.

Cette décision nuira aussi bien aux Canadiens qu’aux Américains et mettra à mal l’importance des relations et de l’alliance entre nos deux pays, a-t-elle affirmé samedi dans une publication sur X.

Elle s’attribue néanmoins le mérite d’une victoire partielle pour le secteur pétrolier, puisque le pétrole et le gaz ne seront taxés qu’à hauteur de 10 %. L’Alberta produit à elle seule 84 % du pétrole brut du pays, ce qui équivaut à 114 679 M$ en exportations pour cette province.

Nous prenons note de la réduction à 10 % des droits de douane sur l’énergie canadienne, qui est en partie une reconnaissance de l’effort diplomatique mené par notre gouvernement et par notre industrie auprès de l’administration américaine.

Une citation deDanielle Smith, première ministre de l’Alberta

En Saskatchewan

Le premier ministre saskatchewanais, Scott Moe, a pour sa part jugé la décision de l’administration Trump de décevante, car les exportations de la Saskatchewan sont essentielles pour soutenir la sécurité alimentaire et énergétique en Amérique du Nord et dans le monde entier.

L’économie de la Saskatchewan mise en grande partie sur l’exportation de pétrole aux États-Unis, qui n’écope que d’une taxe de 10 %.

Au Manitoba

Un message d’unité qui appelle les Canadiens à être solidaires a été publié sur les réseaux sociaux par le chef du gouvernement manitobain, Wab Kinew. Dimanche, il a annoncé que la Société des alcools et loteries du Manitoba cessera de vendre des produits importés des États-Unis dès mardi.

Chaque jour, cette semaine, notre gouvernement va annoncer de nouvelles mesures visant à protéger vos emplois et à sauvegarder notre économie nationale, a soutenu M. Kinew dans une série de publications sur X.

Si vous voulez trouver des moyens de riposter, achetez localement et achetez canadien. L’endroit où vous dépensez votre argent est l’un des choix les plus importants que vous pouvez faire.

Une citation deWab Kinew, premier ministre du Manitoba

Cette province des Prairies exporte 100 % de son électricité, de son pétrole brut, de ses camions, de ses autobus et de ses autocars chez nos voisins du Sud. La valeur totale des exportations manitobaines vers les États-Unis représente 15,5 G$ annuellement.

En Ontario

En pleine campagne électorale, le premier ministre ontarien, Doug Ford, a promis de faire regretter à M. Trump ses tarifs douaniers en répliquant dollar pour dollar, tarif pour tarif. Avec 251,7 G$, l’Ontario est la province canadienne qui exporte le plus de marchandises aux États-Unis, surtout dans le secteur automobile, qui représente près du tiers des exportations.

Doug Ford a annoncé dimanche que la province cessera d’acheter de l’alcool aux États-Unis.

À partir de mardi, nous retirons les produits américains des rayons de la Régie des alcools de l’Ontario [LCBO]. En tant que seul grossiste en alcool de la province, la LCBO retirera également les produits américains de son catalogue afin que les autres détaillants et les restaurants de l’Ontario ne puissent pas commander de produits américains ni s’en réapprovisionner, a écrit le premier ministre ontarien sur X.

Chaque année, a-t-il rappelé, la LCBO vend pour près d’un milliard de dollars de vins, de bières, de spiritueux et d’eau de Seltz américains. Ce ne sera plus le cas.

Au Québec

Il y aura des contre-tarifs de 25 % dès mardi, a affirmé le premier ministre québécois, François Legault, lors d’un point de presse.

Le Québec produit 87,5 % de l’aluminium canadien, et 90 % de cet aluminium est par la suite vendu aux États-Unis. Le secteur des aéronefs pourrait également écoper des tarifs douaniers imposés par les Américains pour une valeur estimée à 6039 M$.

La SAQ devra également cesser de vendre des produits alcoolisés produits aux États-Unis américains dès mardi. Le gouvernement Legault en a fait l’annonce dimanche après-midi.

Le Québec pourrait perdre plus de 100 000 emplois si les tarifs perdurent, a estimé M. Legault.

Il a aussi déclaré que son gouvernement allait pénaliser les fournisseurs américains qui soumissionnent dans le cadre d’appels d’offres ou qui approvisionnent des ministères.

Il faut voir ça comme une [occasion], que les entreprises québécoises remplacent des entreprises américaines, comme une [occasion] de développer de nouveaux marchés, a affirmé M. Legault sur une note plus optimiste.

À Terre-Neuve-et-Labrador

Le premier ministre, Andrew Furey, a promis une riposte appropriée et du soutien pour ceux qui seront touchés. Selon M. Furey, les pêcheries de Terre-Neuve-et-Labrador ressentiront immédiatement l’incidence des droits de douane, puisque l’espèce la plus précieuse exportée est le crabe des neiges, dont 90 % des prises sont destinées aux États-Unis.

Dimanche, il a emboîté le pas à l’Ontario et à la Colombie-Britannique en annonçant que l’alcool américain ne sera bientôt plus disponible dans la province.

Au Nouveau-Brunswick

Le Nouveau-Brunswick est la province qui envoie la plus grande part de ses exportations vers les États-Unis; 92 % de tous ses produits sont envoyés à l’étranger.

Malgré l’annonce d’un décret qui va dévaster les travailleurs, les entreprises et l’économie du Nouveau-Brunswick et des États-Unis, la première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, croit qu’il est maintenant plus important que jamais de renforcer notre économie, d’acheter local et de nous mettre au travail pour profiter des possibilités qui s’offrent à nous, au Nouveau-Brunswick et à l’échelle du Canada.

La province n’a toutefois pas annoncé de riposte pour le moment.

En Nouvelle-Écosse

Limitation à l’accès des entreprises américaines aux marchés publics provinciaux, annulation de contrats existants et rejet de soumissions sont quelques exemples des mesures qui entreront en vigueur en Nouvelle-Écosse pour riposter aux tarifs douaniers.

Le premier ministre, Tim Houston, qui souhaite avant tout protéger les intérêts des travailleurs néo-écossais et de leur famille, a aussi affirmé sur X que le coût du péage au passage de Cobequid doublera pour tous les véhicules commerciaux en provenance des États-Unis à partir du 3 février.

De plus, le gouvernement ordonne à la Nova Scotia Liquor Corporation de retirer de ses rayons tout alcool en provenance des États-Unis à compter du 4 février.

Plusieurs industries exportatrices pourraient être touchées, dont les secteurs des pneus, du bois d’œuvre et de l’agriculture, où des milliers d’emplois sont en jeu.

À l’Île-du-Prince-Édouard

Pour cette province insulaire de l’est du Canada, dont une grande partie des revenus proviennent de la vente de marchandises liées à la pêche, à l’industrie pharmaceutique et à l’agriculture, les tarifs douaniers de 25 % pourraient avoir des conséquences dévastatrices, selon le premier ministre, Dennis King.

Il a par ailleurs demandé à plusieurs membres de son Conseil des ministres de travailler avec leurs ministères et avec les parties prenantes dès maintenant et d’ici mardi […] pour que notre riposte soit forte.

Dans les territoires

Les Territoires du Nord-Ouest ne partagent pas de frontière terrestre avec les États-Unis, mais ne sont néanmoins pas à l’abri des répercussions liées à ces tarifs douaniers, a déclaré le premier ministre, R. J. Simpson, par communiqué.

Les Autochtones du Nord ont vécu sur cette terre bien avant que le Canada ou les États-Unis n’existent, et notre territoire continue d’évoluer dans le respect de cette histoire et de la diversité. Nous n’accepterons pas un avenir imposé de l’extérieur – nous le dénoncerons et nous nous y opposerons, comme l’ont toujours fait ceux qui nous ont précédés.

Une citation deR. J. Simpson, premier ministre des Territoires du Nord-Ouest

Son gouvernement étudie les moyens de contribuer aux contre-mesures prises par le Canada. Il évoque notamment la suspension d’achats de produits américains par la Société des alcools et du cannabis des TNO.

M. Simpson s’engage également à explorer certaines possibilités de croissance économique durable. Il souhaite favoriser la diversification de l’économie des Territoires et encourager le tourisme à l’intérieur du Canada.

Au moment d’écrire ces lignes, les gouvernements du Nunavut et du Yukon n’avaient pas annoncé de contre-mesures aux tarifs ni fait de déclarations officielles.

Source: Radio Canada

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