Assahafa.com
L’ex-gouverneur de banques centrales qui aspire à succéder au premier ministre Justin Trudeau, Mark Carney, promet d’abolir « immédiatement » lorsqu’il accéderait à la direction du Parti libéral du Canada la tarification du carbone sur les combustibles, qui se répercute auprès des consommateurs, dans le but de la remplacer par un système d’incitatifs pour des achats verts.
« Vous n’aurez plus à devoir payer plus pour faire le plein ou pour chauffer votre maison. En choisissant d’acheter un électro qui consomme moins, un véhicule électrique ou de mieux isoler une maison, vous serez récompensés. Et nous allons faire payer les grands pollueurs », a-t-il déclaré, vendredi.
Lors d’une conférence de presse à Halifax, l’aspirant-chef libéral a expliqué que la tarification du carbone pour les consommateurs – une politique phare du gouvernement Trudeau qu’il a lui-même défendue par le passé – est « devenue trop divisive » et doit être remplacée par un plan climatique rassembleur.
M. Carney s’est présenté comme « un pragmatique » qui change ce qui ne fonctionne vraisemblablement pas. Or, ces changements ne doivent pas être « cosmétiques », a-t-il poursuivi, en affirmant qu’il veut « des bons changements qui mettent de l’argent dans la poche des gens, qui rendent nos entreprises plus compétitives, qui bâtissent l’économie la plus solide du G7 ».
Je ne suis pas un politicien. Je deviens un politicien, mais je n’en suis pas un. Donc les slogans, les calomnies et les clips accrocheurs ne me viennent pas si facilement.
Mark Carney
M. Carney n’y est pas allé de main morte pour attaquer le chef conservateur, Pierre Poilievre, qui s’époumone à répéter qu’il abolirait la « taxe carbone » à coups de « mensonges » et de « désinformation ».
Le slogan « Axe the tax » (Abolir la taxe) est « simpliste et trompeur », a lancé l’aspirant chef, jugeant que M. Poilievre ne croit pas aux changements climatiques. « Il se fiche que les ménages s’en sortent moins bien, que les entreprises soient moins compétitives, de l’avenir de l’économie, et certainement pas de la planète », a déclaré M. Carney.
Dans des messages sur X, M. Poilievre a répété son nouveau slogan « Just like Justin » qu’il traduit par « Tout comme Trudeau », et soutenu que « Carbon Tax Carney » a appuyé la tarification du carbone pendant des années et qu’il la quadruplerait à 61 cents le litre.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a pour sa part accusé M. Carney d’avoir « menti » par le passé sur les performances écologiques de son entreprise et qu’il investissait « dans le charbon et d’autres combustibles fossiles ».
« Comment les Canadiens et Canadiennes peuvent-ils aujourd’hui lui faire confiance pour un plan climatique ? » demande-t-on dans un communiqué.
« La carotte plutôt que le bâton »
Le plan de M. Carney conserve, de son aveu même, l’élément « le plus important » du prix sur la pollution, soit celui qui est facturé aux grands pollueurs. Il a d’ailleurs noté que près de « 90 % » de la réduction des émissions de GES proviennent du secteur industriel.
C’est avec l’argent qu’il collectera que seront financés les rabais aux consommateurs. Autrement dit, la nouvelle approche face aux ménages emploie « la carotte plutôt que le bâton ».
Avec le plan fédéral actuel – qui ne s’applique pas au Québec –, une taxe est facturée sur les combustibles, comme l’essence et le gaz naturel, mais le système prévoit une remise d’argent aux particuliers chaque trois mois. Les Ontariens, par exemple, ont reçu 140 $ à la mi-janvier. Cette remise, qui était plus importante que le montant payé pour huit familles sur dix selon Ottawa, disparaîtra.
M. Carney a également indiqué qu’il compte s’attaquer à la concurrence de grands pollueurs étrangers qui pèse sur les entreprises canadiennes et il entend protéger les emplois au pays à travers un nouveau « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ».
Celui qui remportera la course à la direction libérale prendra les commandes du gouvernement jusqu’à ce que les électeurs soient conviés aux urnes, ce qui pourrait survenir au cours des prochains mois.
Conserver la taxe carbone visant les industries
En annonçant son intention de briguer la chefferie du Parti libéral du Canada, il y a deux semaines, l’ancien conseiller aux Nations unies pour le financement de l’action climatique avait signalé qu’il entendait réévaluer le prix sur les combustibles et que, s’il choisissait de l’annuler, il comptait le remplacer par une option aussi efficace, voire plus.
M. Carney conserverait un tout autre volet de l’actuelle formule de tarification du carbone, soit celle qui vise les industries.
Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui fait partie des nombreux élus du cabinet appuyant ouvertement M. Carney, a soutenu, la semaine dernière, que ce volet de la politique fédérale contribuait beaucoup plus à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) que la tarification du carbone.
Les deux autres aspirants chefs considérés par les observateurs de la politique et les députés comme les principaux rivaux de M. Carney dans la course, l’ex-vice-première ministre Chrystia Freeland et l’ancienne leader parlementaire Karina Gould, ont aussi eu des messages similaires.
Dans le cas de Mme Gould, elle s’est engagée à geler le prix sur la pollution à son niveau actuel et donc d’annuler l’augmentation planifiée pour avril.
Une porte-parole pour la campagne de Mme Freeland a récemment précisé que celle qui a claqué, en décembre, la porte du conseil des ministres entendait remplacer le prix sur la pollution par « un système qui fonctionnera au sein de (la) fédération et qui sera développé en collaboration avec les provinces et territoires ».
Source: la presse