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Deux acteurs de l’immobilier se sont finalement entendus avec Montréal pour construire plus de 1000 logements dans la partie sud de l’Îlot Voyageur, a appris La Presse. Mais le chantier ne commencera pas avant l’été, comme le souhaitait la mairesse.
L’administration Plante annoncera ce lundi avoir sélectionné le promoteur Mondev et l’organisme Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) afin de redévelopper conjointement la partie sud de l’Îlot Voyageur.
En entrevue avec La Presse, le responsable de l’urbanisme au comité exécutif, Robert Beaudry, parle d’un développement « majeur ». « Ça veut dire que les investissements, les études, les accès au site, le travail sur la réglementation, tout ça va commencer et va se faire de façon vraiment plus poussée », affirme-t-il.
Des 1030 logements prévus, 500 seront développés et gérés par Mondev, un promoteur privé déjà très actif dans l’est du centre-ville. Les 530 autres unités, développées par l’UTILE, seront à but non lucratif : 430 seront destinées à des étudiants, et 100 seront aménagées dans la Maison des gens de lettres, qu’on décrit comme un espace de vie et de travail abordable pour écrivains et professionnels du domaine littéraire, et pour des familles à faible ou modeste revenu.
Ces trois portions seront mitoyennes, mais chacune aura son bâtiment. Au bout du compte, la portion de Mondev – qui donne sur le boulevard De Maisonneuve et sur la place Émilie-Gamelin – fera entre 18 et 20 étages, puis celle de l’UTILE – qui débouche sur la rue Berri –, entre 14 et 15 étages. À titre comparatif, le complexe Place Dupuis, situé juste en face, fait 23 étages.
Le projet occupera 64 000 pieds carrés au sol au centre-ville. En incluant les étages, il totalisera 750 000 pieds carrés d’espace, dont 40 000 pieds carrés de locaux commerciaux sur De Maisonneuve, et communautaires et institutionnels sur Berri. La Ville en avait formulé le souhait dans son appel d’offres initial.
Encore beaucoup à faire
Des étapes cruciales doivent encore être franchies avant le début du chantier. Parmi elles : un comité consultatif d’urbanisme (CCU), le bouclage du financement et l’octroi des permis.
Ainsi, la volonté de Valérie Plante de voir le chantier débuter à l’été 2025 semble irréaliste, tant pour les autorités municipales que pour les développeurs.
« On va devoir faire une demande pour un permis de démolition du bâtiment actuel, explique Jordan Owen, partenaire chez Mondev. Il y a probablement de l’amiante, donc il faudra aussi décontaminer. Après, le zonage risque de prendre du temps. Il y a beaucoup de défis, mais on pense qu’on pourra avoir complété en 2030. »
À l’UTILE, le PDG Laurent Levesque envisage plusieurs enjeux de cohabitation. « C’est un quartier qui a connu des travaux et qui va en connaître encore. Il y a le centre de transformation en vue de l’autre côté de la rue, la réfection de la rue Berri, les travaux du métro. On va essayer de réduire au maximum les conflits, mais on sait pertinemment que ça va être un défi », raisonne-t-il.
Pour bien desservir les usagers du transport collectif, un édicule de la Société de transport de Montréal (STM), qui mène directement au métro, est prévu dans le bâtiment de logements étudiants de l’UTILE.
Celle-ci bénéficiera d’un appui financier de l’UQAM, qui allongera 5 millions. En retour, 200 logements seront réservés à des étudiants de l’université, ce qui correspond à 25 000 $ par unité. « Avec tous les efforts déployés par l’UQAM pour participer à la relance du Quartier latin, ce projet est porteur et d’actualité », note le vice-recteur à l’administration et aux finances, Olivier Simard.
Robert Beaudry seconde. « C’est un projet qui va être pensé pour les 50 et 60 prochaines années. Et je pense que dans 25 ans, on va se dire qu’on a bien fait de prendre le temps », dit-il.
Plus flexible, le gré à gré
Tout le dossier de l’Îlot Voyageur a connu plusieurs turbulences ces derniers temps. En octobre, plus de six mois après avoir mis en vente l’Îlot Voyageur Sud, Montréal avait dû annuler son appel d’offres en raison de soumissions « non conformes ».
L’administration Plante avait alors annoncé le lancement d’un processus de gré à gré pour trouver un porteur avant les Fêtes, mais n’a finalement pas été en mesure d’arriver à une annonce avant la fin de 2024.
Pour MM. Owen et Levesque, le gré à gré a fait toute la différence, puisque leur modèle de participation 50-50, à deux acteurs et permettant plusieurs types de logements, « n’était pas possible dans l’appel d’offres initial », disent-ils.
Outre l’UTILE et Mondev, l’entreprise Rachel Julien, qui est notamment derrière les bassins du Havre, avait aussi déposé une soumission à la Ville, mais elle n’a pas été retenue. Le Groupe Prével, qui s’était offert pour acheter le terrain à l’origine, n’a pas souhaité poursuivre la démarche.
Peu avant le lancement du processus de gré à gré, l’UTILE et Mondev avaient offert de payer 22,5 millions pour le terrain. Le montant qui sera finalement payé « demeure dans ces eaux », mentionne M. Beaudry.
Source: la presse