« Une occasion pour la logistique au Québec »

23 janvier 2025
« Une occasion pour la logistique au Québec »

Assahafa.com

On ne licencie pas 1700 employés sans que des changements se fassent sentir quelque part. Si les effets s’annoncent peu apparents sur la façon dont on magasine sur Amazon, en coulisses, c’est une autre histoire – et une occasion de croissance pour la chaîne logistique québécoise.

En quelque sorte, Amazon renoue avec son modèle en place avant 2020.

Son fonctionnement ? Lorsqu’un internaute procède à un achat auprès de la multinationale américaine, la commande est immédiatement transmise à l’entrepôt le plus près de l’adresse de livraison qui a le produit en stock.

La distance à parcourir et le niveau de service de livraison choisi par l’acheteur déterminent ensuite le type de livraison. Au Québec, ce sont parfois des livreurs indépendants, parfois des camions aux couleurs d’Amazon, d’UPS ou de FedEx, et parfois Postes Canada, qui effectuent la livraison finale.

Depuis quelques années, Amazon livrait davantage de A à Z grâce à ses centres de distribution, de tri et de livraison. Mais l’annonce de leur fermeture, mercredi, signifie que du travail devra être repris par d’autres entreprises, comme celles déjà fournisseuses du géant américain.

« Au final, ça va être une occasion pour la logistique au Québec », estime Martin Ball, président du spécialiste de la préparation de commandes WIPTEC, qui exploite notamment un centre de 158 000 mètres carrés [1,7 million de pieds carrés] à Saint-Hubert, en banlieue sud de Montréal.

Une fenêtre s’ouvre

Personne ne se réjouit du licenciement de 1700 personnes, M. Ball le premier.

Cependant, le repli québécois d’Amazon marque le « départ d’un grand concurrent de la préparation de commandes », estime le président de WIPTEC.

Par exemple, depuis qu’il est implanté au Québec, le géant américain entrepose les stocks de marchands qui vendent leurs produits sur sa plateforme. C’est dans ses centres que sont préparées les commandes, avant d’être acheminées vers des centres de tri – dernière étape avant la livraison à domicile.

Le discours d’Amazon laisse croire que cela sera bientôt chose du passé.

Des entreprises vont préférer garder leurs stocks au Québec plutôt qu’en Ontario et aux États-Unis. Si des clients avec des stocks chez Amazon veulent les positionner chez WIPTEC, on pense pouvoir aller chercher des parts de marché.

 Martin Ball, président du spécialiste de la préparation de commandes WIPTEC

Dit autrement, les marchands devront faire un choix : acheminer leurs stocks dans les entrepôts d’Amazon à l’extérieur de la province ou se tourner vers des spécialistes de la préparation de commandes comme WIPTEC.

Ceux-ci conservent les marchandises de clients qui vendent sur des plateformes en ligne comme Amazon, Walmart, Wayfair, etc. Lorsqu’un cyberacheteur passe une commande, ces gestionnaires logistiques se chargent de la préparation et de l’expédition dans un centre de tri.

« Notre centre est automatisé et robotisé, dit M. Ball. Nous avons l’infrastructure nécessaire pour traiter des volumes supplémentaires. »

Dans plusieurs créneaux

Le même scénario est anticipé du côté de la livraison et des services de tri.

Établie à Montréal, Intelcom affiche une forte croissance depuis 2015, année où le géant américain du commerce en ligne a fait appel à ses services. La relation d’affaires s’est élargie avec les années.

Intelcom est l’un des principaux sous-traitants d’Amazon au Québec en matière de service de tri ainsi que dans le créneau du « dernier kilomètre », soit la livraison au domicile des consommateurs.

Cela signifie que l’article que vous avez commandé sur Amazon a probablement déjà transité par les stations d’Intelcom avant d’être déposé devant votre porte.

L’entreprise, qui exploite 95 stations de tri au Canada, semble déjà s’activer pour mettre la main sur la place laissée vacante par Amazon. Au cours des derniers jours, plusieurs dizaines d’offres d’emploi ont été affichées sur son site web.

« Nous avons une relation de longue date avec [Amazon] et nous continuerons de collaborer étroitement pour équilibrer leurs besoins de livraisons au Québec », souligne l’entreprise, dans une déclaration.

Le modèle d’affaires d’Intelcom est déjà épuré. L’entreprise possède peu d’actifs : elle est locataire de ses centres de tri et stations de livraison. Elle n’exploite pas de véhicules de livraison puisqu’elle fait affaire avec des petites et moyennes entreprises qui offrent ce genre de service.

D’autres y voient aussi des perspectives d’affaires.

Il y a une énorme occasion à saisir pour reprendre le contrôle de la livraison au Québec, estime Jules Paquette, cofondateur d’OGALO, une petite entreprise spécialisée qui veut se tailler une place dans la logistique de livraison à domicile.

Tous ceux qu’Amazon appelle « ses partenaires de livraison », ce sont des livreurs qui se retrouveront les mains vides, explique M. Paquette. Ils pourraient être la base d’un nouveau modèle d’affaires local, estime-t-il. « Il faut trouver la colle pour mettre ça ensemble », dit-il.

Jean-Luc Geha, professeur et directeur associé à l’Institut des ventes de HEC Montréal, voit aussi le verre à moitié plein.

La tournure des évènements est « triste » pour les salariés qui perdront leur gagne-pain. Cependant, il y a aussi une « manne » à la portée du secteur logistique québécois.

« Amazon accaparait une grande part du marché [avec ses entrepôts], dit l’expert. Là, on se dirige vers un modèle de sous-traitance à grande échelle. Il devrait y avoir des opportunités pour les entreprises de livraison et de gestion des commandes. »

Reste à voir si ces fermetures pourraient allonger les temps de livraison pour certains produits et avoir un effet sur les frais de livraison.

Source: la presse

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