Assahafa.com
À quelques jours du retour au pouvoir de Donald Trump, les premiers ministres des provinces se rallient de plus en plus à l’idée que l’énergie sera la carte maîtresse du Canada pour forcer le président américain à ranger sa menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens à compter du 20 janvier.
Avant de rencontrer le premier ministre Justin Trudeau pour mettre la touche finale à la réplique canadienne à cette guerre tarifaire qui se profile à l’horizon, plusieurs leaders provinciaux ont affirmé qu’aucune mesure ne doit être exclue.
Pour la première fois depuis que Donald Trump a brandi cette menace, le 25 novembre, le premier ministre du Québec François Legault a affirmé que réduire ou limiter l’exportation de l’énergie comme l’électricité, le pétrole et le gaz naturel doit maintenant être sur la table.
« Actuellement, on n’exclut rien. Donc, il y a plusieurs scénarios qui sont envisagés, mais on n’exclut rien parce que c’est énorme l’impact que pourraient avoir les tarifs de 25 % », a déclaré M. Legault en mêlée de presse.
Évidemment, notre premier choix, et on va tout faire d’ici la semaine prochaine pour s’assurer qu’il n’y ait pas de tarif. […] On ne se laissera pas faire. Le Canada doit réagir si les États-Unis mettent en place des tarifs. Et il y a toute sorte de façon de mettre en place des représailles.
François Legault, premier ministre du Québec
À Québec, quelques minutes avant la sortie de M. Legault, la ministre de l’Économie et de l’Énergie, Christine Fréchette, a pourtant déclaré que le gouvernement n’a « pas l’intention d’utiliser l’énergie ou les tarifs d’électricité » en guise de représailles contre des tarifs douaniers de Donald Trump. « On a des contrats qui ont été signés, on veut respecter ces contrats-là », a-t-elle dit.
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, qui était aussi au départ réfractaire à l’idée de suspendre les exportations de pétrole aux consommateurs américains, a aussi fait valoir que cela doit être envisagé.
L’énergie canadienne exportée aux États-Unis est notre reine dans cette joute d’échec », a lancé M. Furey, utilisant une métaphore forte dans les circonstances.
« Les joueurs d’échecs savent qu’il ne faut pas sortir sa reine trop tôt, mais cela ne veut pas qu’il ne faut pas l’utiliser », a-t-il ajouté.
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, s’est toutefois inscrite en désaccord avec cette stratégie, affirmant que sa province sera durement pénalisée d’autant qu’elle exporte la presque totalité de son pétrole aux États-Unis. Elle a soutenu qu’une telle mesure, si elle était adoptée par Ottawa, pourrait causer une grave crise d’unité canadienne.
Pour sa part, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, qui joue un rôle de premier plan dans la réplique canadienne à la menace de Donald Trump depuis plusieurs semaines, est arrivé à la rencontre coiffé d’une casquette arborant un message qui ne laissait aucun doute : « Le Canada n’est pas à vendre (Canada is not for sale) ».
Plus combatif que jamais, M. Ford a affirmé que l’imposition de tarifs douaniers aurait pour effet de « détruire » l’économie canadienne. Lundi, il a dévoilé une étude voulant que près de 500 000 emplois pourraient être à risque dans sa province.
Vous ne me voyez pas souvent avec une casquette. Mais on parle de Canadiens ordinaires qui défendent leur pays », a-t-il dit en soulignant avoir reçu cette casquette d’une petite entreprise d’Ottawa.
C’est un exemple qui démontre qu’on doit s’unir et on ne peut pas laisser le président Trump nous diviser. Dans une semaine, il va être assermenté et il va essayer d’imposer des tarifs. Il va essayer de détruire notre pays, il va essayer de diviser notre pays. Mais on ne doit pas le laisser nous diviser. Je comprends que dans les diverses régions du pays il y a des inquiétudes. Mais ce qui est plus important que tout, c’est de défendre notre pays. Le pays doit passer avant toute chose », a-t-il dit.
M. Ford a été le premier à évoquer en novembre dernier la possibilité de suspendre l’exportation d’énergie et de minéraux critiques aux États-Unis si Donald Trump met à exécution sa menace. Il a réaffirmé que sa province a la ferme intention d’utiliser tous les outils à sa disposition.
« On ne va pas se laisser faire. Tu ne peux pas négocier d’une position de faiblesse. Il faut négocier d’une position de force. »
Source: la presse