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Près de « 80 % du problème canadien [des passages irréguliers à la frontière] est presque chez nous », a affirmé en point de presse le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, qui a présenté mardi son plan pour renforcer la sécurité à la frontière des États-Unis.
Le premier ministre François Legault et lui se rendront mercredi à Ottawa pour rencontrer leurs homologues provinciaux et faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu’il renforce le contrôle à la frontière, une compétence de sa prérogative.
Québec se dit donc prêt à déployer 300 policiers additionnels de la Sûreté du Québec dans un horizon de 48 heures pour appuyer la surveillance de la frontière canado-américaine en cas de flux migratoire important du sud vers le nord
, a annoncé le ministre Bonnardel.
Cette annonce survient à une semaine de l’investiture du président américain désigné Donald Trump, qui a évoqué en novembre l’invasion
des États-Unis par les drogues, en particulier le fentanyl
, et les immigrants illégaux
. Il avait du même souffle menacé le Canada de lui imposer des tarifs douaniers de 25 % dès le 20 janvier 2025.
Donald Trump a également déclaré en campagne électorale qu’il comptait déporter des millions d’« immigrants illégaux » en dehors des États-Unis, une autre menace qui est attendue au jour un de la prochaine administration américaine.
Après l’arrivée de la nouvelle administration américaine, on doit être prêt à réagir
, a fait savoir le ministre québécois de la Sécurité publique à l’émission Midi info. Si la situation se détériore, on sera prêt pour épauler la [Gendarmerie royale du Canada (GRC)]
, a-t-il ajouté.
Le secteur problématique
La portion chaude
de la frontière est située dans le secteur Swanton, qui s’étend de Cornwall, en Ontario, à Sherbrooke, au Québec. Selon François Bonnardel, le nombre de passages illégaux
vers les États-Unis dans cette portion frontalière a bondi au cours des dernières années, selon les données de nos voisins américains.
Il y avait 1000 passages illégaux dans ce secteur il y a trois ans. Voilà deux ans, on était à 7000 passages illégaux
, a souligné le ministre en point de presse. En 2024, sur les 26 000 passages illégaux
qui ont été dénombrés du Canada vers les États-Unis, 19 000 traversées ont été effectuées dans le secteur Swanton.
Cependant, pour ce qui est de la portion sud vers le nord, tout nous indique présentement, dans le court terme […] qu’il n’y a pas de flux migratoire important pour le moment
, a précisé M. Bonnardel, faisant état d’une trentaine d’appels au Québec concernant des passages clandestins depuis les États-Unis.
Quant au trafic de drogue, vous avez entendu de la part de la nouvelle administration américaine que le fentanyl pouvait être un problème du Québec vers les États-Unis. Ce n’est pas le cas
, a tenu à rectifier le ministre. Il n’y a pas de situation particulière dans le corridor Québec-États-Unis
.
En décembre dernier, Ottawa a allongé 1,3 milliard de dollars sur six ans pour améliorer sa force de frappe
à la frontière, mais Québec dit attendre de pied ferme les détails du plan fédéral. On doit savoir ce qui sera investi rapidement d’ici le 31 mars prochain par Ottawa en termes d’effectifs de la GRC et d’équipements additionnels
, a requis le ministre Bonnardel.
Québec affirme en outre que des discussions se poursuivent avec des partenaires pour augmenter le nombre d’yeux sur le terrain pour être capable d’avoir le plus de force de frappe possible pour contrer ces migrants illégaux
, a laissé entendre le ministre.
Le nombre d’enquêteurs et d’agents de renseignement déployés dans les postes américains de Champlain, Massena et Vermont passera aussi de 3 à 9 à compter du 13 janvier prochain.
Source: Radio Canada