Course à la direction ou gaspillage de carrière politique?

11 janvier 2025
Course à la direction ou gaspillage de carrière politique?

Assahafa.com

En politique, il n’y a jamais de situation parfaite, dit-on dans les coulisses du parlement. Il faut faire avec les défis qui se présentent devant vous, foncer, et tenter d’en tirer le meilleur.

Mais parfois, la situation est tellement imparfaite qu’elle confine à la paralysie.

Pour quiconque souhaite tenter de prendre les rênes du Parti libéral du Canada et succéder à Justin Trudeau, la situation est hautement imparfaite.

Si bien que – après les ministres Dominic LeBlanc et Mélanie Joly – bon nombre de candidats potentiels risquent eux aussi de passer leur tour afin d’éviter ce que certains libéraux appréhendent comme un possible suicide politique.

Les aspirants chefs doivent prendre leur décision de façon précipitée, d’ici le 23 janvier, ce qui leur laisse moins de deux semaines pour tâter leurs appuis, trouver des organisateurs et dresser les grandes lignes de leur offre politique.

S’ils choisissent de prendre place sur les blocs de départ, ils devront entamer un sprint qui ne leur donnera aucun répit d’ici le dévoilement du vote des militants, le 9 mars prochain. Ils ont donc moins de deux mois pour convaincre ces derniers, mais aussi pour revêtir des habits de premier ministre.

La course à la direction précédente, en 2013, avait duré cinq mois, mais elle avait été lancée officieusement un an avant le vote, dans la foulée de la défaite de Michael Ignatieff aux élections générales de mai 2011. Cette année complète avait été précieuse, à l’époque, pour bâtir la candidature de Justin Trudeau, se rappelle l’un de ses anciens proches collaborateurs.

Cette année-là avait été très utile. Elle avait permis à Justin Trudeau d’apprendre, de peaufiner son message, de passer à un autre niveau, se souvient cette source libérale de longue date. Cette fois-ci, on demande à quelqu’un de devenir premier ministre au jour 1.

Les candidats n’auront de temps ni pour les erreurs ni pour les hésitations.

Frais d’inscription record

Ceux qui rêvent de briguer la chefferie devront non seulement faire le plein d’appuis à vitesse grand V, ils devront aussi récolter des dons de militants comme jamais.

Le Conseil national du parti a fixé à 350 000 $ les frais d’inscription pour tout candidat qui souhaite mettre son nom sur le bulletin de vote. C’est quatre fois et demie ce qui était requis en 2013. Le parti cherche ainsi à disqualifier de facto les candidats farfelus qui ne parviendront pas à récolter cette somme, afin d’éviter une course trop encombrée.

Par contre, ce montant pourrait aussi inhiber des candidats de qualité qui se demandent s’ils parviendront à trouver suffisamment de donateurs et qui veulent éviter de s’endetter.

Le facteur qui fait certainement hésiter les candidats potentiels demeure le risque de prendre une telle raclée aux prochaines élections qu’il leur serait impossible de s’en remettre politiquement – ce que des libéraux qualifient en coulisses de probable suicide politique.

La tâche du nouveau chef libéral sera immense. Il devra tenter de dissocier la marque libérale du nom de Justin Trudeau en quelques jours à peine et de faire remonter son parti dans les sondages, alors que les libéraux sont à la traîne derrière les conservateurs depuis plus d’un an et demi.

Les trois chefs d’opposition promettent de défaire le gouvernement libéral à la première occasion, si bien que le nouveau chef aura probablement deux semaines à peine pour faire ses preuves.

Si le vote libéral s’écroule au prochain scrutin, rien ne garantit que les partisans donneront une deuxième chance à leur chef.

Selon ce qu’a appris Radio-Canada, ce constat est l’un des facteurs qui ont incité Mélanie Joly à ne pas se porter candidate… pour l’instant. Dans son entourage, on indique que la politicienne de 45 ans est lucide quant aux perspectives de l’emporter aux prochaines élections. Dans son cas, il pourrait être plus judicieux d’attendre un peu avant de briguer la chefferie.

Alors, qui?

On attend toujours que les candidats d’envergure se déclarent. Selon nos informations, le ministre de l’Innovation, François-Philippe Champagne, y réfléchit encore. Dans son entourage, on fait valoir qu’avec la décision des ministres LeBlanc et Joly de ne pas se lancer, il pourrait être le seul candidat francophone dans la course, ce qui pourrait l’avantager.

François-Philippe Champagne pourrait aussi plaider que l’avenir des relations entre le Canada et les États-Unis est entre bonnes mains, puisque ces deux ministres ont expliqué vouloir rester en poste précisément pour faire face à la menace de tarifs douaniers que brandit le président américain désigné, Donald Trump.

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney devrait pour sa part se lancer dès la semaine prochaine.

D’autres candidats potentiels envoient le signal qu’ils vont bientôt faire le saut, comme l’ex-ministre des Finances Chrystia Freeland et l’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark. La leader du gouvernement en Chambre, Karina Gould, et le ministre du Travail, Steven MacKinnon, pourraient aussi se lancer.

Par contre, avec tous les défis qui se dressent devant eux, certains aspirants chefs voudront probablement laisser passer un cycle politique et tenter leur chance une prochaine fois.

Source: Radio Canada

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