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Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lundi sa démission, bien qu’il restera en poste jusqu’à la nomination d’un successeur à la direction du Parti libéral du Canada (PLC). Il a rencontré la gouverneure générale Mary Simon lundi matin pour proroger la session législative jusqu’au 24 mars, prolongeant du même coup la vie de son gouvernement.
M. Trudeau a ainsi mis fin aux spéculations qui allaient bon train depuis la démission fracassante de la ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland, le 16 décembre, le jour même où elle devait présenter sa mise à jour économique.
Il avait convoqué la presse lundi à l’extérieur de Rideau Cottage, sa résidence, au terme d’une réflexion sur son avenir politique.
« Comme vous savez, je ne suis pas quelqu’un qui recule facilement devant un combat surtout un combat si important pour le parti et pour le pays, mais je fais ce job parce que l’intérêt des Canadiens et le bien-être de notre pays, de notre démocratie me tient à cœur et c’est devenu clair que je ne peux pas être le chef dans les prochaines élections à cause des batailles internes », a-t-il reconnu.
Il n’a pas voulu donner sa version des faits sur le départ de Mme Freeland du Cabinet se contentant de dire qu’il aurait souhait qu’elle reste pour prendre « l’un des dossiers les plus importants » d’ici les prochaines élections, soit celui des relations canado-américaines, avant d’ajouter qu’il n’allait pas partager le contenu de conversations privées.
« Je remercie Justin Trudeau pour ses années de service pour le Canada, et les Canadiennes et Canadiens. Je lui souhaite, à lui et sa famille, le meilleur », a-t-elle réagi sur X, peu de temps après l’annonce.
Je remercie Justin Trudeau pour ses années de service pour le Canada, et les Canadiennes et Canadiens. Je lui souhaite, à lui et sa famille, le meilleur.
— Chrystia Freeland (@cafreeland) January 6, 2025
Le tout survient au moment où le président désigné Donald Trump des États-Unis menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % après son entrée en poste le 20 janvier. Celui-ci n’a pas tardé à réagir à la démission du premier ministre canadien sur son réseau Truth Social.
De nombreuses personnes au Canada ADORENT être le 51e État. Les États-Unis ne peuvent plus subir les déficits commerciaux massifs et les subventions dont le Canada a besoin pour rester à flot, a-t-il écrit. Justin Trudeau le savait et a démissionné. Si le Canada fusionnait avec les États-Unis, il n’y aurait pas de tarifs douaniers, les taxes diminueraient considérablement et ils seraient TOTALEMENT à l’abri de la menace des navires russes et chinois qui les entourent constamment. Ensemble, quelle grande Nation ce serait ! ! ! »
Dans sa lettre de démission, Mme Freeland avait écrit que le gouvernement devait « prendre cette menace au sérieux » et préserver sa « capacité fiscale aujourd’hui » afin d’avoir des réserves pour se lancer dans une guerre tarifaire et « éviter les astuces politiques coûteuses ». Il lui avait annoncé quelques jours auparavant qu’il allait la remplacer après la mise à jour économique par l’ex-gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.
Le premier ministre a donc procédé à un remaniement ministériel quelques jours après le départ de sa ministre des Finances, mais il n’avait pas répondu aux questions des médias. Il a pris le temps de réfléchir à son avenir durant la période des Fêtes, mais la situation devenait de plus en plus intenable pour lui. Il a tour à tour perdu l’appui des trois plus gros caucus au sein de la députation libérale, celui de l’Atlantique, celui de l’Ontario et celui du Québec.
Le premier ministre québécois, François Legault, a salué « le service public » de Justin Trudeau et son « engagement envers le Canada ».
« On a des défis importants qui nous attendent, notamment avec l’arrivée de Donald Trump le 20 janvier. Je vais continuer de travailler avec M. Trudeau, son ou sa successeure et le gouvernement en place pour éviter ces tarifs », a-t-il écrit sur X.
Bien que nos opinions aient souvent divergé, je veux saluer aujourd’hui le service public de @JustinTrudeau et son engagement envers le Canada. On a des défis importants qui nous attendent, notamment avec l’arrivée de Donald Trump le 20 janvier. Je vais continuer de travailler…
— François Legault (@francoislegault) January 6, 2025
« Cela ne veut pas dire qu’il n’est plus premier ministre pour le prochain ou les deux prochains mois, a rappelé le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, en point de presse. Nous avons besoin que le premier ministre se concentre à 100 % sur les tarifs douaniers américains. »
Le premier ministre a dit qu’il rencontrerait tous les premiers ministres des provinces en personne. Je m’attends toujours qu’il tienne cette promesse.
Doug Ford, premier ministre de l’Ontario et président du Conseil de la fédération
M. Trudeau a participé plus tard dans la journée à une réunion du comité du Cabinet sur les relations canado-américaines.
La Chambre de commerce du Canada a lancé un appel à l’unité face aux menaces américaines qui n’a manifestement pas été entendu par la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith. Elle a accusé les libéraux « de mettre leurs intérêts politiques égoïstes avant les Canadiens » en prorogeant le Parlement durant plusieurs mois pour tenir une course à la direction au moment où le pays doit faire face à « l’une des négociations internationales les plus importantes ».
« Il s’agit de l’un des actes les plus irresponsables et égoïstes d’un gouvernement dans l’histoire du Canada », a-t-elle déclaré par écrit. Elle a appelé l’ensemble des partis et des députés fédéraux « à forcer la tenue d’élections à la première occasion ».
Le Parti libéral du Canada (PLC) doit lancer une course à la direction rapidement pour élire un nouveau chef. Les avocats de la formation politique étudiaient déjà les moyens de le faire avant l’annonce du premier ministre.
Les successeurs potentiels s’activeraient déjà. Parmi eux, M. Carney et Mme Freeland qui demeure députée et compte se présenter à nouveau lors des prochaines élections fédérales.
La prorogation du Parlement vient prolonger la vie du gouvernement libéral au moment où les trois partis d’opposition – le Parti conservateur, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique – avaient déjà indiqué qu’ils retireraient leur confiance dans le gouvernement, laissant ainsi planer la possibilité d’une élection dès le printemps.
Peu importe qui sera le prochain chef libéral, ils n’ont aucune intention d’appuyer ce gouvernement minoritaire après le 24 mars. Cela signifie que le gouvernement tomberait après la présentation d’un nouveau discours du Trône à moins que le nouveau premier ministre décide d’aller voir la gouverneure générale pour dissoudre le Parlement et déclencher des élections.
N’eût été la prorogation, les travaux parlementaires auraient repris le 27 janvier.
« Le Parlement a besoin d’un reset, a besoin de se calmer un peu les pompons pour se remettre au travail pour les Canadiens et pas faire de la petite politique constante », s’est justifié Justin Trudeau.
Il a défendu cette pause de deux mois invoquant la paralysie de la Chambre des communes depuis la fin du mois de septembre.
Source: la presse