Jagmeet Singh finalement prêt à se détacher des libéraux

28 décembre 2024
Jagmeet Singh finalement prêt à se détacher des libéraux

Assahafa.com

Retour sur un automne fort en changements de cap avec le chef du Nouveau Parti démocratique.

Jagmeet Singh a surpris tout le monde en annonçant récemment qu’il allait faire tomber le gouvernement libéral dès qu’il en aurait l’occasion. Quelques jours plus tôt, il avait refusé de dire s’il lui accordait toujours sa confiance et, par conséquent, son soutien.

« Peu importe qui dirige le Parti libéral, le temps de ce gouvernement est écoulé », a-t-il écrit dans une déclaration le 20 décembre. C’était le dernier vendredi avant Noël et Justin Trudeau s’apprêtait à remanier son cabinet, secoué par le départ de la ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland, le jour même où elle devait présenter son énoncé économique.

M. Singh s’était alors contenté de réclamer la démission du premier ministre avant de se raviser quelques jours plus tard. Il a désormais l’intention de lui retirer sa confiance après la reprise des travaux parlementaires le 27 janvier.

Le chef néo-démocrate a ainsi terminé l’automne politique sur un coup d’éclat, comme il l’avait entamé. En septembre, il avait menacé la survie du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau en déchirant l’entente qui liait leurs partis.

Puis, il a continué de le soutenir. Sans cet appui, le gouvernement serait tombé le 9 décembre lors du vote sur la dernière motion de censure présentée par les conservateurs. Les libéraux n’avaient plus le soutien du Bloc québécois. Il ne leur restait que celui du Nouveau Parti démocratique (NPD). Les conservateurs déposeront par ailleurs une autre motion de censure dès la rentrée parlementaire1.

« On n’a jamais dit qu’on cherchait une élection, mais on a déchiré l’entente parce que c’est clair que les libéraux ne peuvent pas faire ce qu’il faut pour réduire le coût de la vie des gens. Ils sont trop proches des grandes entreprises », a plaidé M. Singh, lors d’une entrevue réalisée en décembre, avant la démission de Mme Freeland.

Il s’est défendu de jouer sur plusieurs tableaux. « On demande des mesures pour aider les gens, a-t-il rappelé. Quand on a une mesure qui n’aide pas les gens suffisamment, on dit non, comme on a dit avec les chèques. »

On a dit non, on n’accepte pas ça. Ce chèque ne va pas aider les gens les plus vulnérables.

 Jagmeet Singh, chef du NPD

Le gouvernement a mis cette mesure en veilleuse dans l’espoir de trouver un terrain d’entente avec le NPD ou le Bloc québécois. C’était avant que la crise n’éclate. Les deux partis avaient réclamé que cette somme de 250 $ destinée aux travailleurs soit également remise aux retraités.

Les néo-démocrates sont allés encore plus loin en exigeant que d’autres personnes qui n’avaient pas travaillé en 2023 – personnes handicapées, étudiants, gens en congé maladie – y aient droit, elles aussi.

Les néo-démocrates ont tout de même voté pour l’autre mesure proposée par les libéraux : le congé de deux mois sur la taxe sur les produits et services (TPS), même si elle ne ressemblait pas tout à fait à celle qu’ils avaient proposée. M. Singh voulait supprimer la TPS de façon permanente non seulement sur les couches et les vêtements pour enfants, les repas préparés et les collations achetés en épicerie, mais également sur des services essentiels comme le chauffage et les factures de l’internet et de cellulaire.

Malgré tout, le NPD s’est attribué le crédit puisqu’il considère que les libéraux ont cédé partiellement à sa croisade contre la TPS.

Cela fait partie des « astuces politiques coûteuses » dénoncées par l’ex-ministre Freeland qui contribuent à alourdir le déficit. Le chef néo-démocrate craint-il d’en payer le prix lors des prochaines élections ?

C’est la faute des libéraux, qui n’ont pas choisi d’[augmenter] les revenus même si on a proposé des [sources] de revenus chaque fois », a-t-il fait valoir.

Par exemple, les milliards générés par une taxe sur les profits excessifs des grandes entreprises auraient pu servir à financer un congé permanent de la TPS sur les produits et services essentiels, soutient-il.

Erreurs américaines

Ne pas perdre de vue les préoccupations quotidiennes des électeurs : c’est la leçon retenue par M. Singh de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Le retour de l’homme d’affaires à la Maison-Blanche « n’est pas [attribuable à] une montée de la droite, a-t-il avancé. Ce sont les gens qui ont dit que c’est plus cher pour le logement, plus cher pour les épiceries, plus cher pour les factures. »

« La question primordiale pour les gens était : est-ce que ma vie est meilleure ou pire ?, a-t-il poursuivi. C’était pire, et la campagne de Kamala Harris n’a pas ciblé cette question. […] Ce doit être sur cette question que l’on concentre tous nos efforts. »

Il tire une grande fierté du programme de soins dentaires auquel plus de trois millions de personnes admissibles ont souscrit d’un bout à l’autre du pays, dont le tiers au Québec. Mais il croit que cet héritage en partie attribuable au NPD est en péril.

C’est le choix des prochaines élections : les conservateurs qui veulent faire des coupes dans les programmes dont vous avez besoin, ou les néo-démocrates qui vont renforcer ces programmes et réduire vos factures.

 Jagmeet Singh, chef du NPD

Il aime rappeler régulièrement à ses partisans que le NPD a réussi l’impossible en poussant le gouvernement à créer un programme de soins dentaires universel et à jeter les bases d’un programme d’assurance médicaments.

« C’est impossible jusqu’à ce que ça ne le soit plus », a-t-il dit lors d’une assemblée publique organisée à la fin du mois de novembre par le Congrès du travail du Canada.

Sa prochaine mission impossible ? Devenir le premier « travailliste » à être élu comme premier ministre canadien. Elle paraît irréaliste pour l’instant. Le dernier sondage Léger donne 15 % des intentions de vote au NPD et le site de projections électorales Canada338 anticipe que le parti conserverait ses 25 sièges sans faire de gain.

La bataille risque d’être particulièrement rude au Québec, où l’on pourrait voir d’autres courses à trois comme celle de l’élection partielle dans le château fort libéral de LaSalle–Émard–Verdun en septembre. La circonscription avait échappé au NPD par environ 650 voix. Malgré ce faible écart, la formation politique est arrivée troisième derrière le Bloc québécois et le Parti libéral.

Source: la presse

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