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Le Canada veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45 à 50 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2035. Une cible qu’Ottawa juge ambitieuse et dont l’atteinte nécessitera la collaboration des provinces.
Après plusieurs consultations avec différents groupes, nous pensons que c’est une cible ambitieuse et aussi réaliste pour le Canada
, a dit Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada.
Pour atteindre son objectif, Ottawa lance un processus de consultation pluriannuel visant à élaborer un plan qui orientera sa politique climatique pour la prochaine décennie.
Les lois climatiques du Canada exigent que le gouvernement fixe ses nouveaux objectifs tous les cinq ans, et cela fait également partie des obligations du pays en vertu de la convention des Nations unies qui guide l’action climatique internationale.
Le groupe consultatif sur la carboneutralité recommandait plutôt une réduction de 50 à 55 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2035. La nouvelle cible est donc moins ambitieuse que ce que recommandent ces experts indépendants.
En 2021, les libéraux ont adopté la loi sur la responsabilité en matière de carboneutralité pour obliger le gouvernement à publier ses objectifs et des plans pour les atteindre. Cette même législation a également créé le groupe consultatif pour la carboneutralité, un groupe d’experts indépendants dont le mandat est de conseiller le gouvernement sur les objectifs d’émissions et les meilleurs moyens d’y arriver.
Des cibles « atteignables »
Pour le ministre Guilbeault, ces cibles sont atteignables à condition que les plans mis en œuvre, depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux en 2015, soient maintenus et bonifiés par les prochains gouvernements à Ottawa et que les provinces soient aussi très proactives.
Il y a des provinces au Canada, comme l’Alberta et la Saskatchewan, qui ne travaillent pas de façon constructive avec Ottawa. Des provinces qui, soit par le biais des tribunaux, soit par le biais des médias, cherchent à mettre des bâtons dans les roues.
Les principales provinces émettrices de GES, telles que l’Alberta, la Saskatchewan et l’Ontario, ont contesté devant les tribunaux l’action climatique fédérale, en particulier la tarification du carbone, qui a toutefois survécu et qui est en application dans tout le pays.
L’Alberta tente maintenant de s’opposer au plafonnement proposé par Ottawa des émissions provenant de la production de pétrole et de gaz, qui constituent une source importante et croissante d’émissions de gaz à effet de serre au pays.
Dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015 sur la lutte contre le changement climatique, les pays signataires doivent publier tous les cinq ans de nouveaux objectifs appelés contributions déterminées au niveau national. Le système est conçu pour faire pression sur les pays afin qu’ils soient plus ambitieux en matière de climat. Un pays qui ne rehausse pas ses objectifs risque de passer pour un retardataire par rapport aux autres.
L’objectif précédent du Canada, publié en 2021, visait à réduire les émissions de 40 à 45 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030. Avec son nouvel objectif pour 2035, le Canada rejoint des pays comme le Royaume-Uni et le Brésil, qui ont publié les leurs au cours des semaines précédentes.
Des réactions mitigées
Pour le président de l’Institut climatique du Canada, Rick Smith, la nouvelle cible est ambitieuse. Selon lui, elle permet un équilibre et le maintien de certains objectifs d’Ottawa dont l’abordabilité et la compétitivité économique du pays.
M. Smith précise toutefois que cette cible est atteignable seulement si toutes les provinces participent activement à l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de GES.
Il ajoute que la cible est atteignable si tous les secteurs de l’économie participent activement à l’effort de réduction.
Pour sa part, la directrice générale du Réseau action climat Canada, Caroline Brouillette, croit qu’Ottawa manque d’ambition et d’audace.
Au lieu de choisir un objectif qui fixe une vision audacieuse pour diversifier notre économie vers des sources d’énergie abordables et fiables qui réduisent notre dépendance à l’égard des caprices des dangereux climatosceptiques, le gouvernement a choisi de céder, dit-elle. Ce faible objectif est profondément déconnecté de la juste part du Canada à l’effort climatique mondial.
Source: Radio Canada