Québec veut obliger des médecins à pratiquer au public

4 novembre 2024
Québec veut obliger des médecins à pratiquer au public

Assahafa.com

Québec veut serrer la vis aux médecins fraîchement diplômés en les forçant à commencer leur pratique dans le réseau public. Le ministre Christian Dubé déposera un projet de loi pour freiner l’exode des omnipraticiens et des spécialistes vers le privé.

La décision du gouvernement Legault risque de provoquer bien des remous dans sa négociation déjà ardue avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) pour renouveler les accords-cadres. Elle pourrait aussi être impopulaire chez les médecins résidents, qui se sont déjà opposé à d’autres obligations en en début de pratique.

Or, devant les problèmes d’accès à la première ligne et les retards en chirurgie, le ministre de la Santé s’impatiente. Il veut légiférer pour forcer la main aux nouveaux médecins de famille et médecins spécialistes pour qu’ils œuvrent dans le réseau public de la santé et des services sociaux « pendant les premières années » de leur pratique. Un projet de loi pour y arriver sera déposé d’ici la fin de la session parlementaire.

Québec ne précise pas pour l’heure le nombre d’années qui seront obligatoires, mais il s’agirait de quelques-unes, selon nos informations. Le scénario avait d’ailleurs été évoqué l’an dernier lors de l’étude de la vaste réforme menant à la création de Santé Québec, mais avait finalement été abandonné.

Dimanche, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et la Fédération des omnipraticiens du Québec (FMOQ) ont affirmé vouloir voir le projet de loi avant de commenter la nouvelle

La FMSQ a cependant ajouté ceci : « Nous rappelons au gouvernement que la meilleure façon de retenir les médecins spécialistes dans le réseau public de santé, c’est de leur donner les moyens de soigner. Présentement, le manque de plateaux techniques et de personnel, entre autres, empêche trop souvent les médecins spécialistes de pratiquer convenablement. Et ajoutons que si ce type d’obligations devait s’appliquer aux médecins, il devrait s’appliquer aussi à d’autres professionnels de la santé dont plusieurs quittent aussi du public vers le privé. »

De son côté, le Collège des médecins se montre « favorable » aux intentions du ministre. « Il s’agit pour nous d’une question de responsabilité sociale, de respecter le contrat social entre les citoyens et les médecins. Mais nous voudrons voir les modalités de ce projet de loi », a-t-on précisé dans une déclaration, dimanche.

Toujours à l’époque de cette réforme, le ministre de la Santé avait aussi envisagé la possibilité de forcer les nouveaux médecins à pratiquer leur spécialité médicale en région pendant quatre ans, à partir de l’obtention de leur permis. Cela avait aussi été écarté devant la vive opposition de la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) qui avait déploré des « dispositions discriminatoires ».

La FMRQ s’opposait par ailleurs à la décision « d’imposer d’avance des conditions de travail » aux nouveaux diplômés et toute autre mesure « qui irait dans le sens de faire supporter le fardeau de changements organisationnels envisagés sur les épaules des jeunes médecins ». Au surplus, « ces mesures constitueraient certainement une atteinte au droit de négocier », écrivait la Fédération dans son mémoire, en avril 2023.

« Une tendance à la hausse »

Selon le ministre Dubé, on observe au Québec « une tendance à la hausse » des médecins formés par le réseau public qui choisissent le privé. On rappelle dans un communiqué publié dimanche en soirée que « la formation d’un médecin coûte, en incluant la résidence, entre 435 000 $ et 790 000 $ aux contribuables québécois et que le nombre de places pour étudier en médecine est limité ».

« Nous allons prendre les moyens pour que la population ait accès aux soins pour lesquels elle paie. Notre gouvernement a le courage de prendre tous les moyens nécessaires pour renforcer l’engagement des médecins envers la population et notre réseau public », affirme Christian Dubé dans une déclaration.

Québec indique que parmi les 22 479 médecins qui pratiquent au Québec, plus de 775 pratiquent exclusivement au privé, ce qui représente une hausse de 70 % depuis 2020.

« Cette tendance est particulièrement importante chez les nouveaux médecins. De plus, un nombre important de médecins formés au Québec quittent vers d’autres juridictions. Ce phénomène est encore une fois important chez les nouveaux médecins », écrit-on dans le communiqué.

La semaine dernière, la Confédération des syndicats nationaux exhortait Québec à faire cesser l’exode des médecins du public vers le privé. Le syndicat faisait valoir les désaffiliations croissantes de médecins du régime public d’assurance maladie (RAMQ) et le fait que des médecins puissent alterner du public vers le privé.

Cette sortie survenait dans la foulée de la publication d’un sondage Léger, dans les médias de Québecor, démontrant que de plus en plus de Québécois choisissaient le privé en santé. Selon le coup de sonde, 42 % des Québécois ont eu recours à des services non couverts par la RAMQ au cours des cinq dernières années alors que ce nombre était de 25 % en 2019. Il s’agit d’une hausse de 17 %.

Autre enjeu : le va-et-vient des médecins entre le régime public et le privé. La Presse rapportait l’hiver dernier que Québec avait l’intention de resserrer les règles permettant aux médecins de le faire. Or, les discussions à ce niveau se poursuivent, a-t-on indiqué dimanche. Il ne serait donc pas question d’intervenir sur cette problématique dans le projet de loi à venir.

Source: Radio Canada

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