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Le Canada a chassé le diplomate numéro un de l’Inde au pays, sur fond d’enquêtes policières en lien avec des menaces à la sécurité nationale. Cinq autres diplomates de New Delhi ont aussi été déclarés persona non grata par Ottawa.
Le gouvernement Trudeau n’a pas encore officialisé l’expulsion, mais celle-ci a été confirmée lundi par une source gouvernementale canadienne qui a requis l’anonymat, n’étant pas autorisée à parler publiquement de cet enjeu délicat.
En plus du haut-commissaire Sanjay Kumar Verma, cinq autres envoyés du gouvernement de Narendra Modi ont reçu l’ordre de rentrer à la maison – les diplomates ont reçu un avis d’expulsion lundi matin, selon nos informations.
Au cœur de ces sanctions diplomatiques : des allégations d’ingérence étrangère et de crime transnational, qui ont été présentées auprès de représentants du gouvernement indien au courant de la fin de semaine, d’après ce qu’a annoncé lundi le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) Mike Duheme.
Les enquêtes ont révélé que les diplomates et des agents consulaires indiens établis au Canada ont tiré parti de leur position officielle pour se livrer à des activités clandestines telle la collecte de renseignements pour le gouvernement indien.
Mike Duheme, commissaire de la GRC
Et malgré les efforts déployés par une équipe multidisciplinaire créée par la GRC en 2024 afin de contrer ces tentatives de répression, ainsi que la participation du crime organisé à cette campagne, la menace ne s’est pas dissipée, a indiqué le patron de la police fédérale.
Les méfaits se poursuivent et constituent une menace importante à notre sécurité publique, a-t-il regretté. Nous sommes arrivés à un point où nous estimons qu’il est impératif de confronter le gouvernement de l’Inde et d’informer la population. »
Le refus de l’Inde de collaborer aux investigations est à l’origine de cette sortie médiatique que Mike Duheme a qualifiée de « nécessaire » en raison « de la menace importante pour la sécurité publique », et ce, même si les enquêtes policières sont toujours en cours.
New Delhi évoque un « rappel »
Dans une tentative d’imposer sa version des faits, le gouvernement indien a annoncé en premier le départ de son haut-commissaire – l’ambassadeur, pour les pays du Commonwealth. Le ministère indien des Affaires étrangères l’a en effet présenté comme un rappel plutôt qu’une expulsion.
L’annonce a été faite par l’entremise de deux communiqués de presse au vitriol.
Nous avons reçu hier [dimanche] une communication diplomatique du Canada suggérant que le haut-commissaire indien et d’autres diplomates étaient des “personnes d’intérêt” dans une affaire liée à une enquête dans ce pays », lit-on sur le site internet du ministère.
« Le gouvernement indien rejette fermement ces imputations absurdes », est-il aussi écrit.
Évoquant « une atmosphère d’extrémisme et de violence », le ministère en est venu à la conclusion que « les actions du gouvernement Trudeau mettaient en danger [la] sécurité [des diplomates] ». Et New Delhi n’a par ailleurs « aucune confiance en l’engagement du gouvernement canadien à assurer leur sécurité ».
Une nouvelle tuile pour la relation
Cette nouvelle querelle entre New Delhi et Ottawa survient alors que Justin Trudeau s’apprête à témoigner pour une deuxième fois devant la commission d’enquête sur l’ingérence étrangère. L’Inde estime qu’il ne s’agit pas d’« une coïncidence » que ces allégations fassent surface.
« Cela sert également le programme séparatiste anti-indien que le gouvernement Trudeau met en œuvre pour en tirer des gains politiques », accuse le gouvernement de Narendra Modi. De son côté, il étudie des mesures de représailles.
La relation canado-indienne est glaciale depuis des années. Elle s’est envenimée encore davantage en septembre 2023 lorsque le premier ministre a affirmé détenir des preuves crédibles que l’Inde avait commandité le meurtre de Hardeep Singh Nijjar en sol canadien.
Au moment de publier, le ministère des Affaires étrangères du Canada n’avait pas commenté.
En mai dernier, le haut-commissaire indien a cherché à minimiser le meurtre du leader sikh Hardeep Singh Nijjar, qui est à l’origine du regain de tension entre les deux pays. « Il y a eu des crimes malheureux [ayant visé] des gens qui sont actuellement citoyens canadiens », a-t-il soutenu lors d’une conférence à Montréal.
Il a tenu ces propos au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) quelques jours après que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) eut arrêté trois hommes de nationalité indienne en lien avec le meurtre du leader sikh Hardeep Singh Nijjar.
Celui-ci était un partisan de la création, en Inde, d’un État sikh indépendant appelé le Khalistan.
Source: la presse