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Alors que l’entreprise suédoise Northvolt connaît des ennuis financiers et annonce des suppressions d’emplois, le gouvernement du Québec tarde à approuver le projet d’école de la batterie électrique, qui a pris du retard.
Le directeur général du Cégep de Drummondville, Pierre Leblanc, qui pilote le projet, attend depuis deux ans l’autorisation du gouvernement Legault pour que l’école de la batterie voie le jour à Bécancour, dans le Centre-du-Québec. Au départ, il espérait que l’établissement ouvrirait ses portes en 2025 pour répondre aux besoins de main-d’œuvre des entreprises de la filière batterie, dont Northvolt.
On attend l’autorisation du gouvernement pour un go, pour dire tout simplement, on va de l’avant.
Même si Northvolt a des problèmes financiers qui pourraient entraîner un retard de 12 à 18 mois dans son projet de méga-usine en Montérégie, M. Leblanc souhaite que Québec donne rapidement son aval à la construction de l’établissement, afin que l’école puisse accueillir ses premiers étudiants dès 2027. Si on ne va pas de l’avant, on va rater une occasion historique, soutient-il. On ne peut pas devenir un leader mondial de la transition énergétique si on n’est pas capable de former des employés de façon adéquate. C’est fondamental, c’est une condition sine qua non.
Il y a eu beaucoup de rencontres politiques dans les deux dernières années
, souligne Pierre Leblanc. Les responsables du projet sont en pourparlers avec les ministères de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, de l’Éducation supérieure et de l’Éducation depuis des mois.
Un plan fonctionnel et technique du futur centre de formation et d’innovation a même été déposé au gouvernement au cours de l’été. Mais Pierre Leblanc admet que les retards éprouvent sa patience. Le gouvernement prend la chose très, très au sérieux, insiste-t-il. Tout le monde est de bonne foi, tout le monde veut que les choses fonctionnent, alors le processus suit son cours.
Il ne croit pas que les problèmes financiers de Northvolt vont entraîner la fin du projet, mais il craint les effets du contexte budgétaire du Québec. On vit, en ce moment, une situation budgétaire très difficile, alors je comprends très bien que le gouvernement a des décisions à prendre. Je pense que ça pourrait être la raison qui ferait en sorte qu’on n’aille pas de l’avant avec le projet
, estime M. Leblanc.
Un mandat élargi
Le mandat de la future école de la batterie, rebaptisée École de la transition énergétique, a été élargi au cours des derniers mois pour tenir compte de l’ensemble des entreprises oeuvrant au développement de nouvelles sources d’énergie, et pas seulement de celles fabriquant des batteries pour les véhicules électriques.
La transition énergétique, c’est plus que la batterie. En ce moment, la grosse vedette, c’est la batterie, mais peut-être que dans trois ans, ce sera l’hydrogène, l’électrification des transports et la décarbonation
, ajoute Pierre Leblanc, qui dit constater un ralentissement dans le secteur de la batterie. C’était extrêmement urgent il y a un an et demi, et là, maintenant, la demande est moins grande. Les entreprises se repositionnent.
L’établissement doit être construit dans le parc industriel de Bécancour, près des entreprises en émergence dans ce domaine. L’école pourrait accueillir 300 étudiants de la formation professionnelle ainsi que des niveaux collégial et universitaire et leur offrir des salles de classe, des laboratoires et des ateliers spécialisés.
Avec l’ajout d’un volet innovation à la transition énergétique, le coût du projet a augmenté : il est passé de 25 à 39 millions de dollars. Le financement prendrait la forme d’un partenariat public-privé, où des entreprises pourraient investir dans le volet innovation du centre de formation.
Pierre Leblanc et ses partenaires rencontrent actuellement des chefs d’entreprises pour leur demander un engagement financier et pour voir jusqu’à quel point les entreprises sont intéressées à être partie prenante de cette aventure-là
.
M. Leblanc affirme que certaines d’entre elles ont déjà montré de l’intérêt pour le projet. J’ai 18 lettres d’appui d’entreprises dans le domaine de la transition énergétique qui disent « on est avec vous, on veut utiliser vos locaux, on veut utiliser vos laboratoires ». Des entreprises lèvent la main pour dire « je veux me servir de l’école parce que je veux former les futurs employés et aller faire du perfectionnement, de la formation supplémentaire ».
Le directeur général du Cégep de Drummondville soutient que des discussions sont également en cours avec Northvolt, qui a signifié son intérêt
, malgré ses ennuis financiers. Au moment où on se parle, des gens de la région de la Montérégie, des équipes des cégeps et des centres de services scolaires participent à des rencontres pour élaborer des processus de formation afin de répondre aux besoins de Norhtvolt
, affirme Pierre Leblanc.
L’Université du Québec à Trois-Rivières, quatre cégeps et cinq centres de services scolaires de la Mauricie et du Centre-du-Québec participent au projet.
Au gouvernement du Québec, on affirme être en train d’analyser le projet dans son ensemble. On dit également être dans l’attente d’une nouvelle version du projet. Entre-temps, nous suivons de très près les initiatives régionales en cours dans le domaine de la transition énergétique, particulièrement en ce qui concerne la formation et les besoins de main-d’œuvre.
Source: Radio Canada