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Sept maires de la couronne nord de Montréal, où la CAQ est élue partout, prendront la parole à l’Assemblée nationale, mercredi, pour se révolter contre le manque de transport en commun pour le demi-million de citoyens qu’ils représentent. Ils annonceront vouloir en faire l’enjeu principal de l’élection partielle pour remplacer Pierre Fitzgibbon dans la circonscription de Terrebonne.
Il est temps que le gouvernement prenne des décisions à la hauteur de l’urgence et de l’ampleur de la situation
, écrivent les maires, dans leur communiqué, obtenu en primeur par Radio-Canada.
Le document est appuyé par une liste de maires dont ceux de Terrebonne, Repentigny, Mirabel, Blainville, Saint-Eustache, Deux-Montagnes, L’Assomption ou encore Rosemère. La plupart ont fait le voyage à Québec.
Le développement économique de notre région est freiné
À cause du manque d’offre de transport collectif, des entreprises refusent de s’installer dans leurs parcs industriels et des jeunes vont étudier ailleurs.
Dans le communiqué, le maire de Deux-Montagnes, Denis Martin, réclame des solutions concrètes et immédiates
pour garantir la compétitivité économique, mais aussi la qualité de vie à long terme de nos habitants
.
Il est inacceptable que la couronne Nord, qui représente une part croissante de la population de la région métropolitaine, soit laissée pour compte en ce qui a trait à l’offre de service en transport en commun.
Pour décongestionner nos autoroutes, on a besoin d’alternatives, et, pour l’instant, il y en a très peu
, déplore le maire de Terrebonne, Mathieu Traversy, en entrevue avec Radio-Canada. Et, le peu qu’on détient est de moins en moins attractif et de moins en moins efficace
.
Il donne l’exemple du train de l’Est, qui ne relie plus directement Mascouche, Terrebonne et Repentigny à la gare centrale de Montréal. Certains de ses citoyens sont fâchés
parce qu’ils mettent plus d’1 heure 30 pour arriver pour arriver au centre-ville de Montréal
, soit plus longtemps qu’en voiture.
Le maire explique que le Cégep de Terrebonne est moins attractif pour les étudiants, parce qu’il a moins d’accessibilité en transport collectif.
Il y a des entreprises qui choisissent d’autres parcs industriels, parce qu’ils n’ont pas nécessairement de services de transport collectif pour leurs employés.
On devient moins attractifs
pour attirer de la main-d’œuvre au parc industriel, confirme le maire de Mirabel, Patrick Charbonneau, en entrevue avec Radio-Canada.
Il cite l’exemple de la compagnie Airbus qui s’inquiétait du manque de service d’autobus vers le site de l’aéroport de Mirabel, où elle assemble l’avion A220. L’entreprise a dû mettre la main à la poche pour créer, le mois dernier, un service de navettes, avec le concours de la Municipalité et d’Aéroports de Montréal pour transporter une partie de ses 4000 employés depuis le métro Montmorency.
Nous avions des demandes des employés depuis longtemps pour obtenir un transport collectif
, explique la porte-parole d’Airbus Canada, Annabelle Duchesne.
Pour nous, cette navette est cruciale pour favoriser le recrutement de nouveaux employés, notamment dans un contexte où les ressources sont difficiles à trouver.
Ça n’a aucun bon sens
que le privé et la Ville doivent payer pour ce service, selon le maire de Mirabel. Il croit que c’est au gouvernement du Québec de le faire.
Selon M. Charbonneau, le développement économique de notre région est freiné par l’incertitude qui pèse sur le transport collectif
, ajoute M. Charbonneau.
Le gouvernement reconnaît qu’il doit en faire plus
On a aussi demandé à l’Autorité régionale de transport métropolitain de mieux répondre aux besoins de mobilité pour les citoyens des villes en périphérie de la région de Montréal
, répond à Radio-Canada le cabinet de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.
On est d’accord que l’offre de transport collectif doit être améliorée pour les Québécois de la couronne Nord de Montréal.
On a réservé 20 millions de dollars pour les couronnes au dernier budget afin d’améliorer le transport collectif
, ajoute le bureau de la ministre.
Ça ne rassure pas les maires qui constatent que les discussions en cours sur le cadre financier du transport collectif ne prévoient aucune amélioration de l’offre de services avant 2030, mais plutôt des restrictions et des coupures
.
Les municipalités révoltées sont toutes représentées par des députés de la CAQ
Il s’agit du premier ministre François Legault (circonscription de L’Assomption); des ministres Benoit Charette (Deux-Montagnes), Eric Girard (Groulx), Pascale Déry (Repentigny); des députés Sylvie D’Amours (Mirabel) Mario Laframboise (Blainville Mathieu Lemay (Masson) et du ministre démissionnaire Pierre Fitzgibbon (Terrebonne).
Ça commence à rugir
Le maire de Rosemère, Éric Westram, également préfet de la MRC de Thérèse-De Blainville raconte qu’il y a beaucoup de gens déçus
dans des municipalités de son territoire, comme Bois-des-Filion, Sainte-Anne-des-Plaines, Boisbriand, Sainte-Thérèse et Blainville. Ça commence à rugir.
Il donne l’exemple du train de banlieue entre Montréal et Saint-Jérôme, qui passe par sa municipalité de Rosemère. Le samedi soir, le dernier départ pour retourner vers la banlieue est à 21 h 44.
Si quelqu’un veut voir une pièce de théâtre ou un match de hockey, à Montréal, il ne peut pas prendre le train pour revenir, c’est trop serré.
M. Westram se rappelle que son député, le ministre des Finances Eric Girard, avait promis un plan de décongestion des routes lors de sa première élection. Or, on attend toujours des voies réservées vers le sud sur l’autoroute 15.
Selon le maire, Québec doit présenter une stratégie qui va faire que les gens en banlieue délaisseront la deuxième, troisième ou quatrième voiture pour se satisfaire que d’une seule et prendre le transport en commun
.
Source: Radio Canada