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Les consultations particulières du projet de loi 69 sur l’énergie ont commencé par un constat surprenant, mardi : celui de Michael Sabia, président et directeur général d’Hydro-Québec, selon qui l’ancien ministre Pierre Fitzgibbon a « peut-être » réservé trop de mégawatts aux sociétés étrangères, et ce, au détriment des entreprises d’ici.
En présentant le mémoire de la société d’État en commission parlementaire, en matinée, M. Sabia s’est permis de décocher une flèche en direction de l’ex-député de Terrebonne, qui a quitté ses fonctions ministérielles et législatives la semaine dernière à la demande de François Legault.
Honnêtement, cartes sur table, je pense que, dans l’allocation des mégawatts, jusqu’à date, […] la réponse [n’a pas été] suffisamment importante [pour accéder aux] demandes
, a-t-il déclaré, faisant référence aux industries d’ici
.
Je pense qu’il faut rebalancer des choses
, a poursuivi M. Sabia, soulignant que la quantité d’énergie propre
qui sera produite par la société d’État dans les prochaines années pourrait ouvrir sérieusement des décennies de prospérité pour les jeunes Québécois
.
Dans son allocution, le PDG a également noté que les mégawatts alloués par l’ex-ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie ne respectaient pas l’équilibre de 75 % pour des projets de décarbonation et de 25 % pour la création de richesse établi par Hydro dans son plan d’action rendu public en novembre dernier.
Une entreprise chinoise, Tiandingfeng Canada, a par exemple obtenu des mégawatts pour un projet à Sorel-Tracy, alors que l’entreprise québécoise Les Forges de Sorel n’a pas obtenu les mégawatts qu’elle demandait pour décarboner ses procédés.
Trop de projets pour la puissance disponible
En juin, M. Fitzgibbon a alloué un total de 364 mégawatts à des industries. Il restait environ 500 mégawatts à distribuer avant de manquer de capacité additionnelle. Près de 1000 MW avaient déjà été alloués, fin 2023.
En comparaison, 364 MW, c’est à peu près la puissance requise par Northvolt ou par toutes les résidences de Longueuil.
Aux dernières nouvelles, le gouvernement avait reçu des demandes d’alimentation de 13 000 mégawatts pour des projets industriels qu’il jugeait intéressants, soit beaucoup plus que ce qu’il était en mesure d’accepter.
La loi dit qu’avant d’accepter d’allouer de l’électricité à un projet, le ministre de l’Énergie doit tenir compte des capacités techniques d’Hydro-Québec pour le raccordement ainsi que des retombées économiques et des impacts sociaux et environnementaux de l’utilisation de l’électricité demandée.
Depuis une nouvelle loi votée en 2023, c’est le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, et non Hydro-Québec, qui sélectionne les projets industriels demandant plus de 5 mégawatts, soit l’équivalent de la consommation du Centre Bell.
Tous les yeux tournés vers Fréchette
Le début des consultations particulières du projet de loi 69 sur l’avenir énergétique du Québec marque l’entrée en scène de la nouvelle ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, qui a succédé à Pierre Fitzgibbon la semaine dernière – un véritable baptême du feu.
La pièce législative, qui fait 56 pages, est aussi importante qu’imposante, si bien que tous les partis représentés à l’Assemblée nationale ont demandé la semaine dernière que, dans les circonstances, l’étude de la pièce législative soit reportée. Mais en vain.
En mêlée de presse, tout juste avant le début des audiences de mardi, Mme Fréchette a de nouveau assuré que la hausse des tarifs résidentiels sera limitée à 3 % au moins jusqu’en 2026, comme l’a récemment répété François Legault. Michael Sabia l’a confirmé.
Si la société d’État a besoin de plus de 3 %, elle recevra la différence indirectement de la poche des contribuables, par l’entremise d’un fonds prévu par le projet de loi. Déjà cette année, Hydro-Québec a évalué la hausse nécessaire à 3,9 %. Récemment, Pierre Fitzgibbon anticipait un besoin de hausse encore plus fort d’ici 5 à 10 ans.
Source: la presse