Assahafa.com
Un rebond. Une renaissance. Les troupes de Justin Trudeau espèrent profiter de leur rencontre de caucus à Nanaimo, en Colombie-Britannique, cette semaine, pour insuffler un vent de fraîcheur à leur parti, alors que l’échéancier électoral arrive à grands pas.
C’est notre dernière année. Si on veut renverser la tendance, il faut qu’on montre qu’on est solide sur nos patins
, confie un député croisé à son arrivée, sur l’île de Vancouver.
Les élus veulent une raison d’y croire
, ajoute un libéral de haut rang. Je pense que les collègues ont besoin d’être rassurés qu’il y a un plan.
Depuis leur arrivée au pouvoir en 2015, les troupes de Justin Trudeau ne se sont jamais réunies dans un contexte aussi précaire : les sondages n’ont presque pas bougé en un an, les libéraux ont perdu leur château fort de Toronto-St. Paul’s en juin, leur directeur de campagne a quitté son poste la semaine dernière, plus de quinze députés ont annoncé qu’ils ne se représentaient pas à la prochaine élection et le leadership du chef a été plusieurs fois remis en question dans les derniers mois.
Devant ce constat, certains élus voient la nomination de Kamala Harris à la tête du ticket démocrate, aux États-Unis, comme une source d’inspiration.
Justin Trudeau devrait imiter Joe Biden et quitter son poste. C’est ce qu’il devrait annoncer au caucus. Les gens aiment nos politiques, mais plus notre chef.
Sans aller aussi loin, plusieurs libéraux arrivent à Nanaimo, la faim au ventre, à la recherche d’une stratégie qui pourrait redonner un élan à leur parti – le genre d’étincelles qui semblent bercer la campagne démocrate depuis quelques semaines.
Il nous faut quelque chose pour rebondir, que ce soit un plan, une vision, pour expliquer aux gens pourquoi ils devraient voter pour nous pour les 4-5 années à venir
, lance le député franco-ontarien Francis Drouin, qui ne sera pas candidat à la prochaine élection.
Notre dernier discours du trône remonte à 2021, quand on était encore en pleine pandémie
, ajoute-t-il. Ça ne tient plus la route. Ça fait depuis le caucus de London, l’an dernier, qu’on attend un plan. On ne peut pas juste gouverner avec les enjeux qui sont dans les journaux.
Selon M. Drouin, les libéraux ne doivent pas attendre, non plus, que Pierre Poilievre fasse une erreur
pour espérer une remontée : On ne contrôle pas ça. Il faut être plus proactif.
Une source libérale critique d’ailleurs l’immobilisme qu’il perçoit dans ceux qui entourent Justin Trudeau : Ils sont passés maîtres dans la stratégie du pourrissement, regarder les problèmes pourrir.
Une meilleure stratégie sur les médias sociaux
À quoi pourrait ressembler ce plan de relance qui sera discuté au caucus à Nanaimo? Certains libéraux espèrent un discours plus centré sur l’économie et moins sur les enjeux sociaux, d’autres croient qu’il faut mettre l’accent sur le travail de terrain, tandis que plusieurs prêchent pour un recentrage du message autour de deux ou trois dossiers seulement.
On évoque aussi un chef moins visible et une équipe davantage mise de l’avant. Bref, les options sont multiples.
La stratégie du parti en matière de communications pourrait également être au cœur des discussions : Il faut qu’on arrive à mieux communiquer avec les Canadiens. On n’est pas assez discipliné sur les médias sociaux
, reconnaît la ministre du Tourisme, Soraya Martinez Ferrada.
L’approche plus agressive de Kamala Harris sur des plateformes comme X et TikTok a d’ailleurs été remarquée par plusieurs membres de l’équipe libérale et des discussions ont déjà eu lieu entre les troupes de Justin Trudeau et celles du clan démocrate à ce sujet.
En même temps, la ministre Martinez Ferrada le reconnaît : Il n’y a pas de baguette magique. La baguette magique, c’est chacun d’entre nous qui allons cogner aux portes et qui portons le parti et le chef avec nous.
Une présence qui sera remarquée, en tout cas, à Nanaimo, c’est celle de Mark Carney. L’ancien gouverneur de la Banque du Canada doit prononcer un discours sur la prospérité économique, mais le fait qu’il soit sur place, au caucus, pourrait alimenter les discussions de corridor autour du leadership de Justin Trudeau. M. Carney est vu dans les cercles libéraux comme un successeur potentiel au chef du parti.
Pour la ministre du Tourisme, un changement de leader n’est vraiment pas à l’ordre du jour, surtout avec le Nouveau Parti démocratique qui vient de déchirer
son entente qui le liait aux libéraux.
Nous, on est en mode campagne. La campagne peut arriver à n’importe quel moment.
Peut-être, mais certains élus croient que Justin Trudeau n’a pas encore réussi à évacuer tous les questionnements sur son leadership, surtout avec l’élection partielle dans LaSalle-Émard-Verdun, qui aura lieu le 16 septembre : Si on perd cette circonscription, ça va prendre un méchant choc à notre campagne
, lance le député Francis Drouin.
Des inquiétudes qui font étrangement écho à celles qu’on entend depuis déjà un an, dans les rangs libéraux.
Source: cbc