Québec approuve un projet de gazoduc dans les Laurentides

Assahafa.com

Le gouvernement Legault autorise Énergir à construire un nouveau pipeline de 10 kilomètres pour s’approvisionner en « gaz naturel renouvelable » (GNR) au lieu d’enfouissement technique (LET) de Waste Management (WM) à Sainte-Sophie, un projet dénoncé par de nombreux environnementalistes.

Le décret, publié dans la Gazette officielle de mercredi (Nouvelle fenêtre), a été signé il y a trois semaines, le 3 juillet, sans pour autant donner lieu à une annonce en bonne et due forme.

La décision a été prise sur la recommandation du ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, spécifie-t-on.

Pour ce faire, le gouvernement affirme s’être basé sur un rapport d’analyse environnementale produit par le ministère de M. Charette le 9 mai dernier, qui a permis de conclure que le projet est acceptable sur le plan environnemental, à certaines conditions.

Ce feu vert de Québec fait suite à un avis favorable rendu par le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) le 19 avril.

Dans son rapport (Nouvelle fenêtre), ce dernier avait estimé que le projet devrait être autorisé, et ce, malgré que le promoteur ait surestimé ses bénéfices climatiques, en omettant par exemple de prendre en compte que WM prévoit utiliser du gaz fossile pour faire fonctionner ses installations.

La demande d’autorisation avait été déposée en mai 2022, après la conclusion d’une entente entre Énergir et WMWaste Management en vue de réaliser à Sainte-Sophie un important projet de production et de distribution de GNR.

Ce projet – qui, à l’époque, avait été chiffré à 200 millions de dollars – avait été annoncé en présence du ministre Charette, le mois suivant.

Le complexe en question, qui n’a pas été étudié par le BAPE, devrait normalement voir le jour en 2025.

L’usine Papiers Rolland de Saint-Jérôme menacée

Le projet de raccordement qui en découle, cela dit, est loin de faire le bonheur des organismes environnementaux.

Ces groupes font notamment valoir que des études récentes contestent le caractère « vert » du GNR, montrant du doigt sa non-carboneutralité, sa rareté, son coût élevé et ses impacts environnementaux.

Ils déplorent aussi que le projet d’Énergir et de WM prévoit de détourner des biogaz qui sont actuellement utilisés de manière judicieuse par la seule entreprise recyclant actuellement les contenants multicouches au Québec : la papetière Rolland de Saint-Jérôme, située à seulement 13 kilomètres de Sainte-Sophie.

À cause du projet d’Énergir, l’usine de papier recyclé Rolland […] pourrait devoir retourner au gaz fossile, ce qui augmentera grandement ses émissions de GES, ou devra tout simplement cesser ses activités, entraînant ainsi de nombreuses pertes d’emplois, prévenaient-ils encore dans une lettre ouverte (Nouvelle fenêtre) publiée le 2 mai dernier.

Le décret publié mercredi impose à Énergir le respect de nombreuses obligations environnementales, notamment en matière de remise en état des milieux humides et hydriques et de reboisement.

Ces conditions manquent toutefois de mordant au goût du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED). Trop d’éléments ont été mis de côté selon nous dans ce projet pour que l’on donne carte blanche aux promoteurs, a critiqué son président Denis Blaquière, mercredi, par communiqué.

Ce projet a été étudié en vase clos alors que plusieurs organisations réclament justement une réflexion plus globale sur la place du gaz naturel dans la nécessaire transition énergétique, a-t-il déploré.

Source: Radio Canada