Kamala Harris et le Canada : à quoi s’attendre ?

23 juillet 2024
Kamala Harris et le Canada : à quoi s’attendre ?

Assahafa.com

L’entrée en scène de Kamala Harris dans la course à la présidentielle risque d’avoir peu d’impacts tangibles pour le Canada. En revanche, sur le plan symbolique, c’est une autre histoire.

CE QU’IL FAUT SAVOIR

Le ministre François-Philippe Champagne, qui sillonne les États-Unis en prévision de l’élection présidentielle, ne s’attend pas à un changement de cap majeur avec l’arrivée de Kamala Harris.

La vice-présidente a étudié à Montréal pendant quelques années, obtenant son diplôme de l’école secondaire Westmount en 1981.

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a salué son arrivée, y voyant une inspiration majeure pour les femmes et les filles racisées en Amérique du Nord.

« Évidemment, ce sera au Parti démocrate de choisir qui sera candidat pour l’investiture démocrate, mais c’est sûr qu’en Mme Harris, on a une alliée », a soutenu lundi le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

L’actuelle vice-présidente ayant effectué une partie de sa scolarité à Montréal, elle saisit « la nature stratégique de la relation », en plus d’avoir une « place particulière dans son cœur pour le Canada », a-t-il plaidé en conférence téléphonique du Royaume-Uni.

L’ancien ambassadeur des États-Unis au Canada, Bruce Heyman, mentionne lui aussi cet aspect. Car selon son expérience, au nord de la frontière, les gens sont souvent sensibles à ce que les leaders américains savent et pensent du Canada.

La possible nomination de Kamala Harris, qui a été appuyée par le président Joe Biden et une kyrielle de démocrates, est donc « unique » en ce sens, expose en entrevue l’ancien diplomate, toujours très influent et actif dans les cercles démocrates.

L’amour qu’elle conserve de ses années au Canada transparaîtra.

Bruce Heyman, ancien ambassadeur des États-Unis au Canada

Ce n’est pas tout à fait l’avis de Louise Blais, qui a été consule générale du Canada à Atlanta et ambassadrice du Canada aux Nations unies. D’après elle, le récit de l’expérience canadienne de Kamala Harris est un peu trop romancé.

Elle n’en parle pas outre mesure. On n’a pas vraiment l’impression qu’elle a gardé des liens très forts, et que ça peut vraiment être une carte qu’on peut jouer », argue-t-elle en entrevue téléphonique.

Trudeau et Poilievre prudents, Singh ravi

Le cabinet du premier ministre Justin Trudeau n’a pas fourni de réaction à l’apparition de Kamala Harris dans la course à la Maison-Blanche, pas plus que le bureau du dirigeant conservateur Pierre Poilievre – celui-ci n’a encore rien dit sur le désistement de Joe Biden.

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh s’est montré ravi d’assister à un tel dénouement, sans toutefois rien enlever au président Biden, dont il a vanté le bilan en matière de protection des droits des travailleurs.

Mais c’est son cœur de père, et son vécu de politicien racisé, qu’il a voulu laisser parler, lundi. « Je suis un fier père de deux filles, et pour elles, le fait qu’une femme racisée peut accéder à la présidence du pays le plus puissant au monde, c’est énorme », a-t-il lancé.

« L’inspiration que ça représente, c’est incroyable », s’est-il réjoui par visioconférence.

Vers une continuité ?

Même si l’annonce de Joe Biden a eu l’effet d’une bombe, il y a fort à parier qu’à Ottawa, le gouvernement « n’a pas été pris de court », croit Sandra Aubé, ancienne cheffe de cabinet de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

D’abord, on devinait la situation du 46président des États-Unis intenable. Ensuite, dans les officines du pouvoir, on a tiré des leçons de l’imprévisible ère Trump. « Il y a vraiment eu un changement dans la façon de travailler, c’était 24 heures sur 24 », relate-t-elle.

Et les potentiels impacts de ce séisme américain se feraient par ailleurs peu ressentir sur le sol canadien, puisque « Kamala Harris est une candidate de la continuité », signale celle qui est maintenant vice-présidente chez Tact Conseil.

Il va falloir que [Kamala Harris] sorte une plateforme tournée vers l’avenir ; elle ne pourra pas passer les prochains mois à défendre le bilan de Biden.

 Louise Blais, ex-ambassadrice du Canada aux Nations unies

« Que peut-elle dire de différent sur l’immigration ? Sur l’économie ? Il faudra suivre ça de près. Il faut se rappeler qu’elle a voté contre l’ACEUM [nouvel ALENA] en 2020⁠1 », signale celle qui œuvre maintenant au Conseil canadien des affaires.

Ce qui est certain, c’est que le gouvernement Trudeau devra tisser ou renforcer des liens avec la garde rapprochée de Kamala Harris. Les deux ont tout de même eu des échanges bilatéraux ces dernières années, le plus récent remontant à mai dernier.

« Les leaders ont toujours un cercle restreint. Il faudra voir comment travailler davantage avec le cercle de Mme Harris. Mais pour le reste, pour la stratégie globale, c’est déjà bien enclenché », note Sandra Aubé en faisant référence à l’offensive d’« Équipe Canada », dont le ministre Champagne est un joueur important.

LE COLISTIER DE TRUMP À PORTÉE DE MAIN D’UN CONSERVATEUR

Un gouvernement dirigé par Pierre Poilievre parviendrait-il à travailler de manière constructive avec une potentielle administration Harris ? « La plus grande menace, pour la relation canado-américaine, est Donald Trump. Ce n’est pas un changement de gouvernement au Canada, qu’il soit conservateur ou libéral », répond à cette question l’ancien ambassadeur des États-Unis au Canada, Bruce Heyman. De solides liens unissent d’ores et déjà un nouvel élu très en vue du Parti conservateur du Canada, Jamil Jivani, et le candidat républicain à la vice-présidence, J.D. Vance. « Nous sommes devenus de si bons amis que j’ai fini par lire la Bible à son mariage », a raconté il y a quelques années, dans le National Post, le député Jivani, de l’Ontario, sur sa relation avec J.D. Vance⁠2.

Source: la presse

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