Petite révolution dans la sécurité des députés fédéraux face au climat politique

17 juillet 2024
Petite révolution dans la sécurité des députés fédéraux face au climat politique

Assahafa.com

Les députés fédéraux pourront désormais demander une protection policière lors de simples activités, une nouveauté adoptée en avril dernier en réponse à la hausse des menaces et au climat d’insécurité qui devient tranquillement la norme.

La députée de Salaberry—Suroît, Claude DeBellefeuille, organise une traditionnelle épluchette de blé d’Inde au mois d’août. Elle se demande si, pour la première fois, elle fera appel à ce nouveau service offert aux élus qui en font la demande.

«J’envoie mon bulletin parlementaire à travers toute la circonscription. Je fais ça en plein centre-ville de Salaberry-de-Valleyfield, donc est-ce que je me sentirais plus en sécurité si j’avais accès à un service de sécurité pour mon activité publique? Je suis en train de réfléchir à ça», dit-elle en entrevue.

Whip du Bloc Québécois, Mme DeBellefeuille siège aussi au Bureau de régie interne (BRI), l’organe de la Chambre des communes qui gère les questions administratives et financières des locaux, des services, du personnel et des députés.

DES MESURES PLUS ÉTENDUES

Les élus fédéraux ont toujours été protégés dans l’enceinte de la Cité parlementaire à Ottawa, mais à l’extérieur de celle-ci, sauf exception, c’était une autre histoire.

Le 11 avril dernier, les membres du BRI ont choisi à l’unanimité de pérenniser un programme pilote mis en place en novembre 2022, qui permet aux élus de demander un service de protection, peu importe l’endroit au pays, «sans trop de dédales administratifs», indique la députée.

«Ça rassure beaucoup les élus […], dit-elle. On a demandé au sergent d’armes de ne pas mettre de modalités trop difficiles parce que nos horaires changent souvent. Cette facilité-là nous apporte beaucoup d’apaisement et nous rassure.»

La demande doit être faite par courriel au sergent d’armes de la Chambre des communes, qui évalue par la suite les besoins en fonction de la gravité de la situation. Celui-ci peut faire appel à une entreprise privée de sécurité ou à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dans les cas les plus graves.

Le BRI a aussi décidé d’élargir le Programme d’«avertisseurs mobiles» pour permettre aux députés de demander un de ces «boutons panique», auparavant restreints à ceux qui faisaient face aux menaces plus sérieuses. Les députés peuvent aussi faire protéger leurs résidences primaire et secondaire depuis 2019.

EXPLOSION DES MENACES

Les députés bloquistes, analyse Mme DeBellefeuille, sont globalement épargnés par les manifestations plus violentes auxquelles sont confrontés certains députés ailleurs au pays, notamment les libéraux et les néo-démocrates.

Le sergent d’armes Patrick McDonnell a noté une explosion du nombre de menaces envers les députés, passant de 8 en 2019 à 530 en 2023, la plupart en ligne. Les exemples abondent: il y a quelques semaines seulement, l’ancien ministre de la Sécurité publique et un des visages du gouvernement pendant le convoi Marco Mendicino s’est fait cracher au visage par un malfrat.

En comité parlementaire ce printemps, le commissaire de la GRC, Mike Duheme, avait d’ailleurs suggéré au gouvernement de rendre plus facile le dépôt d’accusations contre des citoyens qui profèrent des menaces à l’endroit d’élus.

Claude DeBellefeuille, elle, a reçu à deux reprises des retours de ses envois parlementaires remplis d’insultes dans sa boîte aux lettres personnelle.

«Ça veut dire que cette personne sait où je vis. Est-ce que ça me mène à demander une garde chez moi? Non, je ne ressens pas ce besoin-là, sauf que si ça continuait, là c’est sûr que je suis très rassurée [par ces programmes].

«Avant, mon sentiment d’insécurité n’existait pas. Il était complètement absent, et là, je vous dirais que ça m’habite plus», ajoute Mme DeBellefeuille. La sécurité est devenue un facteur pour ceux et celles qui souhaitent se lancer en politique, remarque-t-elle.

Source: tvanouvelles

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