Après les balles contre Trump, la violence politique persistera-t-elle?

15 juillet 2024
Après les balles contre Trump, la violence politique persistera-t-elle?

Assahafa.com

L’attentat contre Donald Trump arrive à un moment d’instabilité extrême aux États-Unis. Et cet événement va troubler davantage une atmosphère politique déjà tendue et toxique. L’impact n’est pas encore mesurable, mais la situation ne risque pas de s’améliorer.

Pour Trump, cet événement terrible survient alors qu’il accumule des petites victoires depuis quelques semaines.

D’abord, le leadership de Joe Biden est affaibli depuis sa piètre performance lors du débat du 27 juin qui a remis en question ses capacités de gérer le pays quant à son âge avancé.

Et puis il y a eu cette décision de la Cour suprême des États-Unis, majoritairement conservatrice, qui a confirmé l’immunité présidentielle de Trump. Cette décision aura comme conséquence de retarder davantage les procès criminels auxquels il fait face.

Maintenant, l’attentat de samedi lui donne une aura de survivant héroïque que rien ne peut atteindre. L’image de Trump avec l’oreille ensanglantée, le poing levé et le drapeau américain qui flotte au-dessus de sa tête est presque messianique. On l’a vu aussi prononcer les mots Fight, fight, fight, comme s’il s’agissait d’un défi.

L’image a fait le tour du monde et se retrouve déjà sur les chandails de ses partisans, un peu comme cela avait été le cas avec son célèbre mugshot lors de son inculpation à Atlanta en Georgie.

Le marketing étant une carte maîtresse pour Trump et ses disciples, le plancher de la convention du parti républicain à Milwaukee cette semaine sera probablement tapissé de délégués en casquette rouge Make America Great Again, mais aussi de ces fameux chandails à la photo désormais iconique.

Des républicains plus unis que jamais

Sur son réseau social Truth Social, Donald Trump appelle dorénavant à l’unité… Mais derrière qui? Derrière lui bien sûr, car fidèle à son habitude, comme il a déjà utilisé son statut de martyr et de prétendue victime de la chasse aux sorcières pour marquer des points politiques, il a ici une occasion en or de profiter de ce qui lui est arrivé.

Et tout cela devrait renforcer davantage la ferveur et la mobilisation de ses partisans, tout en convainquant les républicains plus modérés qui attendaient peut-être encore de rejoindre les rangs trumpistes. Les rangs devraient donc se resserrer derrière un seul homme décidément providentiel. Grâce à Dieu, comme Trump l’a dit lui-même, afin de rameuter davantage, si besoin était, le vote chrétien.

Et Biden dans tout ça?

En pleine tourmente personnelle au milieu de ses troupes qui doutent de plus en plus de lui, Joe Biden a désormais l’occasion de consolider ses appuis en ces temps d’instabilité afin de faire taire les appels à son retrait de la course.

L’image qu’il essaie de projeter depuis samedi soir est celui du consolateur en chef des Américains, celui qui est en poste dans le bureau ovale et qui gère le pays. Mais, déjà malmené dans les sondages, il serait surprenant que Biden remonte dans les intentions de vote après cet attentat contre son rival.

Même si la situation est loin d’être la même que celle de 1981 – quand un admirateur de Jodie Foster a tiré sur le président Reagan, lui donnant ainsi un formidable coup de pouce dans les sondages – il ne serait pas étonnant de voir la cote de popularité de Trump en hausse.

Pour combien de temps et dans quelle mesure, cela reste à voir. Tout dépendra de la façon dont les deux adversaires vont gérer la suite des événements. Et comment les messages d’appels au calme seront perçus dans cette campagne volatile, forte en émotion et où la polarisation est toxique.

Des appels au calme?

En temps normal, la violence politique a tendance à unir les Américains dans leur conviction que quelque chose doit changer, que l’unité est la solution. Les nombreux appels lancés depuis samedi en faveur d’une baisse du thermostat des émotions et des impulsions politiques ont été nombreux. Mais si le passé des huit dernières années de politique américaine est garant de l’avenir, il y a fort à parier que l’effet de ces appels ne durera pas longtemps.

Depuis l’attentat, la droite montre les dents contre Biden et les démocrates qu’elle juge responsables de cet événement.

Nous avons des gens qui disent à la moitié du pays que si Donald Trump remporte les élections, c’est la fin du pays, la Constitution disparaîtra, et ainsi de suite. Ce que je veux entendre de la part de tous les élus, c’est que ce genre d’extrémisme hyperbolique a des conséquences et qu’il doit cesser.

Une citation deScott Jennings, commentateur républicain sur CNN

Ces propos de Scott Jennings, commentateur républicain sur CNN, ajoutent au discours politique de la droite qui veut renverser les rôles dans cette campagne. Pour eux, ce sont les démocrates qui représentent une menace contre la démocratie et non l’inverse. Sauf que, jusqu’à preuve du contraire, l’assaillant était un électeur républicain et non un de ces radicaux de gauche comme Trump aime appeler les démocrates.

La violence persistera–t-elle?

Depuis samedi, le représentant républicain de la Georgie, Mike Collins, a lancé sans ambages : Ils ont d’abord tenté de faire taire Trump en le retirant de Twitter, ensuite, ils l’ont bâillonné et enfin, ils lui ont tiré dessus.

Puis l’amalgame va plus loin quand il ajoute dans un autre tweet : Remarquez qu’après une tentative d’assassinat du président Trump, les mêmes personnes qui voulaient qu’il soit poursuivi pour avoir dit à ses partisans de marcher pacifiquement vers le Capitole le 6 janvier ne demandent pas que le président Biden soit poursuivi après avoir dit qu’il était temps de mettre le président Trump dans leur mire après leur débat.

Car avant l’attentat de samedi soir, alors que Biden faisait face à plusieurs critiques dans son propre camp, il avait déclaré à ses donateurs qu’il était le temps de prendre Donald Trump pour cible. Le président avait alors utilisé le terme bullseye.

Vivek Ramaswamy, candidat défait à l’investiture républicaine, est allé dans le même sens que Mike Collins : Ils l’ont d’abord poursuivi en justice. Puis ils ont essayé de le retirer du scrutin. La seule chose plus tragique que ce qui vient de se passer est que, pour être honnête, cela n’a pas été un choc total. L’inévitable condamnation rituelle de la violence politique par M. Biden sera insuffisante et hors de propos. Aucun verbiage ne changera le climat national toxique qui a conduit à cette tragédie.

Pour ceux de droite donc, la fusillade de samedi restera un symbole violent de ce qu’ils estiment être la persécution de Trump par ses adversaires de gauche.

Depuis la tentative d’assassinat, des partisans des deux candidats à la présidence qui ne visent qu’à semer la zizanie et à accumuler des clics ont multiplié leurs efforts d’amplification de cette rhétorique avec des discours incendiaires. Malheureusement, ces chambres d’écho font leur bout de chemin et entraînent une dangereuse radicalisation des opinions.

Joe Biden, avec sa voix qui porte de moins en moins dans tous les sens du terme, continue de parler de violence qui n’a pas sa place aux États-Unis.

Donald Trump, quant à lui, a une occasion dans les prochains jours de faire entendre la sienne, plus tonitruante. Choisira-t-il la voie de la réunification des Américains, dans un discours apaisant et moins partisan? La question est posée…

Source: Radio Canada

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