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Si l’élection du travailliste Keir Starmer au Royaume-Uni ne change pas la nature des relations avec le Canada, Justin Trudeau trouve tout de même un allié idéologique avec qui la glace est déjà brisée.
Les deux hommes ont pu discuter lors du Global Progress Action Summit qui s’est tenu à Montréal en septembre de l’année dernière. La poignée de main franche entre les deux hommes a été publiée par le compte officiel de Justin Trudeau sur X vendredi.
«Il reste beaucoup à faire pour bâtir un avenir plus progressiste et plus juste pour les citoyens des deux côtés de l’Atlantique. Mettons-nous au travail, mon ami», déclare le premier ministre canadien.
Signe de cette relation cordiale, cette même photo avec Justin Trudeau figurait dans la plateforme électorale du Parti travailliste, dans la section dédiée aux relations internationales.
LES PROGRESSISTES CONTRE LE TON MORALISATEUR
Prenant la parole au sommet progressiste de Montréal, M. Starmer, à l’époque chef de l’opposition officielle, se faisait l’écho de Justin Trudeau qui, la veille, avisait aux partis progressistes d’éviter le ton «moralisateur» et de plutôt rejoindre les électeurs «là où ils sont» s’ils espèrent gagner.
Cette philosophie a contribué à la victoire décisive de M. Starmer sur les conservateurs de Rishi Sunak, note le politologue de McGill Daniel Béland, car les travaillistes ont gagné pour deux raisons fondamentales: un effort de «recentrage» sur les questions d’immigration et d’économie, mais surtout, une lassitude majeure envers les conservateurs, qui ont enfilé cinq chefs depuis leur arrivée au pouvoir en 2010.
«Oui, c’est des bonnes nouvelles pour les libéraux [du Canada], car il y a une convergence idéologique. Mais sur le plan politique, ça veut aussi dire que l’usure du pouvoir a vraiment un impact important», indique le professeur Béland.
UNE VICTOIRE EN DEMI-TEINTE
Pour l’expert en politique européenne de l’Université Carleton Achim Hurrelmann, «l’élection britannique montre que les partis progressistes peuvent encore gagner des élections, et cela peut être encourageant d’une certaine façon pour M. Trudeau».
«Mais la vraie morale de cette élection», nuance-t-il, «c’est que ce sont les gouvernements sortants qui vont finir par payer, qu’ils soient à gauche ou à droite, car l’insatisfaction et la colère sont à des niveaux records.»
En somme, «les parallèles entre le gouvernement de Rishi Sunak et celui de Justin Trudeau, vieillis et impopulaires, ont plus de poids sur leur destin politique que leur alignement idéologique», explique M. Hurrelmann.
Justin Trudeau reverra Keir Starmer lors du sommet de l’OTAN à Washington, la semaine prochaine, après un premier appel de courtoisie «chaleureux et amical» entre les deux hommes vendredi.
L’arrivée de Keir Starmer promet aussi de relancer sur des bases plus «stables» les discussions entourant l’entente de libre-échange transatlantique entre les deux pays, se réjouit-on à Ottawa.
Source: tvanouvelles