En attendant la finale, la partielle de tous les dangers

24 juin 2024
En attendant la finale, la partielle de tous les dangers

Assahafa.com

« Bring it home ! » Il n’y a pas que les partisans des Oilers d’Edmonton qui scanderont ce slogan, lundi, eux qui espèrent voir la coupe Stanley revenir au Canada pour la première fois depuis 1993. Les troupes conservatrices aussi veulent voir leur poulain remporter la mise dans Toronto–St. Paul’s, et ainsi mettre fin à la domination libérale bien installée depuis… 1993.

Dans des circonstances normales, un texte sur une élection partielle dans un fief libéral de Toronto – un 24 juin, de surcroît – serait enfoui au fond du numéro. Mais cette année, sur fond d’impopularité record de Justin Trudeau, les temps sont incertains.

D’entrée de jeu, précisons que le Parti libéral fait savoir, en coulisses, que sa porte-couleurs Leslie Church sera en mesure d’arracher une victoire, avec une mince avance sur son adversaire du Parti conservateur Don Stewart.

Le spécialiste en sondages Philippe J. Fournier en arrive à la même projection.

Ça risque d’être quelque chose comme [une victoire] de trois ou quatre points de pourcentage d’avance.

 Philippe J. Fournier, spécialiste en sondages et créateur du site 338Canada

La dernière fois que la marge a été réellement serrée dans la circonscription du « 416 » (l’indicatif régional de Toronto), c’était en 2011, l’année où les conservateurs de Stephen Harper ont décroché un mandat majoritaire. Avec seulement 8,2 % d’avance, jamais Carolyn Bennett n’a eu aussi chaud.

Lors des huit autres scrutins où elle a triomphé, de 1997 à 2021, ses marges d’avance ont oscillé entre 23,8 % (2008) et 38 % (2004). Mais voilà, Carolyn Bennett n’avait pas l’intention de se représenter à la prochaine élection, et Justin Trudeau l’a nommée ambassadrice du Canada au Danemark.

D’où ce scrutin complémentaire en début de saison estivale. « Le taux de participation risque d’être très bas. C’est un cliché, sauf que c’est vrai dans ce cas-ci : si les libéraux n’arrivent pas à faire sortir leur vote, ils pourraient perdre », prévient Philippe J. Fournier.

Ancien stratège chez les libéraux fédéraux et québécois, Jeremy Ghio partage cette lecture.

Des électeurs libéraux mécontents, ça ne va pas nécessairement voter pour quelqu’un d’autre. Mais ça peut rester à la maison. Et dans une partielle, ça, c’est dangereux.

 Jeremy Ghio, ancien stratège libéral

Selon les données préliminaires d’Élections Canada, 10 787 électeurs admissibles sur 84 668 (12,7 %) ont déjà rempli leur bulletin de vote. Ils avaient le choix entre 84 candidats, dont des dizaines inscrits comme indépendants pour le « Longest Ballot Committee », groupe qui conteste l’actuel mode de scrutin.

Un référendum sur Justin Trudeau ?

Seuls deux candidats ont des chances de l’emporter : Leslie Church et Don Stewart. La première a été cheffe de cabinet de Mélanie Joly et de Chrystia Freeland. Le deuxième est issu du milieu de la finance et a œuvré au sein de la firme de relations publiques de Jenni Byrne, proche conseillère du chef conservateur Pierre Poilievre.

Leurs équipes ont décliné notre demande d’entrevue, vendredi dernier. Si le porte-bannière conservateur n’en a accordé à aucun média national, sa rivale libérale s’est en revanche entretenue avec plusieurs d’entre eux, y compris avec La Presse Canadienne.

À l’agence de presse, qui lui demandait si cette élection avait des allures de référendum sur le leadership de Justin Trudeau, elle a répondu ceci : « Je pense que certains sont tentés de le présenter ainsi. Mais ce sont des élections locales, et Trudeau n’est pas sur le bulletin de vote. Poilievre non plus. »

Le premier ministre a esquivé la même question, jeudi dernier, en marge d’une annonce en Nouvelle-Écosse. Il a plutôt présenté l’exercice comme un référendum sur la vision d’avenir pour le Canada, tout en tentant de définir plusieurs mois à l’avance la question de l’urne des prochaines élections générales.

« Il y a un vrai choix que les gens vont faire dans St. Paul’s qui va être le reflet du choix que les gens auront à faire l’année prochaine dans les élections – quel genre de pays dans lequel on veut vivre », a ajouté le premier ministre, en accusant le chef de l’opposition de « toujours se ranger du côté des plus fortunés ».

Si la fortune ne sourit pas aux libéraux lundi, Jeremy Ghio voit mal comment la démission de Justin Trudeau, sur laquelle certains spéculent, aiderait la cause. « Il faut s’enlever de la tête que magiquement, ça va mieux aller si on change de chef. Il ne reste même pas un an avant la prochaine élection », plaide-t-il.

Et cela, même si, « dans un monde rationnel où les gens prennent des décisions basées sur des données, un premier ministre qui est là depuis presque une décennie et qui perd un premier siège dans un château fort alors que les sondages sont de la bouette depuis un an devrait partir », renchérit Philippe J. Fournier.

Qui ramènera quoi à la maison ?

À suivre sur une chaîne sportive, ou sur la chaîne parlementaire.

Source: la presse

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