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Le gouvernement Trudeau a sermonné la compagnie aérienne WestJet sur l’importance d’offrir des services en français, mais refuse pour l’instant de forcer l‘entreprise de Calgary à adopter le bilinguisme sur certains vols.
«On s’attend à plus de nos compagnies aériennes comme WestJet afin qu’elles donnent du service en français à leurs passagers, a commenté un porte-parole du ministre des Langues officielles Randy Boissonnault, Mathis Denis. Nous avons soulevé la question auprès de WestJet, qui comprend bien l’importance de la situation.»
Plus tôt cette semaine, le chroniqueur du Journal Richard Martineau signait un texte dans lequel il témoignait de son expérience sur un vol WestJet de Montréal à Calgary.
Selon le chroniqueur, aucun employé de la compagnie n’a été en mesure de lui offrir un service dans sa langue. Une agente de bord se serait même défendue en affirmant que l’anglais était la seule langue officielle au pays.
«À WestJet, nous ne sommes pas obligés de parler une deuxième langue», aurait-elle affirmé.
Sans aller jusqu’à s’excuser pour cet accrochage linguistique en vol, WestJet dit comprendre «l’importance de fournir des services bilingues» à ses clients francophones «à bord de tous ses vols, particulièrement ceux au départ et à destination du Québec».
«Il arrive parfois que nous rencontrions des défis opérationnels, lesquels comprennent la disponibilité des membres d’équipage de cabine bilingues. Bien que nous reconnaissions que ceci peut être décevant, nous nous sommes toujours conformés aux exigences en matière de langues», a commenté par courriel une porte-parole, Morgan Bell.
INCOHÉRENCE
Les compagnies aériennes sont en effet soumises à très peu d’obligations linguistiques, soit de passer des messages de sécurité préenregistrés bilingues en vol.
Air Canada est la seule entreprise canadienne dans ce secteur d’activité à être obligée selon la loi fédérale d’offrir des services en français à sa clientèle.
Le sénateur acadien René Cormier milite depuis plusieurs années en faveur d’étendre l’obligation d’offrir un service bilingue sur tous les vols intérieurs au pays, peu importe le transporteur.
«Je demeure convaincu que l’ensemble des transporteurs aériens offrant des vols intérieurs au pays devraient fournir leurs services dans les deux langues officielles au public voyageur», a-t-il commenté au Journal.
En 2022, le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge avait invité Ottawa à assurer une certaine «cohérence» entre les obligations linguistiques des compagnies comme Air Canada et WestJet, maintenant le deuxième transporteur en importance au pays avec 14 000 employés.
Le gouvernement Trudeau planche actuellement sur une loi qui imposerait de nouvelles exigences linguistiques aux entreprises privées de compétence fédérale au Québec et dans des régions francophones du pays.
Ottawa refuse pour l’instant de dire si cette nouvelle loi élargira les obligations linguistiques d’entreprises comme WestJet envers sa clientèle, précisant seulement que des consultations sont en cours.
Le sénateur Cormier avait proposé en 2018 d’élargir aux autres compagnies aériennes les mêmes obligations linguistiques applicables à Air Canada pour les vols intérieurs.
Sa suggestion avait été reçue froidement par l’industrie, dont WestJet, et par le gouvernement Trudeau, à l’époque majoritaire à la Chambre des communes.
Source: tvanouvelles