Le Canada au 5e rang parmi les pays recevant le plus de demandes d’asile dans le monde

13 juin 2024
Le Canada au 5e rang parmi les pays recevant le plus de demandes d’asile dans le monde

Assahafa.com

C’est la première fois que le Canada figure dans le classement du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui vient de publier un rapport accablant sur la situation des déplacements forcés dans le monde.

Le Canada est au cinquième rang des pays ayant reçu les plus grands nombres de demandes d’asile en 2023, derrière les États-Unis, l’Allemagne, l’Égypte et l’Espagne, révèle un rapport du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, publié jeudi.

Sur les 3,6 millions de demandes d’asile qui ont été présentées dans le monde en 2023, le Canada en a reçu 146 800, indique le rapport Tendances mondiales du HCR, qui reprend des données statistiques officielles sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et les apatrides dans le monde.

C’est la première fois que le Canada arrive dans les cinq premières positions de ce classement portant sur les demandes d’asile dans le monde.

Il faut noter que le classement du HCR prend en compte uniquement les pays qui ont un système de détermination du statut de réfugié. Ceci exclut donc des pays comme le Tchad, par exemple, qui a accueilli plus de 600 000 personnes fuyant le conflit au Soudan en un an.

Les pays qui n’ont pas de système de détermination du statut de réfugié accordent l’asile sur une base prima facie, qui est adaptée aux situations d’urgence humanitaire et aux arrivées massives de personnes fuyant leur pays d’origine en raison de conflits. Ces réfugiés sont typiquement hébergés par la suite dans des camps pour réfugiés, qu’ils soient improvisés ou gérés par une organisation internationale, dont le HCR.

Les États-Unis arrivent en tête du classement du HCR depuis plusieurs années, mais le voisin américain a enregistré un pic en 2023 avec 1,2 million de nouvelles demandes d’asile. Il s’agit d’une hausse de 40 % par rapport à 2022 et d’une augmentation de près de 80 % depuis 2018.

L’Allemagne, quant à elle, figure en deuxième position pour la quatrième année consécutive et a également enregistré une hausse en 2023 avec près de 330 000 nouvelles demandes d’asile, soit une augmentation de 34 % par rapport à 2022.

Plus de la moitié de toutes les nouvelles demandes d’asile individuelles dans le monde ont été reçues dans seulement cinq pays : les États-Unis, l’Allemagne, l’Égypte, l’Espagne et le Canada.

Une citation deExtrait du rapport du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés

La plupart des nouvelles demandes d’asile faites dans le monde proviennent de ressortissants du Venezuela (314 200), de Colombie (209 900), de Syrie (201 000), du Soudan (194 900) et d’Afghanistan (169 600).

Au Canada, selon les données les plus récentes du ministère de l’Immigration, le plus grand nombre de nouvelles demandes d’asile présentées en 2023 proviennent de ressortissants de l’Iran (4997), de la Turquie (4943), de la Colombie (3001), du Mexique (2894) et de l’Inde (2500).

Une tendance à la hausse

Si le Canada a enregistré un pic de demandes d’asile en 2023, la tendance semble se maintenir à la hausse en 2024.

Selon les données officielles, le Canada a traité plus de 62 000 demandes d’asile au cours des quatre premiers mois de 2024, comparativement à environ 37 500 demandes durant la même période en 2023.

Le Canada est par ailleurs un pays de « réinstallation » de choix pour les réfugiés les plus à risque, selon le HCR. La « réinstallation » est le transfert de réfugiés d’un pays d’asile vers un autre pays prêt à leur accorder une résidence permanente et, éventuellement, à leur offrir la chance d’obtenir une nouvelle citoyenneté.

Selon l’ONU, le Canada a réinstallé plus de 50 000 réfugiés en 2023, provenant pour la plupart de l’Afghanistan (16 600), de l’Érythrée (9200), de la Syrie (8400) et de la Somalie (4300).

Au total, plus de 154 000 réfugiés ont été réinstallés dans le monde en 2023, notamment aux États-Unis et en Allemagne, en plus du Canada. Ce nombre ne représente toutefois que 8 % du total des personnes réfugiées ayant besoin d’être transférées vers un pays de réinstallation.

Dans un courriel, le ministère fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté affirme que le Canada n’est pas à l’abri d’une tendance mondiale marquée par une augmentation des demandes d’asile dans le monde en raison du nombre croissant de conflits et d’autres crises.

En vertu de la loi, toute personne demandant l’asile au Canada a droit à un traitement équitable; toutefois, rien ne garantit qu’un demandeur d’asile sera autorisé à rester au Canada.

Une citation deExtrait d’un message du ministère fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté

Chaque demande d’asile fait l’objet d’une décision individuelle fondée sur les preuves et les arguments présentés, conformément aux lois canadiennes en matière d’immigration, précise encore le ministère de l’Immigration.

La taille de la population du Japon

Selon le rapport du HCR, le nombre de déplacés dans le monde est estimé à 120 millions de personnes en mai 2024. Il s’agit d’un sommet pour la 12e année consécutive.

C’est environ la taille de la population du Japon, précise le document de près de 50 pages.

Près de la moitié de ces migrants sont des déplacés internes, des personnes qui ont été contraintes de fuir à l’intérieur de leur propre pays en raison de violences.

Les pays qui détiennent le plus haut taux de demandeurs d’asile dans le monde par rapport à leur population sont l’île d’Aruba, où une personne sur cinq est une personne réfugiée, et le Liban (une personne sur six).

L’un des conflits les plus dévastateurs qui a fait grimper le nombre de déplacés dans le monde est le Soudan, où près de 11 millions de personnes ont été forcées de fuir les violences.

La Syrie demeure le pays ayant connu le plus grand mouvement de migration forcée au monde, comptant 13,8 millions de personnes déplacées à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Le Canada pas assez outillé

Comparativement au reste du monde, le nombre de demandes d’asile reçues au Canada n’est pas énorme, signale le directeur général du Centre de réfugiés de Montréal, Abdulla Daoud.

Il estime toutefois que le Canada n’est pas assez outillé pour accueillir les demandeurs d’asile dont le nombre est en hausse continue.

Nous devons moderniser notre système qui est désuet, car nous n’avons pas dû faire face à ce type d’enjeux avant 2017. M. Daoud fait référence à la date à laquelle les États-Unis ont connu un resserrement des politiques migratoires sous l’administration de Donald Trump, entraînant un afflux de demandeurs d’asile vers le Canada.

Il souligne qu’Ottawa tente de resserrer ses propres politiques concernant les demandeurs d’asile avec la fermeture, en mars 2023, du point de passage irrégulier sur le chemin Roxham, situé à la frontière avec les États-Unis, ou encore avec l’adoption de l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) avec Washington sur le traitement des demandeurs d’asile.

Conclue entre Ottawa et Washington en 2002, l’Entente sur les tiers pays sûrs prévoit qu’à moins d’exception, tous les demandeurs d’asile qui se présentent aux frontières terrestres des deux pays doivent obligatoirement demander protection dans celui des deux pays où ils sont entrés en premier après avoir quitté leur pays d’origine.

Dans le cas contraire, ils sont renvoyés aux États-Unis ou au Canada, selon leur pays d’arrivée, afin de poursuivre leur demande d’asile, en application du principe du premier pays sûr, précise le ministère canadien de l’Immigration dans un courriel.

Pas un choix

Cependant, selon les données officielles, la plupart des demandeurs d’asile arrivent au Canada par voie aérienne, et non terrestre. En 2023, les aéroports internationaux du Québec et de l’Ontario ont été les principaux points d’entrée au pays des demandeurs d’asile : 41 350 d’entre eux ont opté pour cette porte d’entrée.

Les personnes qui cherchent l’asile sont forcées de quitter leur pays, ce n’est pas un choix. […] Il faut que nous soyons préparés à accueillir de plus en plus de demandeurs d’asile et nous devons être proactifs en nous attaquant aux causes profondes de ces déplacements forcés, dont les conflits armés.

C’est d’ailleurs le message du haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, qui invite la communauté internationale à une meilleure coopération pour faire face aux conflits, aux violations des droits humains et à la crise climatique afin d’éviter de nouvelles tragédies humaines et des crises humanitaires coûteuses.

Pour conclure sur une note plus positive, le rapport du HCR indique enfin que plus de cinq millions de déplacés internes et un million de réfugiés ont pu rentrer chez eux en 2023.

Ces chiffres représentent une lueur d’espoir importante, dit M. Grandi dans un communiqué. Des solutions existent, insiste-t-il, mais cela nécessite un réel engagement de la part de la communauté internationale.

Source: Radio Canada

Derniers articles
Les cookies nous permettent de personnaliser le contenu et les annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Nous partageons également des informations sur l'utilisation de notre site avec nos partenaires de médias sociaux, de publicité et d'analyse.
j'accepte!