Donald Trump déclaré coupable : le Canada n’a « rien à ajouter »

1 juin 2024
Donald Trump déclaré coupable : le Canada n’a « rien à ajouter »

Assahafa.com

Deux heures après le verdict de culpabilité de Donald Trump, jeudi, l’attaché de presse de Justin Trudeau a répondu à notre demande de réaction avec un message texte on ne peut plus laconique : « Rien à ajouter. »

Malgré une condamnation historique, cette réponse n’avait rien de surprenant. Celle du bureau de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, restait en zone sûre. Notre gouvernement a travaillé avec succès avec les administrations républicaine et démocrate, et cela continuera, nous a-t-il écrit.

À Ottawa, l’éventualité d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche est prise au sérieux. Le gouvernement Trudeau a relancé sa stratégie d’engagement de terrain aux États-Unis dans les États républicains et démocrates, la même utilisée pendant la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain.

Lors d’une récente visite à Washington, le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a rencontré d’influents responsables de l’ancienne administration Trump. Il avait pour objectif de garder les canaux de communication ouverts si le 45e président devait retourner à la Maison-Blanche.

Les enjeux sont considérables. En 2026, l’Accord Canada–États-Unis–Mexique fera l’objet d’une révision qui pourrait être mouvementée sous une éventuelle administration Trump. Tout le monde a encore en tête les tarifs imposés en 2018 sur l’acier (25 %) et sur l’aluminium (10 %) en provenance du Canada. L’administration Trump soutenait ainsi vouloir freiner le dumping d’acier chinois sur les marchés nord-américains.

Les acteurs de l’industrie canadienne de l’acier suivent cette menace de près. En comité parlementaire cette semaine, ils ont rappelé à quel point le marché américain est essentiel et crucial pour le Canada. C’est plus de 50 % de notre production qui est écoulée aux États-Unis : on parle d’une moyenne de huit milliards de dollars américains de commerce qui s’en vont vers les États-Unis chaque année, a rappelé François Desmarais, de l’Association canadienne des producteurs d’acier.

Le gouvernement Trudeau veut aussi protéger le développement de la filière des véhicules électriques. L’imposition de nouveaux tarifs douaniers de 10 % sur toutes les marchandises qui entrent aux États-Unis, comme le promet Donald Trump, pourrait bouleverser cette industrie hautement intégrée entre les deux pays.

S’engager et ne pas provoquer

La protection des intérêts canadiens explique la prudence du gouvernement Trudeau. L’entourage du premier ministre fait très attention à son choix de mots pour éviter les déclarations qui pourraient revenir hanter le gouvernement.

Selon nos informations, on conseille à Justin Trudeau d’éviter de nommer explicitement Donald Trump pour attaquer Pierre Poilievre. Dans ses discours et lors de ses apparitions publiques, le premier ministre s’en tient à des rapprochements entre le chef conservateur et les politiciens d’extrême droite ou à des références au slogan préféré du candidat républicain : « Make America Great Again » (Rendons leur grandeur aux États-Unis d’Amérique).

Distinct du gouvernement, le Parti libéral du Canada (PLC), lui, se permet des comparaisons directes entre Pierre Poilievre et Donald Trump en raison de sa fonction par définition partisane.

Récemment, l’expulsion du chef conservateur des Communes en raison de son utilisation du terme wacko (cinglé) lui a valu une vidéo d’attaque du PLC qui rappelait que Donald Trump utilise fréquemment ce mot.

Certains stratèges libéraux sont d’avis que la comparaison Trump-Poilievre est payante auprès des électeurs plus âgés. Ils estiment qu’un retour de Donald Trump au bureau ovale pourrait même les favoriser lors des prochaines élections fédérales compte tenu de leur expérience pour traiter avec ce président.

Le bureau du chef conservateur Pierre Poilievre n’a pas répondu lui non plus à notre demande de réaction au verdict de culpabilité de M. Trump. Les libéraux pourraient ne pas être les seuls à faire des calculs politiques.

Le chef du Nouveau Parti démocratique est le seul à avoir réagi au verdict de Donald Trump. C’est quelqu’un qui est dangereux pour notre pays, pour le Canada, pour les États-Unis, pour le monde, a déclaré Jagmeet Singh vendredi.

Le genre de propos que le leader du quatrième parti aux Communes peut clamer tout haut mais qu’un premier ministre pourrait au mieux penser tout bas.

Source: Radio Canada

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