Des délais toujours trop longs à Francisation Québec

29 mai 2024
Des délais toujours trop longs à Francisation Québec

Assahafa.com

Avec une « hausse phénoménale » du nombre de demandes de personnes qui souhaitent apprendre le français et qui cognent à la porte du guichet unique d’accès aux cours, Francisation Québec, le ministère de l’Immigration ne parvient toujours pas à atteindre sa propre cible de traiter 80 % des demandes à temps complet dans un délai de 50 jours, dans le contexte où des « goulots d’étranglement » apparaissent dans le processus de formation des groupes.

Par ailleurs, le commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, note dans son rapport annuel 2023-2024, déposé mercredi au Salon bleu, que la forte croissance des demandes de francisation s’explique par l’augmentation marquée du nombre d’immigrants temporaires et que cet engouement a un « effet néanmoins limité » sur la situation du français dans la province.

« Les services offerts par Francisation Québec doivent permettre l’acquisition de compétences suffisantes pour utiliser le français comme langue commune. […] En tenant compte du type de cours suivi (à temps complet ou à temps partiel) et de la durée moyenne de participation aux cours, nous estimons que le nombre total d’heures de formation offertes en 2023-2024 correspond à environ 2 % de celui qui aurait été nécessaire pour que l’ensemble des personnes domiciliées au Québec qui ne connaissaient pas le français puissent terminer les niveaux débutants et intermédiaires », écrit-il.

Selon M. Dubreuil, cette situation s’explique par le fait que « la majorité des participants aux cours […] sont inscrits à temps partiel et n’y restent que quelques mois », puisqu’ils occupent en même temps un emploi afin de subvenir à leurs besoins. « Par conséquent, le nombre d’heures qu’ils consacrent à leur formation est largement inférieur à celui qui serait nécessaire pour atteindre l’autonomie langagière », affirme le commissaire Dubreuil.

De « longs délais d’attente »

Lors de la création de Francisation Québec, en opération depuis maintenant un an, Québec s’était engagé à traiter « 80 % des nouvelles demandes à temps complet des personnes immigrantes dans un délai de 50 jours suivant la réception d’une première demande d’inscription complète ». Or, « pour la période du 1er avril 2023 au 31 mars 2024, la proportion de nouveaux élèves ayant commencé leur premier cours de français dans les 50 jours suivant la réception de la demande est de 67,7 %. » Pour l’année 2022-2023, « la norme de service de 50 jours avait été respectée dans 85,5 % des dossiers ».

Le ministère de l’Immigration justifie qu’une certaine attente est à ses yeux « inévitable » dans le contexte où il doit « constituer un bassin de candidats pour préparer les sessions […] et remplacer les personnes qui omettent de se présenter aux cours ».

Mais au-delà du nombre de personnes en attente, « ce sont cependant les délais d’attente qui sont décriés par les prestataires de services, [qui affirment] que certains élèves ont dû » attendre cinq ou six mois.

L’effet de l’immigration temporaire

Dans son rapport, Benoît Dubreuil écrit également que l’augmentation du nombre de personnes qui souhaitent suivre un cours de francisation a débuté bien avant la création de Francisation Québec et qu’elle s’explique par « l’introduction d’une allocation de participation pour les cours à temps partiel (2019), l’élargissement de l’admissibilité aux résidents non permanents et à tous les immigrants permanents indépendamment du nombre d’années de résidence au Québec (2019), l’élargissement de l’admissibilité aux Canadiens de naissance (2023), la bonification des allocations et des frais de transport et de garde (2019 et 2023) et l’ajout d’une exigence de connaissance du français pour l’immigration économique ».

« Plus particulièrement, notre analyse suggère que l’élargissement de l’admissibilité aux résidents non permanents a joué un rôle central dans l’augmentation du nombre de participants depuis 2019 », affirme le commissaire, rappelant qu’au « recensement de 2016, la population non permanente au Québec se chiffrait à 86 065, mais [qu’elle] avait atteint 560 174 au 1er janvier 2024 ».

« De leur côté, les résidents permanents et les citoyens canadiens naturalisés ont représenté, en 2023-2024, respectivement 24,8 % et 3,6 % des participants aux cours de Francisation Québec. Ce nombre est inférieur à ce qu’il était avant 2019, alors que seuls les résidents permanents avaient accès à la formation », écrit M. Dubreuil.

« Le Rapport annuel de gestion 2022-2023 du [ministère] indique d’ailleurs une baisse de participation aux cours de français chez les résidents permanents 25. En effet, en 2022-2023, 43,6 % des personnes immigrantes qui avaient déclaré ne pas connaître le français à l’admission avaient participé aux cours offerts […] dans les trois années suivant leur admission, comparativement à 50,4 % pour les années 2019-2020 et 2020-2021. Ce taux était aussi inférieur à la cible du ministère (65 %) pour 2022-2023 », ajoute-t-il.

Source: la presse

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