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Le Québec devrait imiter la majorité des provinces canadiennes et publier des données chaque année sur les salaires de ses fonctionnaires, d’après des experts en administration publique.
«Le Québec est vraiment dû pour une politique similaire [à celles des autres provinces]. Je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas public», affirme Geneviève Tellier, professeure en administration publique et politologue à l’Université d’Ottawa.
Mme Tellier est elle-même dans la «Sunshine List» de l’Ontario, où tous les salaires de plus de 100 000$ payés par l’État sont publiés depuis 1996. Cela inclut les médecins, les professeurs et même les employés municipaux syndiqués comme des chauffeurs d’autobus.
«Chaque année, quand la liste sort, vous pouvez être sûr que c’est la première chose que les médias regardent. Cela peut même venir influencer des élections», explique Geneviève Tellier.
BON OUTIL DE COMPARAISON
François Dauphin, directeur de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques, croit de son côté qu’une transparence similaire au Québec permettrait «d’assurer la légitimité des gens qui sont en poste» et d’effectuer des comparatifs avec d’autres provinces.
«Cela peut être très utile pour une personne qui cherche un emploi ou qui est en négociation de conditions salariales d’avoir un portrait de la situation», ajoute Audrey Laurin-Lamothe, professeure agrégée à l’Université York.
L’Alberta et le Manitoba présentent un niveau similaire de transparence, avec une liste centralisée qui détaille les salaires de plus de 125 000$ et 85 000$, respectivement. Toutes les données sont facilement téléchargeables sur les sites web des gouvernements.
À Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse, pour chaque organisme public, des listes sont disponibles et montrent les salaires de plus de 100 000$. En Saskatchewan, tous les salaires de plus de 50 000$ sont montrés.
La Colombie-Britannique est moins transparente, car elle ne présente que le salaire du PDG et des 4 autres dirigeants les mieux payés de ses organisations publiques, s’ils gagnent plus de 125 000$ par année. Au moins, toutes les informations sont disponibles au même endroit.
«RENSEIGNEMENT PERSONNEL»
Au Québec, pour arriver à un résultat similaire, il nous a fallu compiler des dizaines de rapports annuels de sociétés d’État et d’établissements de santé, en plus de présenter au moins 300 demandes d’accès à l’information.
Et encore, les salaires du personnel syndiqué, même s’ils dépassent 100 000$, restent inaccessibles.
Le Secrétariat au Conseil du trésor a affirmé que «le salaire d’un employé de la fonction publique est un renseignement personnel».
Selon le directeur de la région du Québec pour la Fédération canadienne des contribuables, Nicolas Gagnon, il est inacceptable que ces données ne soient pas publiées «dans les circonstances où cela se fait dans d’autres provinces canadiennes».
«Que ça soit une société d’État ou un organisme parapublic, cette information devrait être transparente et accessible en tout temps.»
«On ne parle pas nécessairement d’avoir l’adresse du fonctionnaire, mais plutôt de voir la rémunération pour que les gens puissent savoir comment leur argent est utilisé dans les différents organismes», dit-il.
Source: tvanouvelles