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François Legault s’en prend au « lobby des villes » et rejette toutes critiques à l’égard de sa ministre Geneviève Guilbault, qui a affirmé mercredi que la gestion du transport collectif et des sociétés de transport « n’est pas une mission » de l’État.
« Ce qu’a dit la vice-première ministre, c’est que ce n’est pas le rôle du ministère des Transports ou du gouvernement du Québec [de] gérer dans le quotidien, les opérations de la [Société de transport de Montréal] et de la [Société de transport de Laval] », a déclaré le premier ministre jeudi.
François Legault a été talonné par Québec solidaire et le Parti québécois à propos des déclarations controversées de la ministre des Transports et de la Mobilité durable. Lors de l’étude des crédits de son ministère mercredi, Geneviève Guilbault a affirmé que l’État québécois n’a pas à gérer le transport collectif ni à se faire refiler le déficit d’exploitation des sociétés de transport collectif.
Ses propos ont été critiqués de toutes parts par l’opposition à Québec de même que par des groupes comme Équiterre et Vivre en ville.
« On contribue au financement », s’est défendu M. Legault. « Quand on est arrivés, les libéraux finançaient 39 % des dépenses d’opération du transport collectif. On est rendu à 48 %. Donc, jamais on n’en a fait autant que depuis que la CAQ est là, mais […] il faut aussi que les villes fassent leur part », a ajouté le premier ministre au Salon bleu.
En passant à l’attaque, François Legault a accusé Québec solidaire d’être « le lobby des villes » qui demandent au gouvernement d’éponger à nouveau une partie du déficit des sociétés de transport collectif.
On apprenait cette semaine que les maires du Grand Montréal ont menacé Québec d’imposer jusqu’à 228 $ en taxe par auto sur tout le territoire métropolitain dès l’an prochain pour renflouer les transports en commun. Le maire de Laval, Stéphane Boyer, a écrit dans une lettre ouverte que « le bateau est en train de couler », en ajoutant que « personne ne semble en mesure de répondre à l’appel ».
Le manque à gagner pour les sociétés de transport du Grand Montréal est évalué à plus d’un demi-milliard de dollars pour 2025. Québec a injecté plus de 2 milliards pour aider les transporteurs depuis la pandémie. La ministre Geneviève Guilbault doit rencontrer les municipalités prochainement.
Guilbault nuance
En mêlée de presse, la ministre a nuancé quelque peu ses déclarations. « Peut-être que mes propos ont été mal exprimés ou ont porté à confusion. Mais, je veux être très, très claire : je maintiens que le gouvernement n’a pas à s’ingérer dans la gestion des sociétés de transport », a-t-elle expliqué. Elle admet néanmoins que « soutenir le transport collectif, c’est une mission de l’État ».
En Chambre, elle a rappelé que la gestion des opérations relève « des gestionnaires des sociétés de transport, qui ont des conseils d’administration qui, ultimement, sont chapeautés par les municipalités ».
« Malgré tout, on paie une grande part de leur déficit. Est-ce qu’il trouve ça normal que les déficits des sociétés de transport soient systématiquement refilés au gouvernement ? Et que nous, on devrait comme ça les payer systématiquement sans demander de comptes à rendre ? Ça n’a pas de sens », a ajouté la ministre en réponse aux questions de député Étienne Grandmont.
« Micro-gestion » et tramway
Les explications du gouvernement n’ont pas suffi à convaincre Québec solidaire. « Le premier ministre dit qu’on a mal compris puis que, la ministre, elle voulait juste dire : ce n’est pas mon travail de microgérer », a pesté le chef parlementaire.
« C’est drôle, parce que […] la ministre a fait exactement ça, dans le dossier du tramway, microgérer le projet, elle voulait même microgérer le coin René-Lévesque-Cartier, il ne fallait pas qu’il y ait de rues partagées. Ça n’en était pas, ça, de la microgestion ? », a poursuivi le solidaire.
Le Parti québécois a sauté dans la mêlée en s’attaquant au bilan caquiste en matière de développement de projets de transport collectif.
« Selon [la ministre], l’État québécois n’a pas comme mission de gérer le transport collectif. Donc, ceci explique cela, là. Après six ans, la CAQ n’a pas à gérer le transport collectif dans son esprit, tellement qu’elle n’a pas commencé à remplir une seule de ses promesses. Dans les faits, ce gouvernement a saboté davantage de projets qu’il n’en a réalisés », a décoché Paul St-Pierre Plamondon.
Pour les libéraux, la déclaration de Mme Guilbault était « maladroite ». Selon Monsef Derraji la ministre a fait la « démonstration claire » que la mobilité durable « ne l’intéressait pas ».
Source: la presse